Dans la salle plénière de l’Unesco à Paris, avec les délégués de 195 pays, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) fête ses trente ans cette semaine, à l’occasion de sa 47ème session plénière qui se déroule jusqu’au 16 mars. Depuis sa création en 1988 sous l’égide des Nations unies, ses cinq rapports d’évaluation, publiés entre 1990 et 2014, constituent la référence en matière de science du climat. Très attendue, la publication du 6éme rapport dévaluation est prévue en 2021-2022.
Le ministre français de la Transition écologique Nicolas Hulot a fait à cette occasion l’éloge du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, instrument de la paix mondiale et lumière face à l’obscurantisme climato-sceptique en soulignant son rôle de lanceurs d’alertes.
Au fil des années, les rapports d’évaluation du Giec se sont étoffés et enrichis, selon un processus complexe et unique d’expertise collective qui a fait ses preuves. Le premier rapport, paru en 1990, a permis de détecter un effet de serre additionnel évident. Le second, en 1996, a discerné l’influence humaine sur le climat. Le troisième, en 2001, a prouvé que la plus grande part du réchauffement provenait des activités humaines des 50 dernières années. Les prévisions de hausse des températures par rapport à l’époque pré-industrielle ne sont plus remises en question dans la communauté scientifique.
Pour le spécialiste de la simulation numérique du climat Hervé Le Treut, ”on est au début d’un processus, le siècle est encore long, comment le système va évoluer dans 30 ans, 40 ans, ce n’est pas facile à appréhender. Le Giec sert à organiser la vigilance face à ce qui peut devenir dangereux, à donner un sens à ce qui se passe”.Avec peu de moyens( seulement 6 millions d’euros), le Giec fait face à une attente croissante de la part du monde politique et de l’opinion publique. ”Le climat n’est pas une option, il conditionne tout ce qui a de l’importance pour nous. Or, nous ne sommes pas dans la trajectoire”, a souligné hier Nicolas Hulot, et cependant les projections sont de plus en plus fines, le nombre d’institutions scientifiques dans le monde capables de fournir des modèles est passé de quatre à 21, et l’on est face à des évolutions incertaines et des rétroactions du climat qui échappent en partie à la prévision.
N’oublions pas que l’équipe permanente est composée d’une douzaine de personnes tout au plus. Et que le secrétariat des trois groupes de travail change à chaque nouveau rapport. Il y a un problème de moyens humains. Mais aussi financier. Le budget est bouclé par la contribution volontaire des états. Les Etats-Unis apportant 40% du total, ce qui pose probléme en cette période: une demande est faite d’imposer aux Etats, comme c’est le cas pour d’autres institutions onusiennes, une contribution minimale obligatoire dont le montant serait proportionnel à leur PIB. La France a décidé elle d’accroître son soutien au GIEC d’un million d’euros par an, assurant ainsi 15% des contributions au Groupe des experts du climat de l’ONU, a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. “L’importance de vos travaux n’est plus à démontrer”, a dit le ministre aux représentants du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), réunis à Paris à l’Unesco lors de cette 47e session.
Pour gagner en efficacité,plaide pour la création d’un secrétariat général, d’équipes de permanents pour animer non plus trois, mais deux groupes de travail, l’un sur les sciences, l’autre sur les solutions. Le tout réuni dans un bâtiment, de préférence situé à Genève. Cette restructuration permettrait de satisfaire aux besoins de la société.
Le nouveau mandat du GIEC qui lui a été donné lors de la COP 21 , a conduit à une importante réorganisation du 6e Cycle d’évaluation du Giec (2016-2023). En plus du Rapport sur un réchauffement planétaire de 1.5°C cité susmentionné et du document central – le Rapport d’évaluation (RE6) –, le 6e cycle comprendra deux autres rapports spéciaux (respectivement sur l’océan et la cryosphère, et sur l’usage des terres) ainsi qu’un rapport méthodologique sur les inventaires nationaux de gaz à effet de serre. Le sud Coréen Hoesung Lee a été renommé président du Giec .