Si une trentaine de substances ont d’ores et déjà été inscrites sur la liste des substances candidates élaborée dans le cadre du règlement REACH, nulle trace des parabens qui pourtant y ferait bonne figure. Le Danemark l’a compris en les interdisant dans les produits à destination des enfants.
Fin décembre, le Danemark a annoncé son intention d’introduire une législation nationale proposant d’interdire l’utilisation des butyl- et propyl-paraben dans les cosmétiques et produits de soins personnels destinés à être utilisés par des enfants âgés de moins de trois ans. Cette décision a été prise après qu’un long délai de 5 ans ait été accordé par les autorités danoises à l’industrie des cosmétiques pour prouver que ces substances ne sont pas susceptibles de perturber le système endocrinien. Face à l’absence de certitude, la Ministre danoise de l’Environnement a donc décidé de prendre les choses en main en limitant l’exposition des enfants, plus sensibles aux effets de ces perturbateurs endocriniens [*].
Une gamme assez large de produits sera concernée par cette interdiction : les shampoings, savons, crèmes solaires, huiles et poudres ainsi que les jouets cosmétiques (peintures et maquillages pour enfants), etc. La proposition de loi sera soumise à consultation du public ainsi qu’aux commentaires de la Commission Européenne et des autres États-membres de l’Union Européenne, et son entrée en vigueur est attendue pour le mois de mars.
Cette interdiction, qui se base sur l’article 12 de la Directive européenne sur les cosmétiques, ne peut être que temporaire – mais le Danemark espère convaincre la Commission et les autres Etats-Membres d’introduire une interdiction permanente d’utilisation. Cette dernière serait largement justifiée au vu des conclusions de la session plénière du Comité scientifique des produits de consommation du 14 décembre 2010. Le comité y manifeste ses vives inquiétudes quant aux potentielles modifications du fonctionnement du système endocrinien générées par l’exposition au propyl, butyl paraben et autres composés apparentés lors de leur utilisation dans les produits cosmétiques.
Le Danemark fait preuve dans ce dossier d’une véritable volonté d’évaluation et de réduction des risques d’exposition des enfants aux substances chimiques dangereuses : la réalisation d’une étude ayant pour objectif d’évaluer l’exposition totale d’un enfant de deux ans à différentes substances chimiques sur une journée et de quantifier les risques qui en découlent pour leur santé et l’interdiction de présence des parabens devraient être suivies par une évaluation de l’exposition des femmes enceintes aux substances dangereuses pour leur santé et celle des futurs nouveaux-nés. En attendant que la Belgique prenne ce genre de décision, n’oubliez pas que vous disposez d’un droit de savoir si des substances dangereuses sont présentes dans les produits de consommation (n’hésitez pas à relire ces articles).
notes :
[*] puberté précoce, diminution de la qualité du sperme