Antoine Dechezleprêtre, Adrien Fabre et Stéfanie Stantcheva, économistes du Conseil d’analyse économique (CAE) ont remis cet été une note intitulée « Les Français et les politiques climatiques » à la Première ministre. Ce travail a pour objectif de sonder comportements et attentes des citoyens envers les mesures politiques de transitions écologiques afin de mieux y répondre. Nous vous proposons une synthèse de l’enquête.
Ils ont observé la perception des enquêtés concernant les politiques publiques du Green Deal de la Commission européenne et de la Stratégie nationale bas carbone du Gouvernement français, notamment sur les points suivants : investissements d’ampleur (énergies renouvelables, transports en commun, rénovation thermique, agriculture), une taxe carbone appliquée à tous les secteurs (10 centimes de plus par litre pour les carburants) compensée par une redistribution de 160 € par an et par adulte et l’interdiction de la ventes de véhicules thermiques neufs à l’horizon 2030 remplacés par des électriques et à hydrogène.
Les Français reconnaissent l’effet incitatif des mesures mais ils sont aussi majoritaires pour relever leur coût. Ils se partagent équitablement pour voir positivement ou négativement les effets sur l’emploi et l’économie.nous pouvons retenir que nous demeurons frileux à modifier nos modes de vie et nos comportements. Sur la mobilité par exemple, si seulement 46% des enquêtés disent pouvoir disposer de transports en commun, 9/10 utilisent au quotidien une voiture ou une moto tout en admettant des effets sur la pollution et les effets sanitaires qu’ils pensent minimes.
Les Français dans une large majorité comprennent la nécessité d’appliquer rapidement des mesures en faveur de l’atténuation du dérèglement climatique, mais ils expriment la demande que leurs attentes et leurs préoccupations soient prises en compte. L’acceptation passe par la compréhension, la coopération et la négociation, disent les auteurs de cette note. A ce titre, la Convention citoyenne pour le climat fut un moment d’intelligence collective. Malheureusement, le Gouvernement n’a cependant retenu que seulement 10% de ses propositions.
Ce rapport montre que des Français correctement informés soutiennent la proposition d’interdire les véhicules les plus polluants des centres-villes (37% plutôt favorable et 19 % très favorable), le déploiement d’une taxe carbone finançant des projets d’infrastructures vertes (41 % et 24 %). Pour les politiques relatives à l’alimentation, les répondants sont favorables (31 % et 21 %) à des subventions pour les productions de légumes, fruits, et fruits secs issus d’agriculture biologique et locale et sont une majorité à se dire favorable à une interdiction de l’élevage intensif de bovins (28 % et 27 %).
Parallèlement la nécessité de réduire notre consommation énergétique n’est plus seulement un impératif climatique, c’est devenu une nécessité économique. Enfin, cette enquête confirme avec force le postulat selon lequel la transition écologique ne se fera pas sans justice sociale et qu’elle doit être placée au cœur des politiques publiques par les décideurs.