Un bon budget carbone doit intégrer non seulement tous les gaz à effet de serre et mais aussi les particules.
En 2009, plusieurs climatologues (notamment Myles Allen[1] et Malte Meinshausen[2]) publient une série d’articles fixant le niveau d’efforts à accomplir pour stabiliser le réchauffement. Dit autrement, ces chercheurs ont estimé le tonnage maximum d’émissions cumulées de gaz à effet de serre pour ne pas dépasser un réchauffement de 2°C. Le budget carbone était né! A l’époque, celui-ci est fixé à 3.670 milliards de tonnes de CO2. Un chiffre qui peut paraître énorme. Il n’en est rien.
Les auteurs rappellent que notre crédit carbone pour le XXIe n’est plus que de 1.000 Mdt CO2 si nous voulons conserver de très sérieuses chances de limiter à 2°C les sauts du mercure planétaire. Au rythme actuel d’émission, cela nous laisse une trentaine d’années devant nous.
Est-ce d’ailleurs bien sûr? «Certains de ces budgets n’intègrent pas les autres gaz à effet de serre que le CO2, ce qui les disqualifient quelque peu. D’autres envisagent un dépassement des 2°C, d’autres pas», commente Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS. Pas facile de choisir celui sur lequel caler une politique publique.
Dans un article publié dernièrement, une équipe de climatologues menée par Joeri Rogelj (université de Zurich) souligne la grande palette de limites d’émission proposée par les principaux budgets carbone en cours: de 470 à 2.390 Mdt CO2 pour avoir deux chances sur trois de rester sous la barre des 2°C. Joeri Rogelj et ses collègues proposent l’un des modèles proposés par le 5e rapport d’évaluation du Giec[4], intégrant les principaux GES ainsi que les particules: de 590 à 1.240 Mdt CO2, ls, histoire d’engager les parties prenantes (industriels, agriculteurs, collectivités, etc.) sur la voie du «facteur 4»[3] en 2050, et de la décarbonation pour la fin du siècle.