Une étude publiée dans The Lancet Infectious Diseases par des chercheurs chinois a mis en évidence l’existence de bactéries résistantes à un antibiotique d’importance stratégique puisqu’il s’agit d’un traitement de dernier recours, contre les infections déjà résistantes aux autres antibiotiques : la colistine (famille des polymyxines). L’Organisation Mondiale de la Santé l’avait d’ailleurs intégré à la liste des antibiotiques d’importance critique en 2012. L’apparition de ces bactéries résistantes serait principalement due à l’élevage porcin, ainsi que chez le veau et la volaille, où il est massivement utilisé pour la prévention et pour le traitement des diarrhées.
Jusqu’à présent, les résistances observées à cet antibiotique n’étaient pas transmissibles d’une bactérie à l’autre car elles étaient dues à une mutation sur les chromosomes de cette dernière. Désormais, le gène de résistance a été identifié sur un plasmide d’E. Coli, ce qui permettrait à la bactérie d’échanger cette propriété avec d’autres bactéries, qu’elles soient ou non de la même espèce. Le risque prend donc une proportion toute nouvelle, en passant d’événements isolés ne pouvant s’étendre ni dans l’espace ni dans le temps à un risque d’expansion planétaire.
Le phénomène semble d’ailleurs répandu puisque les chercheurs ont retrouvé la bactérie E. Coli porteuse du plasmide mutant dans 20,6% des 804 porcs testés à l’entrée de l’abattoir de Canton, 14,9% des 523 échantillons de viande vendus au détail, mais surtout chez 1,4% des 902 patients testés dans des hôpitaux des provinces orientales du Guangdong et du Zhejiang. Ils ont également identifié que la transmission avait déjà été faite à d’autres bactéries comme Klebsiella pneumoniae, un agent de la pneumonie.
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