L’acétate de cyprotérone, nom générique de l’Androcur, est un médicament qui bloque l’activité des hormones mâles. Selon le docteur Race, “89.000 femmes ont fait l’objet d’au moins une prescription en 2017” en France. En Europe, il est disponible dans cinq pays : le Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et la France, qui représente à elle seule 60% du marché. Des risques de ce médicament étaient déjà identifiés mais on en connaît désormais l’ampleur : l’Androcur, prescrit pour combattre une pilosité excessive ou contre l’endométriose, peut multiplier jusqu’à 20 la probabilité de certaines tumeurs chez les femmes traitées longtemps et à hautes doses.
Sur la base d’une nouvelle étude, qui chiffre ce risque pour la première fois, les autorités sanitaires françaises vont demander à l’Europe de redéfinir les modalités d’utilisation de l’Androcur et de ses génériques, a annoncé jeudi 6 septembre 2018 l’Agence du médicament ANSM. Rendue publique fin août 2018, l’étude a été réalisée par l’ANSM et l’Assurance maladie, avec le service de neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière à Paris et menée sur 250.000 femmes exposées au médicament, sur la période 2007-2015. Elle a consisté à comparer celles qui ont reçu de fortes doses (plus de 3 grammes sur 6 mois, soit au moins 3 boîtes, puis poursuite du traitement) à celles faiblement exposées (moins de 3 grammes sur 6 mois, soit une ou deux boîtes, puis arrêt du traitement).
Pour autant, les autorités sanitaires ne jugent pas nécessaire de retirer ce médicament du marché. Elles veulent en revanche “repréciser ces indications” pour éviter les utilisations impropres. Comme dit la députée européenne Michèle Rivasi “le principe de précaution et la santé des patients doit primer sur l’intérêt des laboratoires pharmaceutiques”.