Dans un contexte où la prévention face à la pollution de l’air ambiant représente un véritable enjeu de santé publique, la question de l’intérêt de recommander à la population le port d’équipements de protection individuelle est régulièrement posée. Dans ce cadre, l’Anses a évalué le bénéfice sanitaire potentiel du port d’un masque dit « antipollution ». L’expertise a révélé l’insuffisance de données disponibles attestant d’un bénéfice pour la santé. Afin de réduire les impacts sanitaires liés à la pollution de l’air ambiant, l’Agence rappelle l’importance d’agir en priorité à la source en limitant les émissions de polluants. En complément, elle recommande une meilleure information de la population, en particulier des personnes sensibles, sur les comportements à adopter pour limiter l’exposition quotidienne à la pollution de l’air.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air ambiant est le principal risque environnemental pour la santé. Mais se protéger par des masques n’est pour l’heure pas une solution à envisager selon l’Anses.
Les données sur les masques “antipollution” sont insuffisantes pour attester d’un bénéfice sanitaire et recommander leur utilisation. Telles sont les conclusions d’une étude commandée par les ministères de la Santé et du Travail en 2015 auprès de l’ANSES . Celle-ci porte sur l’efficacité de certaines techniques pour limiter l’exposition de la population à la pollution de l’air. La demande se centrait sur deux ensembles : la population générale, et en particulier les personnes les plus sensibles à la pollution de l’air d’une part, et certaines populations spécifiquement exposées comme les travailleurs intervenant sur la voie publique ou les personnes expatriées dans des zones du monde très polluées.
Un bénéfice sanitaire non prouvé
Les études existant sur le sujet comportent de nombreuses limites : elles concernent de faibles effectifs et ont été réalisées sur des périodes courtes notamment. L’Anses conclut donc à “l’insuffisance de données disponibles, notamment en conditions réelles d’utilisation, pour attester d’un bénéfice sanitaire lié au port de masque «antipollution» par le grand public”.
Autre problème identifié : le port de ces masques peut donner “un faux sentiment de protection à son utilisateur et entraîner des comportements conduisant éventuellement à une surexposition aux polluants dans l’air”, pensant être protégé. Au vu de ce constat, l’agence ne recommande pas aux pouvoirs publics d’encourager le port de ces dispositifs.
Plutôt qu’encourager la protection individuelle, l’Anses rappelle l’importance d’agir à la source de la pollution en limitant les émissions polluantes. Elle rappelle aussi que l’Etat ne doit pas cibler uniquement les pics de pollution, dont l’impact sanitaire est très inférieur à celui de l’exposition à la pollution régulière. L’agence préconise également d’améliorer l’information de la population et des personnes sensibles sur les bons comportements à adopter face à l’exposition.
D’autre part, les dispositifs revendiquant une action de protection respiratoire contre la pollution de l’air ambiant mais également de prévention ou de confort doivent répondre aux exigences de la réglementation des équipements de protection individuelle (EPI). Constatant certains écarts, l’Agence recommande d’améliorer la transparence sur les revendications d’efficacité des produits mis sur le marché afin de s’assurer que les dispositifs vendus soient conformes aux obligations requises et que les utilisateurs de ce type de protection soient dûment informés.