(D’aprés les communiqués de presse), l’Agence de l’eau (RMC) Rhône Méditerranée Corse a fait un point précis sur la disponibilité en eau dans le Nord du bassin Rhône-Méditerranée et sur les stratégies adoptées pour gérer collectivement une ressource en tension.
Après plusieurs années marquées par de graves sécheresses, les situations de crise se multiplient. Pour prévenir les conflits d’usage et éviter de dégrader l’état des rivières et des nappes, le principe qui prévaut aujourd’hui est de gérer collectivement la ressource en eau. La stratégie et les mesures à prendre sont connues et déjà engagées dans des plans de gestion de la ressource en eau (PGRE), qui deviennent progressivement des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) en application des décisions nationales prises dans le cadre des Assises de l’eau. En Rhône-Alpes, l’Agence accompagne 22 plans de gestion de la ressource en eau.
Sur le territoire rhônalpin, les études révèlent un manque d’eau d’environ 40 millions de m3 pour satisfaire l’ensemble des usages sur les bassins versants et laisser un débit suffisant dans les rivières pour préserver la qualité de l’eau et la vie biologique. Et plus des deux-tiers des bassins versants sont en situation de déséquilibre en eau ou en équilibre fragile. Le changement climatique est à l’œuvre partout sur ce territoire. 7 nouveaux bassins versants, jusque-là préservés, montrent les signaux d’une aggravation des tensions sur l’eau et pourraient d’ici 2022, s’ajouter aux 42 déjà en déficit : Lange – Oignin (Haut-Bugey), Avant-pays savoyard, Fier et Lac d’Annecy, Guiers Aiguebelette, Combe de Savoie, Isle Crémieu (Isère), Rivières du Beaujolais.
“Dans la région les départements de la Drôme et de l’Ardèche sont très touchés par des déficits quantitatifs, c’est historique mais il serait naïf de croire que seul le Sud est concerné, souligne Nicolas Alban, le Directeur de l’Agence basée à Lyon, on trouve aussi de plus en plus de petits bassins versants qui sont concernés par des déficits quantitatif, y compris plus au Nord. En 6 ans d’écart, on a +7% de territoires concernés par des déficits quantitatifs. En fait, on a un effet ciseau entre un réchauffement climatique qui diminue la ressource en eau et une région assez dynamique qui gagne des habitants et qui donc demande plus d’eau.”
Incontestablement, le changement climatique va accroître les tensions sur l’eau. A l’horizon 2050-2070, le débit moyen des principales rivières de France devrait diminuer d’au moins 10 à 40 %. Et le débit moyen du fleuve Rhône risque de subir une baisse de 40% d’ici à la fin du siècle.
Pour l’instant les grands cours d’eau qui prennent leur source en montagne, affichent des débits confortables. “On a une impression de grande disponibilité en eau, mais il ne faut pas oublier que ces cours d’eau (le Rhône, l’Isère) sont soutenus en été par la fonte des glaciers, précise le directeur de l’Agence. C’est là qu’il y a un effet pervers :à cause du réchauffement climatique cette fonte de glaciers s’accélère et donne une disponibilité en eau qui est tout à fait trompeuse. Dans 10, 20 30 ans, quand on n’aura plus de glaciers, on risque d’avoir un effondrement des débits de ces cours d’eau “.
La dynamique est lancée mais il reste essentiel de pouvoir rendre compte de la mise en œuvre effective des plans d’actions définis, de constater leur efficacité, et de développer une vision prospective de l’évolution de la ressource et des besoins dans le contexte urgent du changement climatique, qui s’affirme de plus en plus.