Alors que l’Afrique était une continent dominé par des modèles de subsistances locaux, exemptée d’intrants chimiques, elle connaît de plus en plus la multiplication de grandes exploitations tournées vers l’exportation avec des principes d’agricultures intensives.
Ce changement d’orientation fait craindre de voir s’exporter les modèles que la France comme l’Europe essaient de restreindre tant les conséquences d’utilisation effrénée de pesticides ont contaminé la biodiversité, les eaux et les sols.
Ainsi deux des trois molécules interdites – imidaclopride et thiaméthoxame – sont parmi les plus utilisées en Afrique. Au Cameroun, 35 formulations différentes contenant de l’imidaclopride sont enregistrées. En Afrique du Sud, 130. Les principales cultures sont concernées et le rapport relève aussi que la pulvérisation de ces insecticides s’étend de plus en plus aux semences en appliquant « des doses inappropriées ». Les réglementations lorsqu’elles existent ne sont bien souvent pas appliquées. En Tanzanie, un audit conduit par le ministère de l’agriculture a aussi montré que de nombreux produits utilisés n’étaient pas homologués et importés frauduleusement.
Cette menace est clairement identifiée dans le rapport sur L’utilisation et les effets des insecticides néonicotinoïdes sur l’agriculture africaine, publié mardi 12 novembre par le réseau des Académies des sciences africaines (Nasac). Lancé fin 2018, quelques mois après la décision européenne, ce travail, qui a rassemblé des scientifiques de dix-sept pays africains et passé en revue la littérature scientifique disponible, fournit l’état des lieux le plus complet à ce jour.Même si, à l’heure actuelle les conséquences de ces pratiques ne sont encore appréhendées que de façon parcellaire d’autant que la moitié des pays ne disposent d’aucune donnée.