Le glyphosate est le produit “dit actif” de nombreuses formulations de pesticides, dont la plus connue est le Roundup de la marque Monsanto: cette molécule a été reconnue cancérigène probable par le CIRC depuis le 17 mars après parution dans le Lancet [1], par ailleurs rappelons que cette molécule est passée dans le domaine public depuis 2000.
Or en 2002 des études de centres de recherches français (CNRS-UPMC de Roscoff) avaient mis l’accent sur son aspect toxique voire avec une incidence tumorale, des publications en avaient découlées suggérant un risque en santé humaine du fait du modèle expérimental utilisé (i.e. la division cellulaire) [2]. L’intérêt majeur des études était d’utiliser les connaissances de la biologie cellulaire sur les mécanismes initiateurs des cancers dans les cellules.
Elles ont porté sur les effets du pesticide sur des millions de cellules se divisant de façon synchrone après la fécondation obtenues à partir des gamètes de l’oursin. Comme la division des cellules est le mécanisme biologique le plus conservé pour expliquer l’émergence de la vie et son évolution, ils avaient très judicieusement utilisé ce modèle expérimental ne posant pas de problèmes techniques particuliers ni de difficultés d’analyses statistiques comme les études sur des mammifères utilisant des effectifs très réduits.
Le directeur de ses recherches s’exprime après cette annonce de cette nouvelle publication:”Si l’on considère les premiers résultats mon équipe en 2002 établissant la toxicité cellulaire du glyphosate et du Roundup, il est très regrettable que 13 années aient été perdues dans la mise en œuvre de mesures de prévention, ne serait-ce que d’information, pour le pesticide dont l’IARC souligne qu’il est le plus répandu sur la terre”.Notre article de revue en français de 2007 [3] avait fait le point sur les mécanismes connus des scientifiques à l’origine de la cancérisation. Nous avons montré comment nos propres expériences permettaient alors de proposer que le glyphosate en formulation pouvait être considéré comme potentiellement cancérigène [4] .
[1] Guyton, K.Z., et al., Carcinogenicity of tetrachlorvinphos, parathion, malathion, diazinon, and glyphosate. Lancet Oncol, 2015.
[2] Marc, J., et al., Pesticide Roundup provokes cell division dysfunction at the level of CDK1/cyclin B activation. Chem Res Toxicol, 2002. 15(3): p. 326-31.
[3] Belle, R., et al., L’embryon d’oursin, le point de surveillance de l’ADN endommagé de la division cellulaire et les mécanismes à l’origine de la cancérisation. [Sea urchin embryo, DNA-damaged cell cycle checkpoint and the mechanisms initiating cancer development]. J Soc Biol, 2007. 201(3): p. 317-27.
[4] Belle, R., et al., Letter to the editor: toxicity of Roundup and glyphosate. J Toxicol Environ Health B Crit Rev, 2012. 15(4): p. 233-5; author reply 236-7.