L’agriculture française perd du terrain, aussi bien à l’exportation que sur son marché intérieur, s’inquiète la commission des affaires économiques du Sénat dans un rapport daté du 28 mai, et publié vendredi en ce début juin.
Si «la France demeure, de loin, le premier producteur agricole européen», sa situation n’est guère réjouissante, estime le sénateur Laurent Duplomb (Haute-Loire, Les Républicains) dans son rapport présenté au Sénat: l’agriculture française recule même sur son marché intérieur.
Il pointe ainsi la baisse de surface agricole (-17% depuis 1961), la chute des emplois liés à l’agriculture et à l’agroalimentaire (de 12% à 5,5% de la population active en 40 ans), et la stagnation de sa production depuis les années 1990. Bilan, l’excédent agricole français a été divisé par deux entre 2011 et 2017, et semble surtout tenir grâce à la filière vin. «À ce rythme de décroissance, la France constatera son premier déficit agricole en 2023», avance le rapport. Conséquence, la France, troisième exportateur agricole mondial en 2005, se situe désormais à la sixième place (4,5% des parts de marché, soit une chute de 2% en 10 ans, «le plus fort recul mondial»), après avoir été dépassée par l’Allemagne et les Pays-Bas. De plus, elle doit subir la forte concurrence de pays émergents tels que la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil et le Vietnam.
Une autre inquiétude provient de la provenance des produits alimentaires: en effet en 2016, 51% des fruits et légumes consommés dans la métropole étaient d’origine française, contre 68% en 2000. Idem pour les volailles (de 13% en 2000 à 34% en 2017) et pour les produits laitiers, dont les importations ont doublé.
Au-delà de la menace pour la sécurité alimentaire du pays, en passe de perdre son indépendance agricole, ce recours accru aux produits importés «pose de vrais doutes sur la qualité sanitaire». Selon les contrôles menés par la DGCCRF (1) et la DGAL( 2), «on peut estimer qu’entre 8 et 12 % des denrées alimentaires importées de pays tiers ne respectent pas les normes européennes de production et sont susceptibles de porter atteinte à la sécurité sanitaire de nos concitoyens».
La situation démontre des non-conformités relevées dans les produits en provenance de nombreux pays éloignés , elle pourrait être encore pire pour les produits originaires de l’UE, où des contrôles menés par la DGAL ont révélé des non-conformités sur «17 % des viandes fraîches de boucherie, 13 % des viandes fraîches de volaille, 25 % des produits à base de viande, 21 % des échantillons de lait cru ou traité thermiquement et les produits à base de lait», poursuit Laurent Duplomb.
Nous renouvelons notre préconisation d’avoir une connaissance fine de la provenance des produits alimentaires en privilégiant bien sur le local.
1) DGCCRF : direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
2) DGAL : direction générale de l’alimentation.