Un panel de scientifiques venus notamment du
CNRS, de la FING ou de l’INRIA, réunis dans le think tank
The Shift Project, ont dressé ce
constat alarmant. Le
rapport qu’ils viennent de rendre public présente une multitude de mesures de la consommation énergétiques de nos smartphones, tablettes, ordinateurs de famille ou de bureau. À cela s’ajoute la consommation des infrastructures qui permettent de les faire fonctionner
: data centers, réseaux fixes et mobiles, infrastructures dans le cloud, etc.
Ces taux de croissance de la consommation énergétique de nos outils numériques n’ont pas de quoi surprendre. La Terre compte 4 milliards de smartphones pour 7.5 milliards d’habitants. Un chiffre qui a doublé ces cinq dernières années. Mais nous ne nous contentons plus seulement de téléphones mobiles. Des milliards d’objets connectés, d’enceintes intelligentes, de caméras, d’alarmes, de thermostats intelligents… ont fait leur apparition sur le marché et attisent la convoitise de consommateurs de plus en plus nombreux. Selon une étude GSMA datant de 2015, un foyer de quatre personnes vivant dans un pays développé possèdera pas moins de 50 appareils connectés d’ici 2020 !
Nous consommateurs, souvent aveuglés par l’expression « dématérialisation », sommes incapables de mesurer l’étendue des dégâts environnementaux que représente leur arsenal d’outils hightech.
La consommation énergétique de nos appareils n’est pas anodine avec toutefois de grandes différences selon les usages. Les auteurs du rapport nous apprennent ainsi que de tous les usages que l’on peut faire avec nos appareils numériques, la vidéo est, de loin, la plus gourmande en énergie. Le rapport cite quelques ordres de grandeur afin de nous faire mesurer le poids de chacune de nos actions. Ainsi, le visionnage d’une vidéo en ligne de dix minutes, disponible dans le « Cloud », induit par exemple une consommation électrique équivalente à la consommation propre d’un smartphone sur dix jours. Dit autrement, l’impact énergétique du visionnage de la vidéo est environ 1500 fois plus grand que la simple consommation électrique du smartphone lui-même.
Cependant n’oublions pas que ces chiffres alarmants qui pointent notre responsabilité environnementale ne doivent pas omettre la fabrication même des produits.Les auteurs du rapport expliquent que la phase de production des équipements occupe une part très significative, environ 45% en 2020, dans l’empreinte énergétique totale du numérique, ainsi que dans les émissions de gaz à effet de serre qui en découlent. Ceci signifie qu’un utilisateur de smartphone (s’il garde son appareil deux ans) verra ainsi la consommation énergétique totale induite au cours du cycle de vie de cet équipement se réaliser à plus de 90% avant même son achat, d’où la réflexion vis à vis des achats impulsifs du dernier appareil mis sur le marché. D’autant lorsqu’on apprend que l’impact carbone des smartphones augmente chaque fois qu’une nouvelle génération de smartphones apparaît , que la production d’un smartphone engendre des émissions 400 fois plus lourdes que son usage,que cette fabrication est fortement consommatrice de métaux, certains rares et/ou critiques dont les réserves accessibles (au coût et avec les technologies actuels) sont limitées .
Des réflexions nécessaires avant des achats impulsifs du dernier appareil mis sur le marché. L’explosion du numérique dans tous les secteurs de notre vie quotidienne et professionnelle laisse à penser que nous sommes entrés dans une forme de fuite en avant, et tous les voyants sont au rouge.