Après des années de lobbying et de blocages, la Commission Européenne s’est enfin mise d’accord en ce 4 juillet sur une définition réglementaire des perturbateurs endocriniens, plus souple, mais moins ambitieuse qu’espérée, et ce, en raison du changement de position de la France..
Par rapport au projet de juin 2016 la définition adoptée concerne les perturbateurs endocriniens “présumés” et non plus seulement “avérés”: ce qui ne suffit pas en terme de santé publique. Le texte n’a que peu bougé depuis juin 2016. Il se fonde principalement sur la définition donnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2002 : « Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants. » Ces substances chimiques naturelles ou de synthèse présentes dans certains pesticides, mais aussi dans des cosmétiques, solvants ou plastiques, sont capables d’interférer avec le système hormonal de nombreux êtres vivants, favorisant ou causant l’apparition de multiples pathologies.
Le principal problème que soulèvent scientifiques et ONG est le niveau de preuves demandé, qualifié d’« irréaliste » par l’Endocrine Society, une société savante rassemblant quelque dix-huit mille chercheurs référents dans le domaine de l’endocrinologie de parle Monde.
Nous rapportons ici le communiqué de presse de la députée européenne Michèle Rivasi , membre de la Commission Environnement et Santé :“Perturbateurs endocriniens : la France a lâché sa position de protection”
Les Etats membres ont adopté ce jour la définition des perturbateurs endocriniens proposée par la Commission européenne, qui a pris des engagements pour évaluer l’efficience de ces critères.
“Ce vote est clairement une mauvaise nouvelle. La position de la France, soutenue par la Suède et le Danemark, avait permis jusqu’ici d’éviter l’adoption d’un texte insuffisant à protéger la santé et l’environnement. Cette fois, malgré la mobilisation des associations, et malgré les avertissements de dizaine de milliers de médecins et de spécialistes qui dénonçaient les carences du projet porté par la Commission en juin 2016 , la France a lâché. Les intérêts des grands acteurs économiques européens ont été privilégiés au détriment de la santé publique des citoyens. “
“Comment peut-on prétendre vouloir lutter contre la prolifération des perturbateurs endocriniens et, en même temps, laisser sur le marché des insecticides connus pour agir sur le système endocrinien ? Ce non-sens témoigne ouvertement du double langage, conciliant mais trompeur, que nous risquons de rencontrer de plus en plus fréquemment.”
“Les petites avancées obtenues, réelles, sur l’engagement de la Commission de revoir les directives jouets et cosmétiques, ou encore de réaliser dans les deux ans une recherche sur les effets des perturbateurs endocriniens(50 millions d’euros seront débloqués par l’Europe en 2018 pour financer 10 projets de recherches sur les perturbateurs endocriniens), d’évaluer l’efficience des critères adoptés, ou encore de déléguer aux Etats membres le soin de décider d’autoriser ou pas, au cas par cas, ne doivent pas nous satisfaire. Le fait d’accepter les dérogations sur les pesticides imposées par l’Allemagne laisse aux agriculteurs la possibilité de continuer à épandre des substances toxiques, mutagènes et reprotoxiques. Ce compromis est une reculade.”