La Criirad publie une étude et révèle des analyses d’eau, contenant du tritium

Des analyses effectuées entre 2016 et 2024 révèlent la présence de tritium ( formule H3), un élément radioactif rejeté par les installations nucléaires, dans les eaux potables de plus de 2 300 communes françaises, soit plus de 16 millions de Français qui pourrait être contaminée au tritium, un élément radioactif,  quelles sont  les eaux concernées ?

Le tritium est le principal produit radioactif rejeté dans l’environnement par l’industrie nucléaire. Dès les années 1990, la CRIIRAD révélait la contamination d’eaux potables autour des sites nucléaires de Marcoule (Gard) et Valduc (Côte d’Or).

Le tritium est un radionucléide (atome radioactif) dérivé de l’hydrogène qui est rejeté par les installations nucléaires. ll émet des rayonnements bêta de très faible énergie. Ceux-ci sont faciles à bloquer quand il sont à l’extérieur d’un corps, par du métal ou du verre par exemple. Selon Julien Syren, codirecteur de la Criirad, les communes les plus touchées sont celles “qui sont sur les cours d’eau le long desquels se trouvent des centrales nucléaires : la Seine, la Loire, la Vienne, la Garonne et le Rhône”.

L’étude se base sur les résultats des analyses réalisées dans le cadre du contrôle sanitaire de l’eau du robinet mis en œuvre par les agences régionales de santé (ARS). Ces résultats sont extraits de la base de données nationale du système d’information en santé-environnement « SISE-Eaux d’alimentation » du ministère de la santé. Les contrôles de tritium dans l’eau du robinet ne sont obligatoires que depuis 2005. Les données sont librement téléchargeables sur le site data.gouv et couvrent, à la date de la publication de cet article, une période allant de janvier 2016 à octobre 2024.

En France, la valeur de référence pour évaluer la quantité de tritium dans l’eau est de 100 becquerels par litre (Bq/l). Ce n’est pas un seuil de potabilité, estimé à 10 000 Bq/l par l’OMS, selon un calcul contesté par la Criirad. Le “Bq/l” correspond à l’unité de mesure de “l’activité volumique” d’une substance (son nombre de noyaux). Pour les autorités françaises, la présence de tritium dans l’eau est considérée presque sans risque : “Si on utilise les modèles officiels d’évaluation, le risque est très faible pour la santé de ces personnes”, explique Bruno Chareyron, conseiller scientifique de la Criirad.Pour autant, les scientifiques expliquent qu’il “y a beaucoup d’incertitudes sur les effets des très faibles doses, en particulier pour le tritium” sur le corps humain.

Après l’analyse de 250 publications scientifiques sur le sujet, les chercheurs Timothy Mousseau et Sarah A. Todd, de l’université de Caroline du Sud (États-Unis), concluent que l’exposition interne au tritium “peut avoir des conséquences biologiques, en abîmant l’ADN, en causant des dégâts physiologiques et du développement, en réduisant la fertilité et la longévité, et en élevant le risque de maladies, y compris de cancers”.

Par ailleurs, l’ampleur du phénomène est sous-estimée. En effet, la grande majorité des analyses réalisées ne sont pas suffisamment précises pour mettre en évidence un impact des rejets actuels des installations nucléaires. De plus, pour près de 4 000 communes, la base officielle ne comporte aucun résultat, ce qui constitue autant d’infractions potentielles à l’obligation de contrôle.

Pour en savoir plus :https://www.criirad.org/categorie/centrales-nucleaires/rejets-radioactifs/tritium/