Matthieu Grossetête sociologue spécialiste des inégalités sociales, signale ainsi qu’une vraie transformation écologique passera seulement par une société plus égalitaire.
Il fait le point de ce positionnement nécessaire dans un article de la Revue Française de Socio-Économie 2019/1 ” Conversion écologique des modes de vie et démarcations sociales “.
Cet article met l’accent sur le caractère inégalitaire des pratiques écoresponsables (comme trier ses déchets, réduire ses déplacements, ses consommations énergétiques domestiques, etc.) qui finalement ne s’adressent pas à toute la société mais seulement à ceux qui déjà possèdent les pré-requis qui leur permettent d’agir de façon écoresponsable : ce qui remet en cause une partie des axes de communication largement déployées. Il constate entre autre que les profils sociaux désireux de mettre en place ce type de pratiques “écocitoyennes” se trouvent principalement dans les zones urbaines ou parmi les populations néorurales et ne touchent qu’accessoirement les populations pour lesquelles ces pratiques seraient les plus utiles.
Certains sont obsédés par l’idée de ne pas gaspiller et la privation volontaire est perçue comme une forme valorisante d’autocontrôle et non pas comme un renoncement. Chez les classes populaires au contraire, les pratiques de sobriété existent, mais en raison du manque de moyens économiques. « On voit bien que dans la réalité, vivre avec le minimum et consommer peu, ce n’est pas réservé qu’aux classes moyennes et intellectuelles qui souhaitent repenser leurs modes de vie », souligne Anne de Rugy, professeur en sociologie à l’université Paris-Est-Créteil.