Depuis décembre 2015, des compteurs dits « intelligents » sont installés par Enedis (ex ERDF) sur toute la France, et devraient concerner à terme 35 millions d’habitations, bâtiments publics, commerces et entreprises, cliniques et hôpitaux, hôtels et restaurants, crèches et écoles, collèges et lycées… Cette décision fait suite au vote de la Directive européenne du 13 juillet 2009 transposée en droit français par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissante verte.
Ces compteurs sont chargés de collecter et de transmettre à distance des données à Enedis sur la consommation électrique de chaque citoyen, de chaque entreprise. Ils peuvent aussi recevoir des ordres concernant les opérations de gestion du réseau (rétablissement de courant, coupure pour diverses raisons…). Enedis met en place une technologie basée sur l’utilisation du courant porteur en ligne (CPL) qui se superpose sur le courant électrique traditionnel de 50 Hertz, inspirant les plus vives craintes quant à sa prétendue innocuité sur le plan sanitaire. Ce deuxième signal se propage dans l’installation électrique 24h/24, pour être reçu et décodé à distance. Enedis affirme que cette technologie est sans crainte et utilisée depuis 50 ans notamment pour le passage heures pleines / heures creuses. Ce type de CPL n’est pas comparable à celui du Linky. Il s’agit du CPL « Pulsadis » d’une fréquence de 175 hertz.
De la même manière qu’en Amérique du Nord, une controverse s’installe progressivement en France. Elle se structure notamment autour de la question sanitaire, et englobe de façon plus générale la controverse sur les ondes électromagnétiques.
Rappelons que le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer), agence de l’OMS, a classé les CEM comme « peut-être cancérogènes pour l’homme » en 2002 pour les extrêmement basses fréquences, et en 2011 pour les radiofréquences.
Aujourd’hui, les appels de scientifiques se multiplient pour alerter les gouvernements sur l’effet délétère de l’exposition croissante de la population aux CEM. De nouvelles technologies utilisant les CEM se multiplient chaque jour avec malheureusement des études d’impact sur la santé qui prennent du temps et qui ne permettent pas d’anticiper les mesures à prendre en terme de santé publique.
Les personnes vulnérables face aux CEM sont les femmes enceintes, les enfants, les personnes électro-hypersensibles et celles porteuses d’une pathologie chronique. L’ANSES, dans son avis révisé de juin 2017 sur l’exposition de la population aux CEM émis par les compteurs communicants, écrit « pour les bandes 2,4 Ghz ou 868 MHz envisagées pour l’ERL, l’exposition devrait être comparable à celle d’une borne Wifi ».
Le CRIIREM (Centre de Recherche et d’Information Indépendant sur les Rayonnements Électromagnétiques) dénonce le fait que, malgré les mesures faites par l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR), l’ANSES et dernièrement le CSTB, de nombreux paramètres du dispositif Linky n’ont pas été mesurés (G3, ERL, concentrateur). Aujourd’hui on ne dispose d’aucune mesure sûre qui permette d’évaluer le niveau d’exposition que subira une personne, selon les situations où elle se trouve : habitat individuel avec compteur dans ou hors du logement, appartement à proximité du local technique où se trouvent tous les compteurs.
Alors, ne faut-il pas agir de suite en demandant un moratoire pour suspendre ces installations en attendant une étude sanitaire sérieuse ?
Cet article est issu d’une chronique plus complète parue sur le site de l’ASEF :