Une étude publiée dans Oecologia montre que «les arbres morts, les plantes et les feuilles sur le site contaminé (de la forêt de Tchernobyl) ne se décomposent pas à la même vitesse » que les plantes poussant ailleurs dans le monde. En effet les radiations ionisantes ne se contentent pas de vider les pins de leur chlorophylle pour valoir à la forêt son surnom de « forêt rouge », ou encore d’engendrer des malformations macroscopiques chez la faune peuplant les lieux. C’est tout l’écosystème qui est perturbé, jusqu’aux champignons et microbes impliqués le processus naturel de pourrissement de la matière. Les chercheurs ont en effet montré que les feuilles de la zone contaminée se décomposaient beaucoup plus lentement qu’ailleurs : en un an, elles gardent 60% de leur poids tandis que des feuilles témoins perdent jusqu’à 90% de leur poids de départ.
Cette matière sèche favorise alors l’apparition et la propagation de feux de forêt. On recense ainsi depuis la catastrophe d’avril 1986 pas moins d’un millier d’incendies dans la forêt rouge, de taille plus ou moins importante. Par ailleurs, l’évolution des conditions météorologiques, liée au changement climatique, pourrait encore accentuer cette tendance.
Or aux alentours de Tchernobyl, l’enjeu sanitaire des fumées ne se limite pas aux polluants classiques des feux de forêts, comme les dioxines, déjà nocifs pour la santé, mais s’y ajoute la problématique des particules de césium 137 remises en suspension pour être dispersées au gré des vents. L’Institut de radioprotection (IRSN) a relevé un triplement du niveau de radiation sur le sol français suite aux incendies spectaculaires de 2002, 2008 et 2010 pour atteindre 1,5microbéquerel par mètre cube d’air. Pour P. Renaud de l’IRSN, ce niveau reste faible et ne devrait pas entraîner d’impact sanitaire. Ces propos sont à nuancer puisque s’il est admis qu’il faut un seuil plus élevé pour voir apparaître les premières lésions tissulaires, le risque cancérigène est en revanche communément considéré « sans seuil » dans la littérature scientifique. Toute augmentation du niveau de radioactivité augmente donc la probabilité d’apparition de cancer dans la population exposée.
Highly reduced mass loss rates and increased litter layer in radioactively contaminated areas