La sécheresse déjà installée depuis des semaines en plein hiver inquiète toutes les collectivités et services de l’État, c’est ainsi que des mesures préventives s’imposent. La situation alerte les climatologues, qui s’inquiètent des conséquences de cette sécheresse hivernale sur la végétation et l’agriculture.
Cette sécheresse hivernale tombe au plus mal : dès janvier, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) avait émis une alerte. Le risque d’augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes de sécheresse en raison de la hausse des émissions de gaz à effet de serre a déjà été mis en évidence par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), rappelle Thierry Offre, climatologue à Météo-France.
Dans notre région « L’eau ne peut plus être considérée comme inépuisable. » Telle est l’alerte donnée par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, dans son dernier rapport.
Selon les calculs de l’agence, « le débit du Rhône en période estivale a déjà baissé de 13% en soixante ans. Et ce n’est pas près de s’arrêter. Avec le réchauffement climatique le débit va encore diminuer de 20% d’ici 2055, estime-t-elle. La température du fleuve a aussi augmenté de 2,2 °C depuis 1970 et l’évaporation a progressé de 23%. Des baisses de débit sont également à craindre pour des affluents importants du Rhône, d’ici à 2050 : -40% pour l’Isère, -30% pour la Drôme ou la Durance. » Or le fleuve alimente en eau plus de 2,3 millions de personnes et 2 700 préleveurs agricoles qui en dépendent pour leur irrigation.
De ce fait le débit du Rhône, largement dégradé, risque d’impacter fortement le refroidissement des centrales nucléaires situées tout au long de son cours, tout comme sur les rivières avec les barrages hydroélectriques. C’est donc la production d’énergie qui elle aussi peut être mise en difficulté. Il est même préconisé une baisse de production à certaines périodes, notamment pour les trois centrales (Tricastin, Saint-Alban, Bugey) fonctionnant avec des circuits ouverts, qui rejettent de l’eau chaude dans le fleuve. En 2022, en raison de températures élevées et de précipitations historiquement faibles, les barrages français ont produit 20 % d’électricité en moins.