Un rapport du service scientifique de la Commission européenne publié en janvier, a mis en lumière le recours exponentiel à la biomasse forestière (bois sous forme de bûches ou granulés, sous-produits de l’exploitation forestière, rebuts des scieries, des papeteries…) pour la production d’énergie: celle ci aurait augmenté de 34 % entre 2005 et 2018.
Au sein de l’Union européenne (UE), la production de granulés a également été multipliée par 100 en près de vingt ans, mais ne couvre toujours que deux tiers des besoins.
500 scientifiques et économistes ont écrit aux dirigeants du Monde pour les mettre en garde contre l’utilisation de la biomasse forestière. « Nous vous exhortons à ne pas porter atteinte à la fois aux objectifs climatiques et à la biodiversité en remplaçant la combustion fossile par le fait de brûler des arbres pour produire de l’énergie », écrivent les signataires, dont l’éminent biologiste américain Peter H. Raven.Ils ajoutent: « Les arbres ont plus de valeur vivants que morts », insistent-ils.
Un kg de carbone brûlé – peu importe d’où il vient – augmente la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Même si des forêts sont replantées, ce CO2 ne sera absorbé de nouveau que des décennies plus tard, une fois que les arbres auront repoussé. Ce sera trop tard. » Or L’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effets de serre de 55 % d’ici 2030 et par conséquent on ne peut ignorer ces inquiétudes des scientifiques ci dessus cités.
En France, l’ONF persiste pourtant dans une gestion « productiviste » et à courte vue des forêts, fondée sur la seule exploitation des ressources en bois commercialisable (vente de bois d’ameublement, de construction et de chauffe). Ceci pour répondre aux demandes de l’Etat et aux objectifs financiers fixés par les ministères de l’agriculture et des finances, l’ONF continue à considérer les forêts comme des champs d’arbres. C’est donc la responsabilité de L’État, qui devrait réorienter cette recherche de rentabilité,au détriment des conséquences sur la biodiversité et l’équilibre indispensable pour conserver à notre pays sa multiplicité des paysages qui font la richesse de notre pays.