Le géant de l’agrochimie Monsanto est reconnu responsable de l’intoxication de Paul François. L’agriculteur charentais souffre depuis plus de dix ans de graves troubles physiques, à cause d’un herbicide très nocif : le Lasso. Oui, le pesticide est bien à l’origine de sa longue maladie. Oui, Monsanto connaissait la dangerosité du Lasso et n’a pourtant rien fait. Oui, le géant étasunien est responsable de son calvaire.
Sa vie de céréalier bascule le 27 avril 2004. Alors qu’il vérifie une cuve ayant contenu du Lasso, un herbicide qu’il pulvérise régulièrement sur ses champs de maïs, il inhale des vapeurs toxiques. S’ensuivent malaises, maux de tête violents, absences. Hospitalisé pendant cinq mois, il va de coma en coma, sans comprendre ce qui lui arrive. Il faudra attendre un an et l’intervention du Professeur André Picot pour connaître le coupable : le monochlorobenzène, un solvant hyper nocif entrant à 50 % dans la composition du Lasso.
Là commence un long combat. Contre la Mutuelle sociale agricole d’abord, pour faire reconnaître son intoxication comme maladie professionnelle. Puis contre Monsanto. Car pour Paul François, la firme connaissait les dangers de son produit. La preuve : le Lasso n’est plus vendu au Canada depuis 1985… bien avant son interdiction en France, en novembre 2007.
Le bras de fer judiciaire s’engage, et va se révéler ardu. « C’était du harcèlement quotidien, le côté humain n’existe pas dans leur stratégie », observe, amer, l’agriculteur. La firme va jusqu’à remettre en question sa maladie. Mais Paul François ne se laisse pas intimider. Entouré de scientifiques bénévoles qui soutiennent sa cause, appuyé par l’association Phyto-victimes qu’il a co-fondée, il obtient une première victoire en 2012. Le tribunal de grande instance de Lyon reconnaît Monsanto « responsable » de son intoxication. La firme fait appel… mais son pourvoi vient donc d’être rejeté ce 10 septembre.
Cette première juridique peut avoir des conséquences importantes pour avancer vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Notamment en France, un pays qui reste le troisième plus gros utilisateur mondial de produits phyto-sanitaires et le premier en Europe ! Et cela malgré les engagements pris lors du Grenelle de l’environnement en 2007 de diminuer leur usage de moitié. D’ailleurs, son avocat, François Lafforgue, a appelé à la création d’un fonds pour indemniser les autres victimes des pesticides.