La synthèse de 73 études réalisée par les auteurs à paraître dans la revue “Biological Conservation”, confirme que près de la moitié des espèces d’insectes – essentiels aux écosystèmes comme aux économies – sont en déclin rapide dans le monde entier en pointant en particulier le rôle de l’agriculture intensive .
“La conclusion est claire : à moins que nous ne changions nos façons de produire nos aliments, les insectes auront pris le chemin de l’extinction en quelques décennies.”
Cette situation alarmante reviendrait “au plus massif épisode d’extinction” depuis la disparition des dinosaures, précisent les scientifiques, avant de souligner : “La proportion d’espèces d’insectes en déclin (41%) est deux fois plus élevée que celle des vertébrés et le rythme d’extinction des espèces locales (10%) huit fois plus.”
Quand on parle de perte de biodiversité, le sort des grands animaux capte souvent seule l’attention. Or, les insectes sont “d’une importance vitale pour les écosystèmes planétaires” et “un tel événement ne peut pas être ignoré et devrait pousser à agir pour éviter un effondrement des écosystèmes naturels qui serait catastrophique”, insistent les scientifiques.Les insectes sont à l’origine de la pollinisation des cultures. A l’inverse, leur disparition progressive a un impact sur toute la chaîne alimentaire, et notamment le déclin “vertigineux” des oiseaux des campagnes révélé en France en 2018.
A l’origine de cette chute des insectes, les chercheurs australiens désignent la perte de leur habitat (urbanisation, déforestation, conversion agricole) mais aussi le recours aux pesticides et engrais de synthèse. Ces substances sont au cœur de l’intensification des pratiques agricoles des soixante dernières années.
“Restaurer les habitats, repenser les pratiques agricoles, avec en particulier un frein sérieux à l’usage de pesticides et leur substitution par des pratiques plus durables, s’imposent urgemment”, soulignent les auteurs du rapport, qui appellent aussi à assainir les eaux polluées, en ville comme en milieu rural.