Interdit dès les années 1970 aux États-Unis et en 1990 en métropole, le chlordécone a été massivement utilisé en Guadeloupe et en Martinique de 1972 à 1993 afin de protéger les bananeraies contre l’attaque d’un insecte, le charançon noir. Selon une étude de Santé publique France publiée en 2018, sa molécule se retrouve dans le sang de 95 % des Guadeloupéens.
Dés 1963, une étude de l’Université de l’Ohio a montré la toxicité de chlordécone chez la souris et chez la poule. En France, en 1968 et en 1969, l’utilisation du chlordécone est rejetée par la Commission des Toxiques qui dépend du ministère de l’Agriculture.
Mais, en 1972 c’est un bouleversement quand le ministre de l’agriculture de l’époque, Michel Cointat, autorise finalement l’utilisation du chlordécone en France.
Plus tard, en 1975, aux Etats-Unis, des ouvriers d’une usine de production de chlordécone sont victimes de sérieux troubles testiculaires et neurologiques.
Les autorités américaines prennent alors une décision radicale : interdire l’insecticide dans tout le pays à partir de 1976.
En France la substance a donc été massivement utilisée entre 1972 et 1993 ! Pourtant, depuis 1979, cette substance avait été classée « possiblement cancérigène ».
L ’étude « ChlEauterre » : qui a été publiée en septembre 2017 a permis d’identifier les territoires susceptibles de contenir le plus de « chlordécone ». [2] Les spécialistes estiment que les sols sont pollués pour au moins 600 ans, soit plus qu’un quart de la surface agricole des îles a été directement contaminé par le chlordécone. Ce sont les terres, mais aussi les nappes phréatiques, les rivières et même l’océan qui sont actuellement contaminés ! La catastrophe est telle qu’il est interdit de pêcher certains poissons dans l’océan Atlantique à moins de 500 m des côtes
Sur le plan sanitaire : la Martinique est le lieu avec le plus haut taux de cancer de la prostate au monde : 227 cas pour 100 000 hommes. En Guadeloupe le taux de cancer de la prostate est également élevé avec 184 cas pour 100 000 hommes.
Or en ce début d’année, une bande dessinée illustre ce désastre sanitaire :
Le scandale du chlordécone dans les Antilles françaises par Jessica Oublié, Kathrine Avraam, Vinciane Lebrun et Nicola Gobbi
Jessica Oublié, installée en Guadeloupe depuis février 2018, y découvre avec stupéfaction les dommages du chlordécone sur l’environnement, l’eau, les aliments et les populations. Elle y consacre dix-mois de recherche et d’écriture qui la font voyager entre la Guadeloupe, la Martinique, l’Hexagone, les États-Unis et la Belgique et qui aboutissent à la publication de Tropiques toxiques, son deuxième roman graphique documentaire. Kathrine Avraam est autrice de bande dessinée et Illustratrice d’origine grecque. Elle est installée en France depuis 2015. Nicola Gobbi est auteur de bande dessinée et illustrateur. Il a illustré plusieurs albums en Italie. Vinciane Lebrun est photographe documentaire et fondatrice de l’agence Voyez-Vous.
Ce documentaire illustré permet de suivre les aventures de cette molécule chimique là où elle a été utilisée.