“Le débat sur la réalité du changement climatique est derrière nous. Il nous faut désormais avancer des solutions pour un futur désirable”. Le climatologue et physicien Hervé Le Treut va occuper cette semaine le poste de président du comité d’organisation d’une conférence internationale placée sous le signe de la transversalité. Avec “Notre avenir commun face au changement climatique” tous les domaines scientifiques pouvant apporter une contribution à cette question sont convoqués à l’Unesco et à l’université Pierre et Marie Curie (UPMC). Mardi 7 juillet 2015 a bien été consacré à un état des lieux des connaissances sur le changement climatique et ses impacts, les trois jours suivants seront l’occasion de se pencher sur la contribution de la science à résoudre les problèmes d’adaptation qui se posent à l’humanité toute entière. C’est ainsi que le mercredi sera consacré au “paysage d’un monde futur”. Il s’agira d’imaginer les villes résilientes des décennies qui viennent avec la perspective d’un monde à 80% urbain. Les scénarios d’évolution de la biodiversité impactée par la hausse des températures seront explorés et on se posera la question de la vulnérabilité des activités humaines, de la sécurité alimentaire et de l’approvisionnement en eau de qualité.
Des liens nouveaux entre la communauté scientifique et la société
Jeudi a été abordé la question de l’adaptation.
Comment aller vers une économie bas carbone ?
Comment financer le développement des énergies renouvelables ?
Quels outils mettre en place pour accélérer cette transition ? Le quatrième jour, enfin, est certainement celui qui porte tous les espoirs des organisateurs. Il s’agit en effet de tisser des liens entre la communauté scientifique et la société civile. “Nous devons, nous scientifiques, montrer que nous avons des propositions à faire et pour cela nous allons initier un dialogue avec les domaines économiques, technologiques, financiers, institutionnels, éducatifs afin d’expliquer la transition entre les connaissances actuelles et les solutions futures” expose Hervé Le Treut.
L’initiative menée sous l’égide du Conseil international pour la science, Future earth, l’Unesco et les institutions scientifiques françaises a connu un très vif succès au sein d’une communauté scientifique internationale résolue à resserrer les liens avec la société. La perspective, c’est bien sûr, celle de la négociation internationale sur le climat de décembre prochain à Paris, la COP21. “Il y aura à l’issue de ces quatre jours la publication d’un texte court où la communauté scientifique s’adressera à toutes les parties en présence : négociateurs, décideurs, entreprises, ONG” annonce par avance Claire Weill, secrétaire générale de la Conférence. La place de la science dans les débats actuels sur la nécessaire transition que doivent mener les communautés humaines, y sera rappelée, son apport bien défini, son rôle et sa mission réaffirmés.
Lors de cette conférence internationale sur le changement climatique à l’Unesco, les écologues ont témoigné de leur inquiètude du devenir de nombreuses animales et végétales qui auront bien du mal à supporter le réchauffement climatique.
La conférence “Notre futur commun face au changement climatique” se conclut par un appel des scientifiques pour un accord robuste sur le climat à la COP21 de Paris en décembre.*
La déclaration signée par les 36 sommités scientifiques du comité d’organisation de la conférence qui vient de se tenir à l’Unesco à Paris proclame : “Le changement climatique est un défi essentiel du 21e siècle. Ses causes sont profondément ancrées dans la façon dont nous produisons et utilisons l’énergie, faisons pousser les récoltes, gérons les paysages et consommons au-delà de nos besoins. Ses effets peuvent impacter chaque région du monde, chaque écosystème et de nombreux aspects de l’activité humaine. Sa solution réclame un engagement ambitieux pour notre futur commun”. Il s’agit donc de l’impérieuse nécessité d’entrer à marche forcée dans une économie en mutation qui ne brûlerait plus du tout de charbon, de pétrole et de gaz.