Le Dr Marc Arazi et le Dr Annie J. Sasco réagissent pour Alerte Phonegate et demandent aux pouvoirs publics une protection de la santé des enfants, des jeunes et des millions d’utilisateurs de téléphones portables.
L’agence Santé Publique France, avec les registres des cancers Francim, des Hospices Civils de Lyon et de l’Institut National du Cancer a publié en juillet 2019 (mise à jour en septembre 2019) les estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018. Celles-ci reposent sur la modélisation des données d’incidence observées (nouveaux cas) jusqu’en 2015 par les registres de cancers, complétées par des projections jusqu’en 2018.
Le volume 1 du rapport est consacré aux tumeurs solides (27 tumeurs et 22 sous-types). Entre 1990 et 2018, le taux d’incidence global des tumeurs solides reste relativement stable chez l’homme et continue d’augmenter chez la femme. Dans le même temps, le nombre annuel de nouveaux cas de glioblastomes avec confirmation histologique (un des types de cancer du cerveau les plus agressifs) a été multiplié par quatre et plus pour les deux sexes.
En 20 ans multiplication par 4 des glioblastomes qui touchent tous les âges
Santé publique France estime à 3 481 le nombre de nouveaux cas de ces glioblastomes en France métropolitaine en 2018, dont 58 % chez l’homme. Ils n’étaient que de 823 en 1990.
Les tendances par âge montrent une augmentation de l’incidence quel que soit l’âge et quel que soit le sexe entre 1990 et 2018.
Selon Santé Publique France des observations similaires sont constatées aux Etats-Unis où une augmentation de l’incidence des glioblastomes a également été observée dans les années 1980‑1990 en lien avec les progrès diagnostiques. Par ailleurs, une étude australienne rapporte une incidence croissante des glioblastomes confirmés histologiquement sur la période 2000‑2008.
L’exposition aux ondes parmi les facteurs possibles évoqués par Santé publique France
En conclusion de son analyse, Santé Publique France considère que les facteurs extrinsèques qui peuvent jouer un rôle dans l’augmentation de l’incidence du glioblastome pourraient être :
« la radiothérapie cérébrale et peut‑être une exposition intense et prolongée aux pesticides (agriculteurs)[14].
Les dernières études épidémiologiques et les expérimentations animales seraient en faveur du rôle carcinogène des expositions aux champs électromagnétiques [15]«
Devoir absolu de protéger les enfants et les jeunes
Pour le Dr Annie Sasco, médecin épidémiologiste du cancer, ancienne Directrice d’Unité de Recherche au CIRC-OMS:
« L’évolution des taux d’incidence et de mortalité des tumeurs du système nerveux central dans leur ensemble et surtout des glioblastomes au cours des trente dernières années est particulièrement préoccupante. Bien sûr les conduites diagnostiques ont évolué et jouent un rôle surtout pour les personnes les plus âgées. Il n’en reste pas moins une augmentation réelle y compris chez les plus jeunes pour lesquels il est vraisemblable que les modalités diagnostiques ont moins changé que chez les personnes âgées et qui donc peut être liée à des facteurs environnementaux et en premier lieu à l’usage des téléphones portables ou sans fil. Informer le public devrait permettre de ne pas continuer sur cette trajectoire d’augmentation notamment chez les sujets jeunes, avec le devoir absolu de protéger les enfants en ne leur permettant pas d’utiliser un téléphone cellulaire et de façon générale en les protégeant de l’exposition aux champs électromagnétiques»
Urgence pour les pouvoirs publics d’agir face à des dizaines de milliers de morts
Pour le Dr Marc Arazi, Président d’Alerte Phonegate :
« Durant les 2 dernières décennies ce sont près de 50 000 personnes qui ont été atteintes en France par cette tumeur du cerveau extrêmement agressive et dont la mortalité est très importante. C’est aussi pendant cette période que la téléphonie mobile a explosée et que les industriels nous ont sciemment surexposés aux ondes de nos téléphones portables. Ce scandale industriel et sanitaire porte un nom, le « Phonegate » ! Les pouvoirs publics ne peuvent plus nier les évidences et doivent de toute urgence protéger la santé des dizaines de millions d’utilisateurs.
L’ensemble des éléments sont disponibles en français de la page 316 à 322 du rapport.
[14] Almairac F, Paquis P. L’encyclopédie neurochirurgicale. Glioblastomes. Janv 2015.
[15] Anthony B. Miller, L. Lloyd Morgan, Iris Udasin, Devra Lee Davis. Cancer epidemiology update, following the 2011 IARC evaluation of radiofrequency electromagnetic fields (Monograph 102) Environmental Research. 2018. 167:673-683.