L’équipe de la Nasa et de l’Université Columbia de New York vient de publier son bilan climatique de l’année 2021.
Il en ressort que l’année 2021 se classe donc en sixième position ex-aequo avec 2018 des années les plus chaudes depuis le début des relevés thermométriques, les 8 dernières années étant les plus chaudes.
Le rythme de réchauffement des continents est environ 2,5 fois plus rapide que celui des océans. C’est notamment ce qui explique que des signes du réchauffement s’y manifestent beaucoup plus fortement que ce que laisserait penser la moyenne planétaire.Par ailleurs montre l’amplification polaire du réchauffement sur l’Arctique, est en parfaite concordance avec les prévisions climatiques faites il y a 30 ans.
Les températures au dessus de la moyenne ont été observées de façon inhabituelles à ces latitudes toute l’année, que ce soient au Canada, au Groenland comme en Sibérie, occasionnant sécheresses, feux de forets et de nombreux effets graves sur la faune et la flore.
Les 12 derniers mois ont ainsi fourni leur lot d’événements climatiques exceptionnels.
- L’un d’entre eux a marqué les esprits : l’installation d’un “dôme de chaleur” d’une vigueur inédite sur la partie ouest de l’Amérique du Nord. L’épisode a notamment conduit à la destruction quasi intégrale par un incendie du village de Lytton, peu après qu’y fut relevée la température la plus élevée jamais enregistrée au Canada, un invraisemblable 49,6°C.
- Le vortex polaire qui a saisi en février le sud des Etats-Unis, où les températures ont approché les -20°C.
- La vague de chaleur qui s’est abattue sur l’Europe du sud en août, lors de laquelle le record absolu de température du Vieux Continent a été battu (48,8°C en Sicile), tandis que des feux de forêt d’une envergure inédite ravageaient l’île d’Eubée en Grèce.
- Des pics de chaleur historique sur le cercle arctique tout au long de l’année, avec des températures supérieures de 10 à 20°C aux normales, et un record absolu de 38°C enregistré à Verkhoyansk (Russie) le 19 mai 2021.
- Un nouvel incendie géant en Californie, le Dixie Fire, le deuxième plus important qu’ait connu cet état en proie à une sécheresse chronique. En 2021, Los Angeles n’a ainsi connu que 24 jours de précipitations, pour un cumul de seulement 150 mm (2,5 fois moins que la moyenne de référence).
- Des pluies torrentielles et meurtrières comme connu l’Ouest de l’Europe mi-juillet, en particulier Allemagne, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas, qui ont été d’une ampleur meurtrière comme d’ailleurs en Chine , en Inde et dans bon nombre de secteurs asiatiques.
Pour la partie Pacifique c’est l’inverse : avec une forte Niña depuis 2020, ce qui explique la diminution de la température planétaire relativement à 2016. Et pourtant, la forte Niña de 2021 n’empêche pas cette année d’être bien plus chaude que les années à Niño des années 1990. Les épisodes El Niño boostent la température mondiale tandis que les Niña les diminuent, avec un décalage de quelques mois sur l’indicateur océanique mesurée au large du Pérou.
Si ce n’est qu’exceptionnelles, ces modifications climatiques risquent de l’être de moins en moins. “Le changement climatique induit par l’homme a déjà des répercussions sur la fréquence et l’intensité de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde”, tranchait en août 2021 le 6e rapport d’évaluation du GIEC (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Catastrophes à répétition, anomalies climatiques de plus en plus marquées, biodiversité en péril… Il aura fallu des aberrations climatiques désormais observables en quasi-direct pour que l’Homme prenne enfin conscience de la vulnérabilité de sa planète. De même, il aura fallu attendre que les experts jugent certains changements climatiques “irréversibles” pour que l’on commence à admettre que ces désastres de long terme sont déjà l’urgence d’aujourd’hui.