Tous les articles par Jacqueline Collard

On reparle à nouveau de la pollution au cadmium

Un nouveau reportage de « Zone interdite » a remis en évidence la présence de cadmium à des taux inacceptables, en révélant la présence de cet élément faisant partie des métaux  lourds hautement cancérigènes dans notre alimentation quotidienne.

Pourquoi sommes-nous Français tout particulièrement impactés?

En France nous importons majoritairement des engrais phosphatés d’origine marocains, or ceux-ci ont des concentrations en élément cadmium 5 à 8 fois plus élevées que les phosphates en provenance d’autres pays. Cela résulte d’un accord privilégié avec le Maroc pour des livraisons d’engrais sans que des droits de douane ne leur soient exigés.

Et ceci même si l’Anses recommande de passer sous 20 mg/kg alors que l’UE est moins exigeante avec 60 mg/kg, et de ce fait:

  • La France est le 1er pays européen  en termes de contamination.
  • 1 adulte sur 2 dépasse déjà le seuil limite de cadmium fixé par les autorités sanitaires.
  • alors que certains pays d’Europe ont déjà baissé leurs normes comme la Finlande et la Slovaquie

Ainsi, c’est tous les jours que l’on peut  manger (à notre insu) du pain, du riz, des fruits ou des légumes contaminés par le cadmium, pour peu que leurs productions aient nécessité l’usage de ces engrais fort couramment utilisés en agriculture intensive, mais on trouve aussi des traces dans le chocolat, les crustacés, les mollusques comme dans  les céréales du petit-déjeuner.

Cet élément ingéré par l’alimentation s’accumule dans le sang, puis dans le  foie et dans les reins, et il peut mettre jusqu’à 30 ans à être éliminé ! Les conséquences du cadmium sur la  santé sont graves : cancers du pancréas, des poumons, de la thyroïde, des reins, de la prostate… En France, 47 % des adultes et près d’un enfant sur cinq affichent des niveaux de cadmium supérieurs à ceux recommandés par les autorités sanitaires.

Chez les adultes français, l’imprégnation moyenne au cadmium mesurée entre l’étude ENNS (2006-2007) et l’étude ESTEBAN (2014-2016) a augmenté de 75%. À titre d’exemple, une étude aux États-Unis montrait un taux moyen d’imprégnation des moins de 18 ans plus de 4 fois inférieur à la France.

Il devient urgent de demander en France une réglementation plus stricte.

Compléments:

  • Oleko Amivi, Fillol Clémence, Saoudi Abdessattar et al., Imprégnation de la population française par le cadmium. Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016, Santé Publique France, Juillet 2021. 

Les brèves de l’ASEF – Spécial Cadmium –

Cadmium et ses composés

 

 

 

 

Interdiction des contenants plastiques pour la petite enfance

Le jeudi 30 janvier 2025 est paru au Journal officiel le décret encadrant l’interdiction des contenants alimentaires en plastique dans certains établissements de santé et certains établissements accueillant des enfants et de jeunes adultes.

Concernant la définition, il s’agit des « objets destinés à contenir des denrées alimentaires et entrant en contact avec ces mêmes denrées utilisés pour la cuisson, pour la préparation des plats chauds en cuisine, pour la remise en température, pour la présentation des plats chauds et froids aux convives, par les convives, c’est-à-dire la vaisselle.»

Adoptée en 2018, l’article 28 de la loi EGALim interdisait l’utilisation du plastique dans les écoles et les structures accueillant des enfants de moins de six ans, donc les EAJE( Établissements accueillant des jeunes enfants) , à partir du 1er janvier 2025.

L’article 77 de la loi AGEC (loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire) interdit, au plus tard le 1er janvier 2025, les contenants alimentaires en plastique dans les services de pédiatrie, d’obstétrique et de maternité, ainsi que dans les centres périnataux de proximité et les services de protection maternelle et infantile (PMI).

Les biberons sont bien concernés par la réglementation, c’est un contenant de service. À compter de 2025, les crèches devront servir les jeunes enfants avec des biberons non plastiques.

L’interdiction du plastique concerne également les PMI, en vertu cette fois de la loi AGEC adoptée en 2020 et, dans ce cadre, un décret est paru le 30 janvier 2025.

Décret n° 2025-80 du 28 janvier 2025 relatif aux dérogations à l’interdiction, prévue au III de l’article L. 541-15-10 du code de l’environnement, d’utiliser certains contenants alimentaires en plastique Extrait du Journal officiel électronique authentifié PDF – 202,2 Ko

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000051058924

SPF : Santé publique France publie une étude économique sur la pollution atmosphérique

Cette étude fournit une évaluation économique des impacts de la pollution de l’air sur l’ensemble de la France hexagonale. Elle s’appuie sur des analyses de 2016-2019 selon lesquelles la mortalité liée à la pollution de l’air ambiant reste un risque conséquent en France avec 40 000 décès attribuables chaque année aux particules fines.

La pollution de l’air ambiant a été examinée à propos du développement de huit maladies qui ont un lien scientifiquement avéré avec l’exposition aux PM2,5 et/ou au NO2, à savoir :

Cette étude a été menée en partenariat, d’une part sur le volet sanitaire avec l’Ineris, l’ORS Île-de-France, le Creai-ORS Occitanie, le Citepa et le Centre d’investigation clinique 1401 – Épidémiologie clinique (Inserm/CHU de Bordeaux), et d’autre part sur le volet économique avec Aix-Marseille School of Economics (Aix-Marseille Université/CNRS). Elle s’est appuyée sur la démarche conduite dans le cadre du projet EMAPEC « Estimation de la morbidité due à la pollution atmosphérique et de ses impacts économiques » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), auquel Santé publique France a également contribué.

L’étude montre que la réduction des concentrations en PM2,5 et NO2 à des niveaux équivalents aux valeurs guides de l’OMS permettrait d’éviter 75 % de ces cas de maladies liées à l’exposition aux PM2,5 en lien avec les activités humaines et près de 50 % pour le NO2. À titre d’illustration, le respect de la valeur guide de l’OMS pour les PM2,5 permettrait d’éviter presque 30 000 nouveaux cas d’asthme chez l’enfant de 0 à 17 ans.

Tout le monde est concerné par la pollution de l’air ambiant et ses impacts. L’évaluation de cet impact sur des maladies chroniques et ses conséquences économiques, fruit d’un travail partenarial, est une première en France. Cet impact est estimé à 12,9 milliards d’euros en lien avec les PM2,5, soit presque 200 euros par an et par habitant, et à 3,8 milliards d’euros pour le NO2, soit 59 euros par an et par habitant.

L’objectif : Réduire la pollution de l’air ambiant qui aurait des effets bénéfiques sur la santé de l’adulte et de l’enfant pour notre Région :

En Auvergne-Rhône-Alpes, si les niveaux de pollution de l’air ambiant baissaient, dans toutes les communes de la région, pour atteindre les niveaux des valeurs guides de l’OMS :

•  entre 360 et 3 600 nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant,
• et entre 350 et 6 600 nouveaux cas de maladies cardiovasculaires, respiratoires ou métaboliques chez l’adulte, pourraient être évités en moyenne chaque année, selon la maladie et le polluant étudié (PM2,5 ou NO2).

Pour consulter les résultats de l’étude :

Le comité des usagers de l’eau de Grenoble communique sur la bonne qualité de l’eau distribuée

Lors du comité des usagers du service de l’eau de la métropole du 22 janvier 2025, la   question de la qualité de l’eau potable a été évoquée, suite aux informations très inquiétantes alertant sur la pollution massive des ressources en eau par les PFAS.

Le comité d’usagers de l’eau potable et de l’assainissement de la Métropole de Grenoble représente un collectif de 34 personnes.

Les membres ont interrogé le service qui surveille quotidiennement la qualité de l’eau potable délivrée dans les 49 communes de l’agglomération. Ce service de la régie est composé de 6 personnes.

Rappelons que 85 % de l’eau distribuée provient des champs captant de Rochefort (Drac) et de Jouchy-Pré Grivel (Romanche), qui est une eau non traitée, cas unique en France, grâce à la filtration très efficace de l’eau pompée dans les nappes phréatiques. Les 15 % restant sont des ressources de coteaux qui ne bénéficient pas de cette très bonne filtration naturelle et sont donc désinfectées au chlore et/ou aux UV, heureusement elles proviennent de bassin d’alimentation souvent quasi-exempts d’activité humaine polluante.

La conclusion de tous ces contrôles est que la qualité de l’eau potable distribuée est très bonne voire excellente pour l’eau provenant des grands champs captant.

Devant l’émergence de nouvelles molécules problématiques et le nécessaire besoin de suivi pour la préservation des ressources en eau, la Régie de l’Eau de Grenoble Alpes Métropole est en cours d’établissement d’une stratégie globale de suivi de la qualité des eaux brutes en vue de leur préservation. Elle poursuivra les échanges avec l’Etat et Arkema pour éliminer le risque lié aux rejets dans la Romanche (à court terme report du rejet plus à l’aval et poursuite de la diminution des rejets).

Pour s’informer sur les pollutions par les PFAS, voir par exemple ici.

https://metropoleparticipative.fr/41-le-comite-d-usagers-de-l-eau-et-de-l-assainissement.htm

Les perfluorés (PFAS) de plus en plus mis en avant face aux inquiétudes

Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) représentent une famille de plus 10 000 produits chimiques de synthèse employés dans l’industrie et les produits de consommation depuis la fin des années 1940, or jusqu’il y a peu ils n’étaient quasiment pas contrôlés. Leurs précieuses propriétés en ont fait des ingrédients de choix dans des milliers d’applications sans qu’il ait eu pendant longtemps en France pas plus qu’en Europe, une prise de conscience de leurs impacts sanitaires. Une myriade de produits de consommation contiennent des PFAS ou sont fabriqués à l’aide de ces substances.

C’est une enquête collaborative internationale de 2023 menée par Le Monde et seize médias partenaires qui ont  commencé à porter le problème sur la scène publique. Ils ont alors recensés plus de 20  entreprises qui en produisaient en Europe  et au moins 5 en France. Rejetés dans les eaux usées ou dispersés sur les sols, les PFAS polluent les nappes et les cours d’eau, et ainsi l’eau potable. Relâchés dans l’air, ils retombent sur les sols et la végétation alentour par l’intermédiaire des précipitations.

Leur nocivité vient de leur extrême persistance dans l’environnement, qui est leur principal point commun, et qui en fait une menace éternelle: c’est ainsi qu’on les dénomme pour beaucoup polluants éternels.Une fois émis, ils sont là pour des centaines et sans doute des milliers d’années. En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer a respectivement classé le PFOA et le PFOS, deux PFAS historiques,  cancérogène certain pour l’homme ( 1) ou cancérogène possible ( 2B) pour le second. Néanmoins, la prise de conscience progresse et a abouti à quelques mesures. Ainsi, trois PFAS sont d’ores et déjà interdits ou restreints (avec des dérogations limitées à certaines applications) au niveau international : le PFOS en 2009, le PFOA en 2020 et le PFHxS en 2022 (3). Certains usages sont prohibés, à l’instar du PFOS dans le téflon des ustensiles de cuisine .

Une « restriction universelle » présentée le 7 février 2023 vise à interdire la fabrication, la mise sur le marché et l’utilisation de tous les PFAS au sein de l’Union européenne (UE), mais elle ne serait applicable qu’à partir de 2026.

C’est donc des mesures collectives et à grande échelle qui devraient être prises pour  éviter cet impact sur la contamination généralisée de notre environnement.

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/02/23/polluants-eternels-explorez-la-carte-d-europe-de-la-contamination-par-les-pfas_6162942_4355770.html

L’enquête s’appuie sur plus de 14 000 documents inédits sur les « polluants éternels », issus notamment de 184 demandes d’accès à l’information, dont 66 effectuées et partagées par Corporate Europe Observatory. ( site : foreverpollution.eu)