Tous les articles par Jacqueline Collard

Pendant la journée sans portable, on fait quoi ?

À l’origine, cette journée fut créée pour que l’on puisse avoir une idée de la véritable relation que l’on a avec  son portable. Sauf qu’ au début des années 2000, les mobiles ne permettaient qu’un seul usage ou presque : passer un coup de fil. Depuis 2001, le 6 février est la Journée mondiale sans téléphone portable.

Selon les résultats du Baromètre 2022 du numérique concernant la diffusion des équipements numériques et l’évolution de leurs usages montrent que plus de neuf Français sur dix sont connectés à internet. 87% des répondants possédaient un smartphone. Chaque jour en France, 37,4 millions de personnes naviguent sur Internet depuis leur téléphone portable et 6 Français sur 10 se connectent à leurs réseaux sociaux ou utilisent des applications.

En dehors des smartphones, l’équipement de connexion est caractérisé ainsi :

40% utilisent des objets connectés (dispositifs de santé, domotique, électroménager) ;

62% jouent à des jeux vidéo ;

6 sur 10 ont une tablette ;

27% disposent d’enceintes Bluetooth.

Si la communauté scientifique internationale ne reconnaît pas encore l’usage abusif du téléphone mobile comme une maladie, certaines études avancent des chiffres inquiétants. Ainsi, au Royaume-Uni, 53 % des utilisateurs de téléphones mobiles, et jusqu’à 76 % chez les jeunes de 18 à 24 ans, auraient tendance à être anxieux quand leur téléphone est perdu, à court de batterie, ou sans couverture réseau et nous n’en sommes pas loin en France. Pour pallier à cette anxiété avérée les constructeurs ont développé des applications et fonctionnalités censées vous faire prendre conscience du temps passé sur votre appareil. Il faut dire que, d’après certaines études, un Français passe en moyenne 3,9 heures par jour les yeux rivés sur son écran, alors que cette durée n’était que de 2,7 heures en 2019. On  estime à l’heure actuelle celle ci portée à 4h 30. Une pause en cette journée emblématique pourrait s’avérer bien utile, mais… difficilement envisageable en 2023. Ainsi la durée moyenne de temps passé sur un écran s’élève à 32 heures par semaine dans notre pays.

Reste que malgré la bonne volonté apparente des constructeurs de mobiles, le cœur de leur stratégie commerciale réside dans le partage de nos données, et sur l’attention que vous portez aux produits et aux applications embarquée dans le marketing. Avec le développement du numérique et la multiplication des applications, ils sont devenus quasi indispensables à notre quotidien, au point d’être une source d’addiction insoupçonnée des utilisateurs généralement.Bien qu’ils soient pratiques, efficaces et accessibles, les outils numériques génèrent une hypersollicitation permanente. C’est à nous de fixer les limites de nos usages.

« Le principal écueil de la personne hyperconnectée est de ne plus profiter de l’instant présent, à force de photographier/partager/commenter en permanence ce qu’elle fait ».

Et pourtant l’ADEME nous donne quelques détails intéressants qui devraient nous amener à réfléchir sur cette utilisation massive: l’empreinte carbone de votre smartphone et de son utilisation.

Elle estimait au 1er janvier 2022 l’empreinte carbone par utilisateur sur un réseau mobile à 50g CO2e/Go (gramme CO2 équivalent par gigaoctet). Pour l’entreprise Carbo, l’usage des données mobiles émettrait en moyenne 19g de CO2e par jour. C’est tout simplement 2 500 fois plus que les émissions liées à la batterie du téléphone.Le le coût environnemental du numérique en France est ainsi de 2,5% de l’empreinte carbone et 10% de la consommation électrique.

Quelques conseils pourraient nous être proposés afin de profiter de cette pause digitale:

  • Laisser son portable pendant une heure, en le tenant à distance loin des notifications et messages
  • Passer des moments dans l’instant présent, sans smartphone dans la main.
  • Le soir, respecter un temps calme sans écran avant de s’endormir.
  • Pendant la nuit, ne pas laisser le téléphone dans la chambre à coucher.
  • Au travail, finir sa tâche tranquillement sans répondre aux sollicitations.

L’édition 2022 du Baromètre du numérique(nouvelle fenêtre) est une étude annuelle réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) .

Ademe  infos numérique avril 2022

presse.ademe.fr/2022/01/numerique-responsable-et-si-nous-adoptions-les-bons-reflexes.html

2 février : Conférence de presse du collectif Secrets toxiques

Carences dans l’homologation des pesticides, toxicité des produits sous-évaluée : 30 organisations et 23 députés déposent un recours au Conseil d’Etat

Conférence de presse du 2 février 2023

Communiqué de presse 

Le 5 octobre 2022, Secrets Toxiques, avec 29 organisations et 28 députés avaient mis en garde la Première Ministre, Elisabeth Borne, sous la forme d’une demande préalable, contre l’absence de procédures scientifiques permettant de s’assurer de l’innocuité des pesticides commercialisés en France, en particulier pour ce qui concerne l’étude de la toxicité chronique des mélanges de molécules au sein d’un même pesticide – connu également sous le nom d’« effet cocktail ».

Cette demande préalable n’ayant reçu aucune réponse dans le délai de deux mois dont disposait le gouvernement, les requérants procèdent maintenant au dépôt d’un recours devant le Conseil d’État.

La réglementation est claire : elle prévoit qu’un pesticide ne peut être autorisé que s’il est démontré qu’il n’a pas d’effet néfaste à court ou à long terme sur la santé humaine ou l’environnement.

Pourtant, dès 2019 la Cour de Justice de l’Union Européenne affirmait dans un arrêt que les « tests sommaires » réclamés par les autorités sanitaires « ne sauraient suffire à mener à bien cette vérification ». Un constat confirmé par de récentes expertises collectives de l’INSERM et de l’INRAE-Ifremer, qui démontrent, sur la base de milliers de publications scientifiques, l’existence de nombreux effets délétères des pesticides, tant sur la santé humaine que sur l’environnement, et cela malgré les exigences réglementaires européennes et nationales.

Malgré ces alertes scientifiques, le gouvernement français n’a toujours pas enclenché les réformes nécessaires pour se mettre en conformité avec la loi et protéger les populationsPar le dépôt de ce recours, les associations et parlementaires exigent l’application du règlement européen tel qu’interprété par la CJUE. Le gouvernement doit inclure, dans les dossiers de demande d’autorisation de mise sur le marché des pesticides, des analyses de toxicité à long terme et de cancérogénicité portant sur les formulations complètes – c’est-à-dire sur les pesticides tels qu’ils sont commercialisés. Les requérants demandent également que ces données soient présentées dans les rapports d’évaluation publics.

Secrets Toxiques est une campagne portée par 47 organisations et 17 groupes locaux

Contacts presse

Andy Battentier : 07 69 16 14 18 – andy.battentier@protonmail.ch
Guillaume Tumerelle : 06 48 06 63 61 – guillaume.tumerelle@avocats-tumerelle.fr
Organisations requérantes
Association Nationale pour la Protection des Eaux et Rivières, Alterna’bio, Campagne glyphosate France, Collectif Anti-Pesticides 66, Collectif anti-OGM 66, Comité Écologique Ariègeois, Confédération paysanne France (et ses groupes locaux Aveyron, Lot et Ariège), Foll’avoine, Générations Futures, Halte OGM 07, Le Chabot, Nature & Progrès France (et ses groupes locaux Aveyron et Tarn), Nature Rights, Notre Affaire à Tous, PIG BZH, Santé Environnement Auvergne/Rhône-Alpes, SOS MCS, Terre d’abeilles, Union Nationale de l’Apiculture Française
Députés requérantes et requérants

Gabriel Amard (LFI-NUPES), Ségolène Amiot (LFI-NUPES), Rodrigo Arenas (LFI-NUPES), Julien Bayou (Ecologiste-NUPES), Lisa Belluco (Ecologiste-NUPES), Manuel Bompard (LFI-NUPES), Sylvain Carrière (LFI-NUPES), Sophia Chikirou (LFI-NUPES), Jean-François Coulomme (LFI-NUPES), Catherine Couturier (LFI-NUPES), Alma Dufour (LFI-NUPES), Elsa Faucillon (GDR-NUPES), Marie-Charlotte Garin (Ecologiste-NUPES), Clémence Guetté (LFI-NUPES), Mathilde Hignet (LFI-NUPES), Jérémie Iordanoff (Ecologiste-NUPES), Arnaud Le Gall (LFI-NUPES), Charlotte Leduc (LFI-NUPES), Pascale Martin (LFI-NUPES), Marie Pochon (Ecologiste-NUPES), Loïc Prud’homme (LFI-NUPES), Sandra Regol (Ecologiste-NUPES), Matthias Tavel (LFI-NUPES)

 

Railcoop : la ligne Lyon Bordeaux refait parler d’elle

Après avoir reporté à deux reprises le lancement de sa première ligne de transport de passagers Lyon-Bordeaux, Railcoop la première coopérative ferroviaire française envisage d’accélérer à nouveau en ce début d’année: en effet elle vient de trouver un partenaire de choix la Métropole de Lyon et la ville de Lyon. Rail coop a en vue de faire renaître des lignes ferroviaires abandonnées à travers l’Hexagone, à l’image de son projet de ligne Lyon-Bordeaux. Elle espérerait accueillir à terme 1,4 million de personnes sur cette liaison, un projet ferroviaire d’intérêt général : la relance d’une liaison voyageurs transversale Bordeaux – Lyon via Limoges, abandonnée depuis fin 2012 par la SNCF .

Cependant le chemin est encore long, puisqu’elle a estimé l’ensemble de ses besoins en financements à une quarantaine de millions d’euros au total or elle en a pour l’instant atteint 5, 8 millions. Les élus métropolitains ont en effet délibéré en faveur d’une entrée au capital de la coopérative, à hauteur de 80.000 euros. Une annonce qui vient par ailleurs abonder le vote, survenu le 15 décembre dernier, du conseil municipal de Lyon qui confirmait lui aussi une participation de 20.000 euros.

Railcoop dispose à ce jour d’un capital social de 5,8 millions d’euros, détenu à 80% par des personnes physiques,( la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC)  compte près de 13 700 sociétaires ) contre 13% pour des collectivités locales, 6% par des entreprises et associations et 1% par ses salariés.

La petite compagnie, basée dans le Lot, compte proposer deux allers-retours par jour entre Bordeaux, Périgueux, Limoges, Montluçon, Roanne et Lyon, en 7 h 30 environ, ressuscitant une liaison transversale abandonnée par la SNCF en 2014. Le prix d’appel pour ce trajet est prévu aux alentours de 42 euros, un tarif qui sera certainement amené à évoluer en fonction de l’inflation d’ici au lancement de la ligne.

Pour l’heure, la levée en fonds participatifs hébergée sur Lita est toujours en cours jusqu’en mars prochain, et il n’est pas encore exclu que de nouveaux tours s’ouvrent par la suite sous le même format. Railcoop a par ailleurs commencé à opérer une ligne de fret entre Toulouse et l’Aveyron, sur laquelle elle projette de réaliser 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, en s’appuyant sur le transport du bois notamment.

Le projet de Railcoop s’inscrit dans une logique de complémentarité vis-à-vis de l’opérateur public national SNCF Voyageurs, mais aussi en tant qu’opérateur de fret ferroviaire de proximité (courtes-moyennes distances).

En rejoignant la SCIC, la Métropole et la Ville de Lyon :
• se dotent d’un levier supplémentaire pour agir sur les enjeux de de mobilité : report modal pour les déplacements de voyageurs et de marchandises, désengorgement, réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur ;
• contribue à un aménagement plus équilibré du territoire à travers le renouveau des liaisons ferroviaires transversales de moyenne et longue distance, abandonnées depuis plusieurs décennies par l’État et la SNCF au profit d’un réseau radial centré sur Paris (4 allers-retours quotidiens Lyon – Bordeaux via Limoges ou Clermont-Ferrand à l’orée des années 2000, 0 depuis 2013).

Pour Jean-Charles Kohlhaas, vice-président délégué aux Déplacements : « L’entrée au capital de la SCIC Railcoop est un signal politique important en faveur du remaillage du réseau ferroviaire national.
Depuis la fin des années 1980, les liaisons transversales Lyon – Atlantique ont progressivement été abandonnées par l’État et la SNCF, au profit du TGV via Paris qui laisse orphelins de toute desserte des pans entiers du territoire national (Auvergne, Limousin…).»

Des particules nanométriques là où on ne les attend pas !

Un de nos partenaires l’AVICENN* vient de présenter son nouveau  rapport :  Celui ci révèle ainsi la présence de nanoparticules d’argent, de fer, de cuivre, de dioxyde de titane ou de silice dans pas moins de 20 sur 23 produits du quotidien qui étaient supposés ne pas en contenir !

Un spray colorant pour cheveux, une poudre illuminatrice et un maquillage « perlescent » risquent de nous faire inhaler des nanoparticules de dioxyde de titane ; un baume pour les lèvres et un simple comprimé médicamenteux nous en font ingérer sans le savoir… Il y a aussi des nanoparticules d’argent non déclarées dans des culottes menstruelles, les brosses à dents ou les masques bactéricides.

Et il y a pire encore du côté de l’alimentation, du côté des sels, cacao, épices, lait maternisé en poudre, et même jambon cru : nous ingérons, toujours à notre insu, des nanoparticules de silice parce qu’elles entrent dans la composition d’un additif alimentaire (le E551). L’association, extrapolant à partir d’un des produits testés, estime qu’un seul bol de soupe pourrait contenir jusqu’à 40mg de silice, soit des milliards de nanoparticules !

Pour en revenir à l’additif alimentaire E551, il est dispensé d’étiquetage nano… pour la simple raison qu’il n’a plus à figurer à la liste des ingrédients des additifs  ! Est en effet désormais dispensé d’affichage tout additif entrant dans la composition d’un autre additif (et le E551 justement entre dans la composition des nitrites du jambon !) ou étant présent à moins de 1 % du poids du produit (ce qui est la plupart du temps le cas dans les produits considérés où il joue, seul, le rôle d’un antiagglomérant…). Faute d’être étiqueté comme additif, le E551 ne risque pas d’être étiqueté pour les nanos qui le composent !

*Avicenn : association de veille et d’information civique sur les enjeux des nanosciences et des nanotechnologies

L’association ( et nous la soutenons) en profite résultats à la clé pour demander:

Améliorer les connaissances sur les nanos et les risques associés

Accroître la transparence et l’étiquetage [nano]

 pour les pouvoirs publics : Déployer un dispositif pluri-annuel d’évaluation des risques associés aux nanomatériaux, financé par un « compte nanosafety » abondé par les entreprises, dans un cadre formalisé permettant d’assurer l’indépendance des recherches menées.
pour les entreprises : En amont, mener des recherches et participer au financement de recherches indépendantes via le compte « nanosafety » pour étudier, minimiser les risques de leurs nanos, tant sur la santé que sur l’environnement et ce, tout au long du cycle de vie des produits :
depuis leur fabrication, jusqu’à leur fin de vie en passant par leur utilisation, lavage, usure, …
Évaluation des risques sanitaires et environnementaux des nanos
Remédier au fiasco du non-étiquetage

Pour plus de précisions, le rapport d’essai complet du LNE est disponible sur demande à l’adresse contact@veillenanos.fr

Source : rapport de l’association AVICENN « En quête de [nanos] dans les produits du quotidien », décembre 2022

 

2 labels inégaux en concurrence : le bio et le HVE

Le travail des agriculteurs en bio est plus complexe qu’en conventionnel, car travailler plus en lien avec la nature pour ne pas utiliser de produits chimiques demande plus de temps et d’anticipation. Ce mode de production est par ailleurs largement préconisé dans les rapports du GIEC . Par ailleurs de plus en plus d’expertises collectives de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur les impacts des pesticides sur la santé, et de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) sur leurs impacts sur la biodiversité, renforcent l’intérêt vital ce ces modes agriculturaux.

Et malgré ces travaux l’Etat dans son plan stratégique national,( qui décline la politique agricole commune européenne) , a décidé de mettre fin aux aides au maintien à l’agriculture biologique dont les objectifs sont une surveillance de l‘ensemble des étapes de la filière. Cette aide a été remplacée par un « écorégime » hétéroclite dans lequel le montant alloué à la bio est beaucoup plus faible qu’auparavant  renforçant par là celle de la haute qualité environnementale ( HVE) exigence qui ne  permet qu’une certification « générale de l’exploitation. Ce label  incite les agriculteurs à adopter des mesures favorables à l’environnement et la biodiversité, et concurrence d’autant plus le bio qu’il n’est pas aussi exigeant. Ce positionnement est d’autant plus surprenant dans le contexte du changement climatique que l’agriculture biologique est reconnue comme le plus adapté.

Plan stratégique national PSN 2023/2027 : https://agriculture.gouv.fr/pac-2023-2027-le-plan-strategique-national