Tous les articles par Jacqueline Collard

Le plan Eau dévoilé

La raréfaction de l’eau est une problématique d’ampleur planétaire, la France pendant longtemps épargnée ne l’est plus.

Après une année 2022 inédite sur le plan de la météo, les premiers mois de l’année semblent suivre la même tendance. avec records de température, déficit de pluie, nappes phréatiques à sec , et pour ce début d’année cette sécheresse hivernale , des déficits de pluie, 2023 ne permet pour l’instant pas de redresser la barre. Les projections du rapport Drias de Météo France prévoient pour 2050 des records absolus de températures d’ici à cette date, avec une augmentation des températures estivales moyennes de 6 degrés Celsius. Sans une action décisive, le manque chronique d’eau ne trouvera plus de solution et le dernier rapport du Giec ne fait que le confirmer. En cette fin Mars, cela devient donc une priorité de la planification écologique engagée par le Gouvernement, ce plan permettra d’engager une gestion résiliente et sobre de l’eau dans un contexte de changement climatique.

Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 40 % de la population mondiale sera confrontée à des pénuries d’eau d’ici à 2050 et, selon le Global Water Institute, 700 millions de personnes pourraient être déplacées à l’horizon 2030 du fait d’une pénurie d’eau.

Donc il était urgent de prévoir ce plan Eau qui propose une cinquantaine de mesures, c’est avant tout un plan de sobriété et d’efficacité pour l’eau dans la durée. Mais déjà en 2019, lors des Assises de l’eau, le gouvernement s’était déjà engagé à diminuer les prélèvements dans les milieux, les nappes, les lacs, les rivières de 10 % d’ici à 2025 et de 25 % d’ici à 2035 sans que des mesures fortes n’aient été prises.

Parmi les objectifs: généraliser la « tarification progressive » de l’eau pour les usagers domestiques, l’eau était « indispensable à notre souveraineté alimentaire  expérimentée dans certains territoires depuis 2017. Notre consommation domestique directe quotidienne est évaluée à 146 litres en moyenne par personne, chaque jour. Au-delà d’un certain volume de base, le tarif augmentera pour dissuader les usages excessifs.

Parmi les mesures En France, « un litre d’eau sur cinq est perdu en raison des fuites, c’est inacceptable ». Pour y répondre et accompagner les territoires les plus vulnérables, 180 millions d’euros par an « d’aides supplémentaires des agences de l’eau seront dédiés au petit cycle de l’eau » dès 2024, (rallonge de 500 millions d’euros par an pour les budgets des agences de l’eau) est-il indiqué dans le plan.Ces « points noirs » où les taux de fuite sont supérieurs à 50%, sont au nombre de 170 en France, indique l’exécutif .L’été dernier, un document de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement et de l’Office de la biodiversité (OFB) indiquait que plus de 937 millions de mètres cubes d’eau avait été perdus sur l’année 2020 en raison des fuites, soit « l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 18 millions d’habitants ».

À court terme, le gouvernement va ainsi lancer un « Ecowatt de l’eau » « pour que chaque Français, chaque agriculteur, chaque maire, chaque chef d’entreprise puisse connaître les gestes adaptés de manière très transparente et l’évolution de la situation » de l’eau, a précisé le chef de l’État. Ce dispositif est calqué sur l’Ecowatt de l’électricité. Un outil disponible gratuitement sur internet qui permet de savoir s’il y a des tensions sur le réseau et propose aux Français de recevoir une alerte en cas de risque élevé afin d’éviter les coupures en adoptant des écogestes simples, comme lancer son lave-linge à 22 heures plutôt qu’à 19 heures. Autre sujet majeur, la réutilisation des eaux usées. « Seul 1 % des eaux usées sont réutilisées en France. En Italie, c’est 10 fois plus, en Espagne, 20 fois plus et en Israël 100 fois plus », liste-t-il. « Aujourd’hui, un particulier ne peut pas alimenter ses toilettes avec de l’eau de pluie, il faut de l’eau potable.L’objectif est de réaliser 10% d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici 2030.

Sylvain Doublet, responsable de la prospective au sein de Solagro, estime que le plan « eau » n’enclenche pas une véritable adaptation du secteur agricole au dérèglement climatique. Un  sujet épineux d’actualité,  les stockages artificiels d’eau pour les agriculteurs. La mobilisation à Sainte-Soline est motivée par la mise en place de mégabassines, de vastes excavations qui peuvent contenir jusqu’à 650 000 mètres cubes d’eau soit l’équivalent de 260 piscines olympiques, et seize retenues d’eau d’une capacité totale d’environ 6 millions de mètres cubes doivent être construites. Et c’est la poursuite d’un modèle agricole productiviste très gourmand en eau ( 58% de la ressource), privilégiant les gros céréaliers et les cultures de maïs, qui est l’objet de polémiques sachant que ce mode de production n’est pas forcement la solution d’une alimentation durable . D’autant que « En cas d’arrêté préfectoral d’alerte sécheresse », seuls les exploitants raccordés aux bassines auraient le droit de continuer à irriguer et pas les autres.« La règle, c’est bien le partage de la ressource »parait-il?

L’association Générations futures, relève et  s’interroge : « Où sont les mesures sur la pollution ? ». Les dernières révélations sur les polluants éternels dits PFAS n’ont en effet pas été mentionné. Affaire à suivre.

Et l’on revient sur ce nouveau changement d’heure

En France, une consultation en ligne avait été organisée dés le  début de 2019 par l’Assemblée nationale qui avait reçu plus de deux millions de réponses, massivement (83,74 %) en faveur de la fin du changement d’heure.

Une étude de septembre 2015, conduite par la Commission européenne, avait écrit que « la santé peut être affectée par le changement de biorythme du corps, avec de possibles troubles du sommeil et de l’humeur ». En 1997, un rapport du Sénat assurait que « le monde médical était très partagé sur l’existence de troubles imputables à l’heure d’été ». Vrai ou fantasmé, le risque médical a en tout cas été intégré par les potentiels malades : « 19 % des médecins faisaient  état d’une augmentation de la consommation de médicaments et singulièrement de tranquillisants au moment du changement d’heure ».

Ce changement, instauré pour la première fois en 1916 avant d’être abandonné en 1944, a été réintroduit par un décret en septembre 1975. Il se voulait provisoire et avait pour but de limiter la consommation d’énergie en plein choc pétrolier. Au niveau européen, où le régime du changement d’heure a été progressivement généralisé dans les années 1980 avant d’être harmonisé en 2002, la Commission européenne avait proposé en 2018 de le supprimer… en 2019. Mais, en mars 2019, le Parlement européen a voté un report à 2021 et devait s’accorder avec le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement sur les modalités. Depuis, entre le Brexit et la pandémie de Covid-19, la question est restée en suspens.

En France, une consultation en ligne organisée au début de 2019 par l’Assemblée nationale avait reçu plus de deux millions de réponses, massivement (83,74 %) en faveur de la fin du changement d’heure. Plus de 60 % des participants assuraient avoir eu « une expérience négative ou très négative » du changement. L’argument principal en faveur du changement d’heure était jusqu’ici l’économie d’énergie qu’il permettrait de réaliser en profitant des périodes de jour plus longues l’été et en se rapprochant du rythme du soleil l’hiver. Mais plusieurs études sur le sujet montrent des économies en énergie et CO2 « modestes », selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

24 mars clôture de la conférence mondiale de l’eau de l’ONU

Alors que le dernier rapport de l’ONU-Eau et de l’Unesco a été publié ce 22 mars la conclusion est sans appel :  l’humanité est face à une « crise de l’eau imminente ».

C’est dans ce cadre que le  24 mars, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies (ONU) a terminé la  conférence sur le sujet « brulant » de l’eau qui n’avait pas eu lieu depuis 1977. Il est clair que  l’urgence du réchauffement qui  multiplie les sécheresses, et d’après les experts climat de l’ONU (GIEC) qui estiment qu’« environ la moitié de la population mondiale » subit de « graves » pénuries d’eau. Le monde doit, il est clair, se préparer à une « crise de l’eau douce », selon les Nations unies.

Où en est-on ?

En 2020, deux milliards de personnes étaient toujours privées d’une eau potable et 3,6 milliards n’avaient pas accès à des services d’assainissement gérés de façon sûre, dont 494 millions devaient faire leurs besoins en plein air, selon les derniers chiffres compilés par la plate-forme ONU-Eau.

De la construction de toilettes à la restauration de 300 000 kilomètres de rivières dégradées,  près de 700 engagements d’ONG, de gouvernements ou de secteur privé ont été enregistrés dans ce « programme d’action » en amont et pendant les trois jours de cette conférence inédite depuis 1977 qui a accueilli quelque dix mille personnes. Le monde n’est pas sur la voie des objectifs sur l’eau pour 2030, notamment l’accès à l’eau potable et l’assainissement pour tous. Alors « maintenant, c’est le moment d’agir», a lancé Antonio Guterres, qui avait mercredi vilipendé la « surconsommation vampirique » de l’humanité et la crise climatique qu’elle a provoquée. La gestion de la ressource hydrique est un thème universel, complexe, et politiquement sensible. Car, à la différence du changement climatique ou de la biodiversité, elle ne donne pas lieu à des rencontres intergouvernementales régulières.

Pas assez d’eau par endroits, trop à d’autres où les inondations se multiplient, ou de l’eau contaminée : si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, publié par l’UNESCO au nom d’ONU-Eau souligne le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ».

Et en France les chiffres d’un document de synthèse portant sur la ressource et l’utilisation d’eau en France, fait état que le volume annuel d’eau consommé en France métropolitaine, sur la période 2008-2018, était estimé à 5,3 milliards de mètres cubes. Ils montrent les répartitions d’usage, comme le refroidissement des réacteurs qui  capterait 30 % de la ressource d’après des études  du ministère de l’écologie et donc  l’inquiétude monte autour de la ressource hydrique . Selon ce document  le refroidissement des centrales électriques représente la deuxième activité la plus consommatrice d’eau du pays (31 %), derrière l’agriculture (45 %) et devant l’eau potable (21 %) et les usages industriels (4 %).  Des choix stratégiques doivent être envisagés.

Alors, en forme de défi,  une Néerlandaise du Mouvement des jeunes pour le climat faisant un bond dans le temps en 2050, a décrit à la tribune le « signal d’alarme » qu’aura représenté cette conférence, moment où la gestion mondiale de l’eau « a changé pour devenir » plus durable, équitable et juste.

Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau 2022

Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2022 : eaux souterraines : rendre visible l’invisible  UNESCO 2022
Conférence des Nations Unies sur l’eau 202322 – 24 mars 2023, New York

Le dernier rapport du GIEC, pour les décideurs , a été validé le 20 mars

Du 13 au 18 mars, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et des délégations du monde entier se sont réunis à Interlaken, en Suisse. Les 195 pays membres du Giec et les scientifiques impliqués dans les différents rapports vont négocier, ont tenté tenter d’établir un consensus sur l’état des lieux des dernières connaissances scientifiques, le résumé à l’intention des décideurs :une synthèse de ses conclusions depuis 2018. Six fois renouvelé depuis 1990, l’exercice de synthèse en une trentaine de pages des quelque 10 000 pages des six rapports du Giec parus entre 2018 et 2022 pourrait sembler de pure forme. Pourtant, en l’approuvant, le 20 mars , les 195 pays membres du Giec s’accordent sur les causes anthropiques du changement climatique, ses effets et les solutions existantes.

Aujourd’hui, tout le monde est d’accord sur le fait que le changement climatique est réel et sévère. Ce n’est plus vraiment un sujet de controverse au sein du Giec. Par contre, la question des stratégies d’adaptation et d’atténuation est devenue centrale. « La fenêtre d’opportunité pour sécuriser un futur vivable et soutenable pour tous se ferme rapidement »,  insiste le rapport. Cette négociation est également une tribune importante pour les délégations du Sud, autour des enjeux de développement, d’éradication de la pauvreté et d’équité. Face à la crise climatique, le Giec prône la justice sociale et la sobriété « C’est la première fois que le terme “sobriété” apparaît dans une synthèse pour les décideurs politiques », se réjouit Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau Action Climat.

Plus les actions de réduction des émissions seront importantes et rapides, plus on limitera la casse. « Le message important est que pour stabiliser la température mondiale, il faut atteindre zéro émission net de gaz à effet de serre. Plus on l’atteindra tôt, moindre sera le réchauffement », résume  Gerhard Krinner, climatologue à l’Institut des géosciences de l’environnement et auteur du rapport de synthèse.

Face à l’urgence de mettre en place des mesures d’adaptation, la question de l’équité dans l’accès à ces mesures entre pays, mais aussi au sein d’un même pays, devient une priorité .

Dans la longue liste des solutions se trouvent  la réduction de la destruction d’espaces naturels, un régime alimentaire soutenable (moins de viande, moins de déchets), l’isolation des bâtiments, le développement des transports en commun.

Pour l’agriculture, les pratiques agroécologiques, l’agroforesterie et de la diversification agricole côtoient le stockage de l’eau, l’irrigation et l’amélioration des variétés.

Pour les énergies, la part belle est faite au solaire et à l’éolien. À l’échelle mondiale, le nucléaire arrive derrière les énergies renouvelables pour réduire les émissions.

Résumé pour décideurs du Rapport de synthèse du 6ᵉ rapport d’évaluation du GIEC
Ce qu’il faut retenir du 6e rapport d’évaluation du GIEC
https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/

 

L’institut « One Health » est créé à Lyon

À l’occasion du dernier Salon international de l’Agriculture, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et Agnès Firmin le Bodo, ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, ont annoncé la création de l’Institut One health. Cet institut a vocation à devenir l’organisme de référence pour la formation et l’expertise des décideurs sur les sujets « une seule santé » en France.  À la croisée de la médecine humaine et vétérinaire, des sciences de l’environnement et des sciences sociales, ces formations doivent permettre de mieux prévenir et gérer les crises à venir.

L’institut sera porté par l’université Lyon-I et adossé à l’École universitaire de recherche EID@Lyon. Les formations, interdisciplinaires et intersectorielles, seront proposées par trois grandes écoles : VetAgro Sup, en particulier son école interne (École nationale des services vétérinaires, France Vétérinaire International, l’ENSV-FVI), AgroParisTech et l’École des hautes études en santé publique (EHESP).