Tous les articles par Jacqueline Collard

Légalisation de la vidéosurveillance biométrique ( VSA)

Lors de la séance du 23 mars l’article 7 de la loi sur les Jeux olympiques a été adopté  par l’Assemblée, actant l’entrée formelle de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans le droit français, jusqu’en décembre 2024, et ce malgré ce que le gouvernement a répété maintes fois  et inscrit dans la loi, que la VSA ne relevait pas de la surveillance biométrique.

Ainsi, la VSA a été acceptée sur le seul fondement d’un mythe bien ancré selon lequel la technologie permettrait d’assurer magiquement la sécurité,et tout particulièrement pour les JO de Paris: l’application principale de la VSA consiste à identifier des comportements que la police aura préalablement définis comme « suspects ».

Cette première légalisation de la vidéosurveillance automatisée va nécessairement ouvrir la voie à toutes les autres technologies de surveillance biométrique : audiosurveillance algorithmique, reconnaissance faciale, suivi biométrique des personnes a posteriori…

Les courants océanographiques perturbés par le changement climatique

Selon une étude publiée fin mars dans la revue Nature, le réchauffement climatique accélère la fonte des glaces dans l’Antarctique et l’augmentation de la quantité d’eau douce déversée dans l’océan, qui perturbe la circulation de retournement de l’Antarctique et qui s’accentue depuis 30 ans.

Cette perturbation de grande envergure risquerait de modifier considérablement les conditions météorologiques mondiales, le niveau des mers et la santé des écosystèmes marins, affirment des scientifiques, qui lancent un avertissement sévère sur les effets croissants du changement climatique.

La circulation de retournement ralentit, perturbée par la quantité croissante d’eau de fonte de l’Antarctique, rend les eaux moins salées, et donc moins denses ne leur permettant plus de couler avec la même force. L’un des principaux moteurs de ces schémas de circulation océanique est la production d’eau froide salée au large du Groenland et de l’Antarctique. Cette eau dense s’enfonce dans les profondeurs et alimente les courants océaniques profonds.

Cette circulation  » thermohaline » s’avère très importante pour les transferts de quantités de chaleur, d’oxygène, de carbone et de nutriments autour du globe. Les effets déjà identifiés sont les suivants :

  1. Les eaux froides profondes de l’Antarctique déplacent l’oxygène et les nutriments vers les océans Indien, Pacifique et Atlantique.
  2. Dans l’Atlantique, la circulation méridienne de retournement (AMOC : Atlantic Meridional Overturning Circulation) qui joue le rôle de thermostat mondial, transporte les eaux chaudes et salées vers le nord, ce qui contribue à créer un climat tempéré en Europe occidentale.
  3. Les eaux de surface deviennent plus froides et plus denses à mesure qu’elles s’approchent de l’Arctique, entraînant les courants en profondeur et contribuant à propulser le système.

Plus de détails :

https://www.nature.com/articles/s41558-021-01097-4

https://www.nature.com/articles/s41586-023-05762-w

CDHNU Résolution adoptée pour un environnement propre , sain et durable

Le 4 avril 2023, durant sa 52e session, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDHNU) a adopté une résolution relative au droit à un environnement propre, sain et durable.

Ce texte, parrainé par le Costa Rica, les Maldives, le Maroc, la Slovénie et la Suisse, a notamment pour objectif d’engager les États à adopter un cadre juridique efficace et des politiques à l’échelle nationale et locale pour garantir ce droit. Le 8 octobre 2021 avait marqué une étape décisive pour tous les acteurs engagés dans la protection des droits de l’Homme et de l’environnement. Le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies (CDHNU) a enfin reconnu le droit à un environnement propre, sain et durable comme étant un droit humain essentiel pour l’exercice des autres droits. Pour la première fois dans un instrument onusien, ce droit a été affirmé par la résolution 48/13, adoptée lors de la 48session du CDHNU.

ll garantit aux individus et aux peuples un environnement dont la qualité permet aux êtres humains d’avoir une vie digne et épanouie.Des années de plaidoyer de la société civile ont finalement abouti à cette avancée importante dans la lutte contre les effets du changement climatique, de la pollution et de la perte de biodiversité.

https://doi.org/10.4000/revdh.13063

L’infertilité : un enjeu de santé publique trop peu mis en évidence

Une méta-analyse (plusieurs centaines sur le sujet) rapporte dans la revue Human Reproduction Update *, la chute de la concentration de spermatozoïdes chez l’humain. Ils ont identifié des données disponibles dans plus d’une cinquantaine de pays, couvrant au total la période 1973-2018.

De 1973 à 2018, la concentration moyenne de gamètes dans le sperme est  passée de 101 à 49 millions par millilitre soit une baisse de plus de 50%. En France une naissance sur 27 résultait, en moyenne en France en 2020, d’une aide médicale à la procréation (PMA).

Les raisons : la pollution et les modes de vie seraient  à l’origine d’une chute accélérée de la concentration des spermatozoïdes chez l’homme. Ce déclin est désormais observé dans le monde entier, comme cette méta-analyse le met en évidence. Si l’âge reste le premier facteur d’infertilité en France, les causes environnementales, en particulier l’exposition à des perturbateurs endocriniens, sont de plus en plus considérées comme une thématique majeure des troubles de la fertilité.

Ces résultats confortent le rapport de synthèse publié mardi 4 avril, présenté par l’Organisation mondiale de la santé, qui alerte sur l’importante prévalence des problèmes de procréation : 17,5 % de la population adulte mondiale connaîtrait au cours de sa vie reproductive au moins un épisode d’infertilité (133 études menées dans toutes les régions du monde entre 1990 et 2021). Selon les estimations de la prévalence de l’infertilité finalement elles sont très proches entre les pays ayant des niveaux de revenus différents : elle est de 17,8 % dans les pays à revenu élevé, et de 16,5 % dans ceux à revenu faible ou intermédiaire. C’est donc une réalité mondiale dont on entend trop peu!

*https://academic.oup.com/humupd/article/29/2/157/6824414?login=false

https://news.un.org/fr/story/2023/04/1133922

Shanna Swan. Compte à rebours 15/09/2021 Editeur Marco Pietteur  Collection Résurgence

Welch BM, et al. (2022) Associations Between Prenatal Urinary Biomarkers of Phthalate Exposure and Preterm Birth: A Pooled Study of 16 US Cohorts. JAMA Pediatr.;176(9):895–905. https://doi.org/10.1001/jamapediatrics.2022.2252  

Chen Y, Xiao H, Namat A, Liu J, Ruan F, Xu S, Li R, Xia W. (2022). Association between trimester-specific exposure to thirteen endocrine disrupting chemicals and preterm birth: Comparison of three statistical models. The Science of the total environment, 851(Pt 2), 158236. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2022.158236

Hagai Levine, Niels Jørgensen, Anderson Martino-Andrade, Jaime Mendiola, Dan Weksler-Derri, Maya Jolles, Rachel Pinotti, Shanna H Swan, Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis of samples collected globally in the 20th and 21st centuries, Human Reproduction Update, 2022;, dmac035, https://doi.org/10.1093/humupd/dmac035

Les pesticides interdits en Europe continuent à être exportés dans le monde

En 2018, l’article 83 de la loi Egalim prévoyait l’interdiction, à compter du 1er janvier 2022 « de la production, du stockage et de la circulation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives non approuvées dans l’Union européenne pour des raisons liées à la protection de la santé humaine, animale ou de l’environnement ».

« Au moment de la loi Pacte, la droite sénatoriale, sous la pression des lobbys, est revenue sur cette interdiction, et l’Assemblée nationale a tenté de repousser ce délai à 2025, dans son article 18. Plusieurs élus ont alors saisi le Conseil constitutionnel, qui a déclaré l’article non conforme, et la date de l’interdiction a de nouveau été fixée au 1er janvier 2022 », relate le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard.

Parmi les pesticides chimiques interdits dans l’Union européenne mais qui ont été fabriqués et exportés depuis ce territoire figurent notamment :

  • le dichlorophène ;
  • la cyanamide ;
  • l’herbicide paraquat.

Face aux conséquences des néonicotinoïdes sur la disparition des pollenisateurs, l’Union européenne décide d’interdire l’utilisation et la mise sur le marché de ces pesticides. À noter que les substances néonicotinoïdes interdites sont :

  • l’imidaclopride ;
  • la clothianidine ;
  • le thiaméthoxame.
  • En 2018, 81 000 tonnes de substances chimiques jugées hautement toxiques ont été exportées par l’Union Européenne. Parmi les 81 000 tonnes de produits chimiques exportés, 28 000 tonnes étaient du paraquat, l’herbicide soupçonné d’être en lien avec la maladie de Parkinson  41 pesticides chimiques interdits par l’Union Européenne continuent d’être fabriqués par des pays membres de l’UE pour être ensuite exportés.

Depuis le 19 décembre 2018, il est interdit de posséder, de vendre ou d’utiliser des néonicotinoïdes au sein de l’Union européenne.

Entre janvier et septembre 2022, les autorités françaises ont approuvé 155 demandes d’exportation pour des pesticides interdits en France et dans toute l’Union européenne (UE). Au total, 7475 tonnes de substances et produits phytosanitaires interdits ont été autorisées à l’exportation. Ces exportations concernent 14 molécules bannies de l’agriculture européenne en raison de leur dangerosité pour la santé et l’environnement. Une substance représente à elle seule près de 40 % des volumes : la picoxystrobine. Ce fongicide, utilisé dans les cultures de céréales et de soja, a été interdit en 2017 en raison d’un potentiel génotoxique et d’un risque élevé pour les organismes aquatiques.

Le gouvernement français a approuvé l’exportation de plus de 7400 tonnes de pesticides interdits depuis le début de l’année, malgré l’adoption d’une loi historique prohibant cette pratique. C’est ce que révèle une nouvelle enquête de Public Eye et Unearthed, qui met en lumière les failles de la nouvelle règlementation française. Pour mettre fin aux exportations toxiques, une interdiction au niveau de l’Union européenne est essentielle.

Et voilà que l’on découvre en ce début de printemps 2023 pour une étude consommateurs que : Des pesticides sont bien présents dans les produits alimentaires. En tout cas, dans les pots de confiture. Une étude 60 Millions de consommateurs montre que plusieurs pots de confitures de différentes marques contiennent des pesticides. Sur les 40 références analysées, « 15 molécules différentes d’insecticides et de fongicides » ont été retrouvées dans 22 des pots. Pire encore, certains pots contiennent des pesticides interdits (carbendazime et le thiophanate-méthyl).

https://lenvironnement.fr/dossiers/reglementation-et-politiques-environnementales/pesticides-interdits-union-europeenne/

Notification via le système RASFF (système d’alerte rapide européen Food et Feed)