Tous les articles par Jacqueline Collard

Un rapport de l’OMM repris par l’ONU fait bien le lien entre pollution atmosphérique et climat

L’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe. La vague de chaleur de longue durée a entraîné une augmentation des concentrations de particules et d’ozone troposphérique. Ce à quoi nous assistons en 2023 est encore plus extrême.

Lors des épisodes de canicule, ce n’est pas seulement l’élévation des températures qui est dangereuse mais aussi les effets de la pollution qui en résulte, rappelle l’OMM, tout en déplorant que cette dégradation de la qualité de l’air soit  associée au réchauffement climatique.

C’est l’un des effets déjà perceptibles du réchauffement climatique : la pollution à l’ozone n’est plus un phénomène limité aux villes du Sud ni à la période estivale. Les pics d’ozone sont de plus en plus précoces, dès avril ou mai, et se prolongent désormais jusqu’en septembre. A la différence des autres polluants (particules fines, dioxyde d’azote et de soufre) dont les concentrations moyennes sont en baisse depuis le début du siècle, celles en ozone stagnent et sont même de nouveau en hausse depuis 2016. Alors que l’ozone de haute altitude (stratosphérique) nous protège des rayons ultraviolets nocifs du soleil, l’ozone proche de la surface de la Terre est nocif pour la santé humaine.

Des températures caniculaires affectent de grandes parties de l’hémisphère Nord, tandis que des inondations dévastatrices déclenchées par des pluies incessantes ont perturbé des vies et des moyens de subsistance, soulignant le besoin urgent d’une action climatique accrue, a déclaré  l’Organisation météorologique mondiale (OMM). 

La qualité de l’air et le climat sont liés parce que les espèces chimiques qui influent sur les deux sont liées, parce que les substances responsables du changement climatique et de la dégradation de la qualité de l’air (notamment entre les oxydes d’azote (NOx, émis principalement par le transport routier ou encore les incinérateurs) et les composés organiques volatils (industrie, produits ménagers))sont souvent émises par les mêmes sources, et parce que les changements dans l’un entraînent inévitablement des changements dans l’autre.

La qualité de l’air affecte de plus la santé des écosystèmes, car les polluants atmosphériques tels que l’azote, le soufre et l’ozone sont absorbés par les plantes, ce qui nuit à l’environnement et réduit le rendement des cultures.

« Les vagues de chaleur et les incendies de forêt sont aussi étroitement liés. La fumée des feux de forêt contient un mélange de produits chimiques qui nuit non seulement à la qualité de l’air et à la santé, mais aussi aux plantes, aux écosystèmes et aux récoltes, et entraîne une augmentation des émissions de carbone et donc des niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », a expliqué M. Lorenzo Labrador, l’auteur du rapport et responsable scientifique de l’OMM au sein du réseau de la Surveillance de l’atmosphère globale.

La qualité de l’air et le climat sont indissociables l’un de l’autre, souligne l’OMM.

https://public.wmo.int/fr

https://news.un.org/fr/story/2023/09/1138282

Ne faut-il pas envisager les compétitions sportives autrement ?

Alors que la Mer de glace, l’un des plus grands glaciers d’Europe, fond inexorablement, a lieu la course UTMB à partir de Chamonix , qui, pour cet événement à connotation mondiale, comporte huit courses étalées sur la semaine et,  désormais rassemble plus de 100 000 personnes dont environ 10 000 coureurs et 20 000 accompagnants pour 171 kilomètres, et 10 000 mètres de dénivelés positifs.

 « C’était un évènement familial quand cela a commencé en 2003 » or il a maintenant des sponsors prestigieux comme  l’entreprise américaine IronMan et Dacia. Qu’en est-il des accès à la ville entièrement mobilisée sur l’événement: « Il ne reste aucun endroit de libre à Chamonix, l’UTMB accapare la ville », soupire Timothée Mottin, « tous les espaces sont occupés par la course et les marques de sports ». Vice-président de l’association de protection des territoires de montagne Mountain Wilderness, quant à Frédi Meignan rajoute de son côté qu’il faut « stopper cette course au gigantisme. Ces grandes manifestations sont inadaptées à nos territoires de montagne ».

Il est vrai que  les 2 300 coureurs de 118 nationalités représentées, tirés au sort ou sélectionnés pour cette course réalisent un rêve,  côtoient « les glaciers, la diversité des paysages, le Mont-Blanc, tout est incroyable ».

En 2022, l’UTMB Mont-Blanc aurait permis de générer 23 millions d’euros de dépenses sur le territoire, mais doit-on sacrifier des lieux emblématiques pour des retombées économiques évidentes? , ne devons nous pas nous interroger sur ces pratiques certes intéressantes en performances techniques mais jusqu’où??

On oubliera bien sur dans cette circonstance les impacts carbone inhérents à des déplacements de tout ordre, et surtout en avion, ( pour de nombreux coureurs et sponsors) dont l’impact climat n’est plus à démontrer. Que restera-t-il et pour combien de temps de nos glaciers emblématiques ?

L’interdiction des cigarettes électroniques jetables en vue

La Première ministre vient d’ annoncer l’interdiction des cigarettes électroniques jetables le 3 septembre dans le cadre du prochain plan national de lutte contre le tabagisme.: les « puff » jetables  très prisées des ados . Bien qu’elles soient interdites aux mineurs , elles  ont  tout pour plaire : prix compétitif, emballage attractif, saveurs sucrées et fruitées, facilement accessibles car disponible partout (débits de tabac, kiosques, supermarchés…).« Au regard des risques liés au tabagisme, elle constitue un piège particulièrement sournois pour les enfants et les adolescents et préparer à la dépendance »

Ces cigarettes électroniques jetables sont très polluantes, ( elles peuvent contenir jusqu’à 50mg/ml de sels de nicotine), elles sont constituées de plastique et d’une batterie au lithium non amovible . l’Académie nationale de médecine pointe aussi la pollution générée par cette e-cigarette jetable,  « Elle est donc aussi un déchet toxique qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots jetés annuellement dans le monde»elles représentent « un danger immédiat et à long terme pour notre environnement .

L’industrie du tabac émet chaque année 84 millions de tonnes de CO2, soit 1/5 du dioxyde de carbone produit par le transport aérien…source OMS), sans oublier les 8 millions de personnes dans le monde et 75 000 en France qui meurent de cette addiction entretenue dés 1950 par la stratégie du doute mise en place  par les industriels.

https://alliancecontreletabac.org/wp-content/uploads/2022/10/CP-ACT_Les-jeunes-et-la-puff.pdf

https://alliancecontreletabac.org/wp-content/uploads/2022/10/Etude-ACT_Puff-et-ados_Infographie_VDEF.pdf

 

L’Anses rapporte des cas de brûlures avec des désinfectants

L’utilisation de produits pour désinfecter les toilettes ou le mobilier dans les écoles maternelles a été à l’origine d’une centaine d’accidents sur la période 2017-2022. Ces accidents étaient essentiellement dus à des erreurs dans l’emploi des désinfectants. Si la majorité des accidents étaient sans gravité, un enfant a reçu une greffe de peau.

Voici une partie du communiqué de l’Anses « Sur la période 2017-2022, les centres antipoison ont enregistré 118 cas d’atteintes cutanées chez des enfants en collectivité », alerte l’Anses jeudi 7 septembre. « Ces accidents ont le plus souvent eu lieu dans les écoles maternelles suite à la désinfection des toilettes avec des produits biocides. Une forte augmentation a été observée en 2020 et 2021, très probablement liée au renforcement des actions de désinfection lors de l’épidémie de Covid-19, notamment la désinfection d’objets tels que des tables, chaises, jouets. »

Les accidents sont principalement liés à des erreurs d’utilisation des désinfectants : absence de rinçage ou de dilution, produit inadapté à l’usage qui en a été fait, etc.

Ces erreurs ont pu être favorisées par :

  • des modalités d’utilisation variant pour un même produit selon la surface désinfectée : par exemple le produit est à utiliser pur pour le sol mais à diluer pour les autres surfaces ;
  • des notices d’utilisation qui ne sont pas à la disposition des personnes manipulant les produits ;
  • des mentions sur les étiquettes prêtant à confusion : par exemple, il est écrit « utiliser immédiatement la solution prête à l’emploi » alors que le produit est à diluer.

L’ANSES en profite pour proposer 6 recommandations pour limiter les risques d’accidents avec les produits désinfectants :

  • utiliser des produits adaptés aux surfaces à désinfecter ;
  • privilégier les produits les moins dangereux, en particulier dans les collectivités de jeunes enfants ;
  • choisir en priorité des produits prêts à l’emploi pour éviter les erreurs de dilution et des produits dont le mode d’emploi est clair et simple ;
  • rincer les produits après application ou déversement accidentel, ou au minimum les essuyer ;
  • ne pas réaliser les opérations de nettoyage-désinfection en présence des enfants et respecter le temps d’attente après la désinfection avant de permettre aux enfants d’accéder à la zone désinfectée ;
  • former le personnel à la bonne utilisation des produits désinfectants.

En cas de contact avec la peau : enlever les vêtements imprégnés et laver soigneusement la peau avec de l’eau. Lorsque la zone contaminée est étendue ou que des lésions cutanées apparaissent, consulter un médecin ou appeler un centre antipoison.

Les stations de ski en sursis ?

Une nouvelle étude publiée ce lundi 28 août dans la revue Nature Climate Change, souligne  que le risque lié au défaut d’enneigement est hétérogène d’une région de montagne à une autre, et au sein de chacune d’elles.

Or le tourisme de ski est une composante importante de l’économie des régions montagneuses d’Europe qui risque de devenir très vulnérable avec la pénurie de neige, qui augmente d’années en années en raison du changement climatique.

Cette étude démontre qu’en l’absence d’enneigement, 53 % des 2 234 stations de ski étudiées dans 28 pays européens devraient être exposées à un risque très élevé d’approvisionnement en neige dans le cas d’un réchauffement climatique de 2 °C et le pourcentage passerait à 98 %  pour 4 °C.

« Le principal défi consiste à développer et à mettre en œuvre des voies de développement qui réduisent massivement les émissions globales de gaz à effet de serre du tourisme de ski, principalement liées aux transports et au logement, tout en maintenant des activités écologiquement durables offrant des moyens de subsistance à un large éventail de personnes vivant dans les zones de montagne », explique Hugues François, auteur principal de l’étude et Samuel Morin, chercheur à Météo-France et au CNRS à Toulouse et Grenoble de conclure « Des réductions plus rapides des émissions limiteraient le risque concernant l’approvisionnement en neige pour le tourisme de ski, ainsi que la demande d’enneigement artificiel et les externalités associées comme une forte demande en eau, ainsi qu’une demande en électricité et émissions associées (et de l’empreinte carbone correspondante de l’enneigement).

Etude; Nature Climate Change (2023)