Tous les articles par Jacqueline Collard

Et l’on reparle du fameux glyphosate à Bruxelles

Malgré les risques et les incertitudes, la Commission européenne a proposé ce 20 septembre 2023 de renouveler pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’UE, sous conditions, après le rapport d’un régulateur estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d’interdire cet herbicide controversé. La proposition de l’exécutif européen sera examinée le 22 septembre par les représentants des 27 états membres, qui devront ensuite la valider à une majorité qualifiée lors d’un vote le 13 octobre. Déjà plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer cette décision marquée par le poids du lobby phytosanitaire .

Cela nous paraît incroyable compte tenu des multiples études qui en démontre sa toxicité. La Commission refuse de prendre en compte les faits scientifiques : le glyphosate est dévastateur pour notre biodiversité. Le glyphosate suscite la controverse. Herbicide « miracle », commercialisé depuis les années 1970 par Monsanto, entre-temps racheté par Bayer, permettant de détruire uniquement les mauvaises herbes dans les cultures, il est aujourd’hui le plus utilisé au monde par les exploitants agricoles. Longtemps présenté comme sans aucun danger pour la santé, il est considéré comme « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) depuis 2015.

Début juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait  indiqué ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher l’autorisation de l’herbicide .

Pourtant, d’autres expertises avaient abouti à d’autres conclusions, comme celles de l’Inrae et de l’Ifremer, instituts de recherche publics spécialistes de l’agriculture et de la mer, qui ont souligné la réalité de la contamination de l’environnement par les pesticides, et l’impact négatif sur la biodiversité et les écosystèmes. Leur méta-analyse avait mobilisé pendant deux ans une quarantaine d’experts qui avaient passé en revue quelque 4 000 études scientifiques déjà publiées, dans un contexte français ou comparable, pour faire une synthèse des connaissances sur l’impact des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les écosystèmes.

EFSA Journal 2023;21(4):7939

Les pollutions de l’air dues aux feux de forets affectent la santé des populations

Les mégafeux que nous voyons se produire de plus en plus sur notre planète , sans compter les cultures sur brulis, sont à l’origine de pollutions de l’air de teneur en particules fines de plus en plus fortes or  leur nombre risque d’augmenter de 30% d’ici 2050, avertissent les experts.

Les populations des pays les plus pauvres – en premier lieu en Afrique centrale – sont largement plus exposées que celles des pays développés à la pollution de l’air causée par les feux de forêt et de végétation qui se multiplient comme on le constate.

Nous apprenons  par une étude publiée ce mercredi 20 septembre, dans la revue scientifique Nature, .que l’Afrique subit en moyenne 32,5 jours par an d’exposition « importante » aux particules fines nocives et l’Amérique latine 23,1 jours contre une seule pour l’Europe. Selon leurs conclusions, les pays les plus touchés par cette pollution sont l’Angola, la RDC, la Zambie, le Congo-Brazzaville et le Gabon,régions du monde où se pratique beaucoup la culture sur brûlis.

Aprés l’Afrique centrale, ce sont l’Asie du Sud-Est, l’Amérique du Sud et la Sibérie qui ont connu les plus hauts taux de pollution due aux incendies sur la période 2000-2019 et ne sont pas analysés les mégafeux encore plus nombreux de 2022 et 2023.

Tous ces types d’incendies engendrent des fumées chargées de cendres et de particules nocives qui peuvent se déplacer sur des milliers de kilomètres, avec les vents , et de ce fait traverser les océans, et compromettre la santé de populations extrêmement éloignées des flammes. ( et rappelons nous de New York ce printemps envahi de la fumée en provenance des mégafeux canadiens)

https://www.nature.com/nature/volumes/621/issues/7979

Les mégots toxiques pour l’environnement en plus de la santé

Très souvent et à juste titre on parle des méfaits du tabac sur la santé humaine, mais trop souvent on oublie les  risques que le tabac représente pour l’environnement et le climat.

Pour information, sur 11 milliards de mégots sont jetés chaque jour à travers le monde et sur cette quantité, 40 % échouent dans les océans, et c’est donc de l’ordre de 4 500 milliards de mégots qui sont jetés par terre et terminent leur vie dans les cours d’eau et les océans. Or chaque mégot rejette des milliers de substances chimiques toxiques dans l’environnement : de la nicotine, évidemment, mais aussi des métaux lourds, de l’arsenic, du plomb, ou encore des résidus de pesticides utilisés pour faire pousser les plans de tabac. Et, une pollution moins connue : celle du plastique qui compose les mégots. Outre les particules de plastique, les mégots relarguent des milliers de substances chimiques toxiques (nicotine, métaux lourds, ammoniac).

Quant aux cigarettes électroniques à usage unique, les fameuses puffs, elles représentent un risque encore plus grand pour l’environnement, (munies d’une batterie, avec un cycle de vie d’un à deux jours, elles sont  destinées à finir sa vie en déchet) et une fois les 300 à 600 bouffées fumées, elle sont jetées sans précaution, et presque jamais recyclées.

En France, 23,5 milliards de mégots sont jetés chaque année dans l’espace public, selon le ministère de la transition écologique. A Paris, environ 350 tonnes sont ramassées tous les ans. Une pollution qui a un coût pour les collectivités, estimé à 100 millions d’euros par an, mais dont les conséquences sur l’environnement restent largement méconnues.

Dans le cadre du Word Cleanup day les membres de l’antenne Grenobloise de l’association Wings of the ocean ont ramassé  9 000 mégots de cigarettes en un jour au bord de l’Isère,  ceux ci étant prêts à parcourir des kilomètres, polluant les eaux tout au long de leur voyage. Un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau dit-on ! A lui-seul, il contient une centaine de substances nocives voire cancérigènes, qui contaminent à la fois, l’eau, l’air et les sols. Plus encore que les cotons tiges, les pailles ou les sacs plastiques, les mégots de cigarettes constitueraient le polluant le plus néfaste aux océans.

 

L’ANSES annonce la clôture du programme conjoint européen One Health

Après plus de cinq ans, le programme conjoint européen One Health prendra fin le 30 septembre 2023. Pour l’occasion, l’Anses, responsable de la coordination du programme, organise la réunion finale qui réunira les membres des 44 organisations partenaires, aux côtés des principales parties prenantes européennes et internationales, les 11 et 12 septembre, dans les locaux du ministère de la Santé et de la Prévention, à Paris.

L’EJP One Health (OHEJP) a associé des chercheurs des secteurs de la santé publique humaine, de la sécurité sanitaire des aliments et de la santé animale avec l’objectif de permettre des avancées significatives dans les domaines des zoonoses alimentaires, de l’antibiorésistance et des menaces zoonotiques émergentes. En plus de l’apport scientifique, le programme a créé un consortium européen unique qui soutient et, surtout, met en pratique le concept « One Health – Une seule santé » dans le domaine de la sécurité alimentaire.

Rapport de l’IPBES : des espèces disparaissent, d’autres envahissent

Un nouveau rapport publié ce lundi 4 septembre par  le « Giec de la biodiversité », l’IPBES, alerte sur la gravité des impacts créés par les espèces invasives. Il dresse un inquiétant constat sur la hausse fulgurante des « invasions biologiques ».

Introduites par les activités humaines dans des endroits non adaptés à leur présence, les espèces exotiques envahissantes sont impliquées dans 60 % des extinctions de plantes et d’animaux à travers le monde, établissent les auteurs de ce rapport. Si rien n’est fait pour freiner leur déploiement, le coût de ces invasions, qui dépasse chaque année plusieurs centaines de milliards de dollars, devrait continuer d’augmenter dans les décennies à venir. Des dommages qui dépassent 400 milliards de dollars par an. Chaque année, environ 200 nouvelles espèces exotiques sont enregistrées à travers le monde. D’ici 2050, les scientifiques s’attendent à ce que leur nombre soit un tiers plus élevé qu’en 2005.

L’explication de cette augmentation « vertigineuse » ce sont les échanges internationaux. « Au cours des cinquante dernières années, les transports ont augmenté de 1 000 %, dit à Reporterre Philippe Grandcolas, directeur adjoint de l’Institut Écologie et Environnement du CNRS et observateur à la plénière de l’IPBES. Plus on transporte, plus on court le risque d’introduire des espèces exotiques, malgré toutes les précautions que l’on peut prendre. »

 De même la dégradation de la nature — pollution, bétonisation, fragmentation, etc. — a considérablement réduit la résistance des espèces autochtones aux invasions biologiques. Sur les 37 000 espèces exotiques recensées à travers le monde, plus de 3 500 ont des effets néfastes connus. Elles sont aujourd’hui considérées comme l’un des cinq principaux facteurs de perte de biodiversité — aux côtés des changements dans l’utilisation des terres et des mers, de l’exploitation directe des espèces, du changement climatique et de la pollution. 

Les infrastructures terrestres, marines et aquatiques — routes, oléoducs, canaux, chemins de fer, etc. — peuvent par ailleurs faciliter la circulation d’espèces exotiques invasives jusqu’à des zones préservées. Leur nombre est ainsi 1,5 à 2,5 fois supérieur sur les pontons et les pilotis artificiels que sur les roches naturelles, note le résumé du rapport.

Les espèces exotiques invasives peuvent également créer de graves problèmes sanitaires. Certains moustiques peuvent servir de vecteurs à des maladies comme la malaria, la dengue, le chikungunya, le Zika ou la fièvre jaune. Des plantes, comme l’ambroisie  qui émet des pollens allergènes affectant plus de 13 millions de personnes en Europe.

Rapport IPBES Invasive Alien Species Assessment : Summary for Policymakers:  https://zenodo.org/record/8314303