Tous les articles par Jacqueline Collard

Un projet européen Gigabit Act bien peu médiatisé

Nous vous transmettons un communiqué de presse qui peut que nous interroger sur la mise en place d’un pouvoir exorbitant des opérateurs de téléphonie mobile.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

LETTRE OUVERTE A MADAME BORNE

Lettre ouverte relative au projet de règlement européen Gigabit Infrastructure Act

Madame la Première Ministre,

La France négocie actuellement un projet de règlement européen proposé par la Commission européenne relatif au déploiement des réseaux Gigabit de communications électroniques. Ce projet de « Gigabit Infrastructure Act » vise à accélérer et rendre moins coûteux pour les opérateurs le déploiement des infrastructures numériques, à savoir la fibre optique et la 5G.

Nous nous permettons de vous interpeller car nous considérons que la fibre optique et la 5G sont de nature diamétralement opposées et ne peuvent être traitées sur le même plan.

La fibre optique comporte de nombreux avantages en termes d’efficacité énergétique et d’absence de rayonnement électromagnétique, contrairement à la 5G qui par ailleurs pourrait se déployer comme 5G fixe en concurrence de la fibre par choix économique des opérateurs.

L’étude d’impact du projet de règlement produit par la Commission comporte en la matière de nombreuses lacunes, certaines ayant d’ailleurs été relevées par le Regulatory Scrutiny Board chargé d’examiner les impacts des propositions de la Commission. Celui-ci a en effet estimé que l’étude d’impact n’était « pas suffisamment claire quant aux hypothèses méthodologiques et paramètres qui sous-tendent les modèles économétriques utilisés pour l’analyse des impacts économiques et environnementaux. Cela ne démontre pas clairement l’impact positif net sur le plan environnemental. »

La version amendée de l’étude d’impact ne nous éclaire en rien, allant même jusqu’à avouer qu’elle « n’avait pas cherché à quantifier les impacts liés au déploiement des différentes options de réseaux mobiles » pas plus que « les effets d’entraînement qui pourraient découler d’une amélioration de l’efficacité énergétique qui serait due au déploiement accéléré de la 5G. » et reconnaissant que « la littérature sur l’impact environnemental du déploiement de la 5G est limité car il s’agit encore d’un domaine de recherche en développement. »

Dans cette même étude, à aucun moment il n’est question de l’impact de la 5G sur la biodiversité ou sur la santé humaine. Ceci est d’autant plus regrettable qu’on découvre indirectement – dans le chapitre relatif aux conséquences qu’aurait l’inaction de l’Europe en matière d’accélération du déploiement – qu’une partie des motivations de ce projet de règlement vise à contourner « les tensions locales en matière de paysage et d’esthétique ou encore les préoccupations en matière de santé ».

Faut-il rappeler que l’ANSES reconnaît que les fréquences de la 5G, au même titre que les radiofréquences des générations précédentes, sont suspectées quant au risque de cancer – qui fait d’ailleurs l’objet d’une expertise toujours en cours – , d’impact sur la fertilité et qu’il est admis que ces ondes artificielles perturbent l’activité électrique de notre cerveau. L’Agence a réaffirmé la vulnérabilité plus grande des enfants et le fait que les valeurs limites d’exposition ne les protègent pas bien. Dans son nouvel avis publié en février 2022, l’ANSES ne peut que constater le manque de données sur les nouvelles fréquences et sa difficulté à évaluer les risques de cette nouvelle technologie. En effet, l’Agence comptabilise cinq études seulement sur la bande de fréquences 3,5GHz et est dans l’incapacité de conclure sur l’existence ou non de risques pour la bande de 26GHz.

Faut-il également rappeler que les ministères de tutelle de l’ANSES l’ont saisi fin 2021 concernant les valeurs limites d’exposition aux champs électromagnétiques. L’ANSES a ainsi été sollicitée afin d’expertiser les lignes directrices proposées par la Commission européenne sur lesquelles se fondent notre réglementation et d’engager des travaux dans l’objectif de proposer une méthode adaptée et de nouvelles valeurs limites d’exposition.

Enfin, faut-il rappeler qu’à ce jour, aucune expertise concernant l’impact des radiofréquences sur les espèces animales et végétales, la biodiversité et les écosystèmes n’a été conduite, alors que le sujet a été soulevé par les experts de l’Agence.

Ces positions sont d’ailleurs rappelées dans un avis que l’ANSES vient de publier ce 11 septembre, relatif aux lignes directrices visant à limiter l’exposition des personnes aux champs électromagnétiques.

En conséquence, nous constatons un manque évident d’évaluation préalable de ce projet de règlement concernant le volet « communications sans fil ». Aussi, nous vous saurions gré Madame la Première Ministre, de faire état de ces lacunes auprès de la Commission européenne de manière à ce que soit pris le temps nécessaire à une évaluation réelle et complète sur des sujets qui touchent à la cohérence des objectifs défendus dans le Green New Deal européen.

Nous demandons la suspension de ce projet jusqu’à publication du rapport de l’ANSES concernant la cancérogénicité, l’aboutissement des travaux en matière de valeurs limites d’exposition, et l’engagement sans tarder d’expertises concernant les fréquences futures (26GHz et au-delà), l’impact sur la fertilité, sur le fonctionnement du système nerveux ainsi que l’impact sur la biodiversité.

Ce temps pourra également être mis à profit pour engager une réelle politique de sobriété numérique et électromagnétique, de lutte contre la surexposition aux écrans, notamment des plus jeunes, un rééquilibrage des politiques de déploiement pour plus de transparence et de concertation au niveau local (élus et population concernés), de prévention et de prise en charge digne de l’hypersensibilité électromagnétique.

Dans cette attente, nous vous prions, Madame la Première Ministre, d’agréer l’expression de notre très haute considération.

Madame la Première Ministre Hôtel Matignon 57 Rue de Varenne 75007 Paris

 


La 6ème limite planétaire est franchie : celle de l’eau douce

En effet les seuils fixés pour le cycle de l’eau bleue, comme avant lui celui de l’eau verte, sont dépassés.

Une nouvelle étude sur les dépassements des limites planétaires, publiée dans la revue Science Advances, vient ausculter l’état de notre environnement. Et les conclusions ne sont pas rassurantes à propos des grands cycles de l’eau. Ces précieuses informations scientifiques estiment que les niveaux de perturbations ne devraient plus être dépassés pour maintenir la Terre avec les fonctions environnementales que nous connaissons, c’est donc plus important que jamais d’en prendre acte et d’agir.

« Nous ne savons pas pendant combien de temps nous pourrons continuer à transgresser ces frontières clés avant que les pressions combinées ne conduisent à des changements et des dommages irréversibles », a alerté Johan Rockström, coauteur de cette étude et chercheur au Stockholm Resilience Centre.

Le système terrestre s’avère de plus en plus en difficultés : le changement climatique, les cycles de l’azote et du phosphore, l’acidification des océans, l’érosion de la biodiversité, les changements d’usage des sols, l’eau douce, la charge en aérosols atmosphériques, l’appauvrissement de la couche d’ozone et les nouveaux composés chimiques créés par l’homme (par exemple : les microplastiques, les pesticides, etc.). Elles estiment les niveaux de perturbations qui ne devraient pas être dépassés pour maintenir la Terre avec les fonctions environnementales que nous connaissons.

Pour les scientifiques, cette nouvelle étude doit jouer un rôle de signal d’alarme.

https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adh2458

Un décret sur l’eau de pluie qui interroge quant à ses applications

Le décret du 29 août sur les eaux usées traitées et les eaux de pluie remettrait-il en question certains usages non domestiques de l’eau de pluie, comme l’arrosage des espaces verts des bâtiments ?

Il était préconisé et même encouragé, dans le cadre des réflexions sur la gestion de l’eau, de récupérer de l’eau de pluie. Mais un décret interroge sur sa survenue en cette fin d’été. Alors que cette démarche écologique et économique permet de faire face aux nombreuses sécheresses qui menacent le territoire, les raisons de restrictions sanitaires sont justifiées mais ne remettent-elles pas en question des ré-utilisations  judicieuses?

Nous les rappelons ci dessous:

« Art. R. 211-127.-L’utilisation des eaux mentionnées aux articles R. 211-124 et R. 211-125 n’est pas possible sur le fondement de la présente section pour les usages suivants :
« 1° Alimentaires, dont la boisson, la préparation, la cuisson et la conservation des aliments, le lavage de la vaisselle ;
« 2° D’hygiène du corps et du linge ;
« 3° D’agrément comprenant, notamment, l’utilisation d’eau pour les piscines et les bains à remous, la brumisation, les jeux d’eaux, les fontaines décoratives accessibles au public et l’arrosage des espaces verts des bâtiments.

Le décret du 29 Aout 2023
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048007367

Une enquête européenne sur la pollution atmosphérique en Europe

Nous sommes informés de la conclusion inquiétante d’une enquête publiée par le journal anglais The Guardian. Environ 30 millions d’Européens vivent dans des zones où les concentrations de particules fines sont au moins quatre fois supérieures aux recommandations OMS. Il serait ainsi  analysé que  98 % de la population vivrait dans des zones où la pollution par les particules fines (PM2,5) est très nocive. Et pourtant les principaux polluants ont fortement baissé au cours des 20 dernières années, mais la qualité de l’air reste globalement mauvaise sur la majeure partie de l’Europe, rappelle l’Agence européenne de l’Environnement, et l’on dénombre 238 000 décès prématurés qui sont causés par cette pollution dangereuse dans l’Union européenne.

L’organisation mondiale de la Santé hausse le ton et durcit ses critères relatifs à la qualité de l’air qui concernent six polluants dont les dernières études démontrent qu’ils sont une grave menace pour la santé et l’environnement. Aucun pays n’est épargné par la pollution atmosphérique et des millions de vie pourraient être sauvées si ses préconisations étaient appliquées. Certains vivent dans des zones quatre fois supérieures à ces limites.

En Allemagne, les trois quarts de la population vivent avec plus du double de la valeur recommandée pour les PM2,5. En Espagne, ce chiffre est de 49 % et en France de 37 %. À l’inverse, les pays d’Europe occidentale du nord sont les moins impactés, notamment l’Islande, la Norvège, la Suède et la Finlande. Tandis que pour la pollution aux particules PM10 elle est la plus élevée dans le sud de l’Europe : Italie, Bosnie, Serbie, Macédoine, Bulgarie et Turquie.

Ces informations confortent les connaissances déjà acquises : les zones les plus touchées par la pollution de l’air sont, là encore sans surprise, les régions les plus pauvres et où vivent les populations les plus défavorisées du continent.


20 ans après la mise en place des PPRT quels sont les effets ?

La loi « risques » du 30 juillet 2003 sur la prévention des risques technologiques,  promulguée après l’accident d’AZF (il y a 22 ans) n’a produit que « très peu d’effets », déplorent dans un rapport les communes accueillant des sites Seveso sur leur territoire, par la présence de raffineries,  complexes chimiques ou sidérurgiques, sites de stockage de produits extrêmement dangereux…

Ainsi avaient été instaurés des plans de prévention des risques technologiques (PPRT)  dans les territoires accueillant des installations à haut risque dites « Seveso seuil haut » dans le but d’améliorer la protection des populations. À ce jour c’est 378 PPRT (concernant les 400 sites Seveso seuil haut existant en 2003, contre 700 en 2023) qui  sont  en vigueur et concernent 800 communes. Ils s’appliquent directement à des milliers d’entreprises et impactent 9 millions de personnes vivant sur ces territoires concernés. Pour les 300 autres sites Seveso seuils haut, de simples règles d’urbanisme s’appliquent désormais aux collectivités.

  • La Cour des Comptes avait fait en juin une analyse des améliorations  à apporter par l’Etat,
  • L’association Amaris a procédé  à une enquête avec l’ENTPE (École nationale des travaux publics de l’État) une enquête destinée à recueillir les retours d’expérience des collectivités concernées, sur les conditions de l’élaboration des plans comme outil de prévention, comme facteur d’aménagement du territoire ou encore comme élément de réorganisation de leur propre structure. 47 réponses ont été analysées, représentant 44 collectivités et 36 PPRT différents, soit approximativement 10 % des PPRT approuvés sur l’ensemble du territoire : il est nécessaire de proposer une une nouvelle stratégie nationale PPRT 2023 – 2033.

https://documentation.insp.gouv.fr/insp/doc/SCOOPIT/901E46A1F86FA3BA528CAF5C90DD8DDA/la-gestion-publique-des-risques-rapport-de-la-cour-des-comptes-nbsp

https://www.amaris-villes.org/wp-content/uploads/2023/09/Dossier-Presse-AMARIS.pdf