Tous les articles par Jacqueline Collard

Choisir des jouets sans problèmes devient une affaire délicate

Le WECF (Women in Europe for a common Future) notre partenaire avait organisé le 18 novembre 2010 à Paris un colloque intitulé : Sécurité des jouets et substances chimiques dangereuses : beaucoup de questions restent posées sans assurances!

Sur ce thème  le  WECF le 18 novembre avait   réuni fabricants, distributeurs de jouets, organismes de certification, mais aussi scientifiques, décideurs politiques, ONG et associations de protection des consommateurs: ce qui a permis des échanges très fructueux.

Depuis plusieurs années, WECF partage la conviction que les jouets devraient faire partie des produits les plus sûrs et les plus contrôlés, afin que soit protégée au mieux la santé des tout-petits, beaucoup plus vulnérables que les adultes. Et pourtant, des tests publiés en Europe (en 2009 par 60 Millions de Consommateurs et cette année par la Stiftung Warentest) pointent la présence de nombreuses substances dangereuses dans les jouets testés.

Tour d’horizon des contenus de la journée:
Téléchargez certaines présentations en bas de page (seules celles ayant reçu l’accord des participants sont disponibles)

Les enjeux: substances chimiques, santé et jouets

  • Anne-Corinne Zimmer, auteure de Polluants chimiques, enfants en danger a présenté de manière générale les impacts de certaines substances chimiques sur la santé (télécharger l’intervention d’Anne-Corinne Zimmer)
  • le Dr. Yorghos Remvikos, de l’Université de Versailles, a présenté un exposé très complet sur l’action publique et les préoccupations sociétales en matière de sécurité chimique. (télécharger l’intervention de Yorghos Remvikos)
  • Christophe Rousselle, de l’ANSES a présenté la méthode d’évaluation des risques pour les enfants appliquée aux jouets (télécharger l’intervention de Christophe Rousselle).

La règlementation des jouets et des substances chimiques dans l’Union européenne

  • Corinne Lepage, députée européenne et ancienne ministre, a présenté la règlementation jouets avant de revenir sur le principe de précaution et son application (télécharger ses interventions Directive sur la sécurité des jouets et Le principe de précaution)
  • Christian Schaible, de l’EEB a détaillé le régime des substances chimiques préoccupantes selon REACH et le droit à l’information du consommateur dans ce cadre
  • Jakub Kosinski, de la DG Sanco (Commission européenne) a fourni une présentation de RAPEX, l’outil européen trop souvent méconnu d’échange d’informations sur les produits dangereux rappelés dans l’UE

Illustration de bonnes pratiques: fabricants, distributeurs et labels

  • L’entreprise danoise Lego, présente par la voix de Thomas Tarp, et connue pour prendre largement en compte la sécurité des enfants dans la conception de ses produits est venue présenter son approche
  • Chloé Brach de l’entreprise Bioviva, PME développant des jeux de société éco-conçus,
  • Lucile Bernadac, de Papili pour ses doudous issus de matières premières durables ou encore
  • Pénélope Naulleau Happytoseeyou pour ses poupées issues de la philosophie Steiner, sont venues exposer la démarche qui les a conduites à s’engager pour des jouets plus sains (télécharger l’intervention de Pénélope Naulleau)
  • Wolfgang Döring, biologiste travaillant pour le label Spielgut a fourni un éclairage sur la sélection opérée pour attribuer un label indépendant et exigeant aux jouets
  • Carine Evano, de Nature & Découvertes a expliqué comment une enseigne de distribution peut être exigeante dans le choix de ses produits

Le rôle des associations de consommateurs

  • Patricia Proïa de l’ AFNOR a présenté l’écolabel français, NF Environnement dans sa dimension jouets et exposé quelques uns des critères qui le définissent
  • Monika Buening de la Fédération allemande des associations de protection du consommateur a illustré l’action du BzBv en faveur de jouets plus sains (téléchargez l’intervention de Monika Buening)
  • Thomas Laurenceau, de 60 Millions de Consommateurs, est venu conclure cette journée par le rôle de la presse consumériste pour une meilleure sécurité des jouets (télécharger l’intervention de Thomas Laurenceau)

Parmi les modératrices de la journée:
Anne-Corinne Zimmer, journaliste spécialisée en santé environnementale
Anne Barre, Présidente de WECF France
Elisabeth Laville, Présidente et Fondatrice de Utopies
Elisabeth Ruffinengo, Chargée de mission Plaidoyer pour WECF

Pour plus d’informations consulter le site du WECF

Colloque Jouets WECF: Bilan de la journée du 18 novembre 2010

L’institut de veille sanitaire (INVS) donne enfin des conseils aux utilisateurs de portable

Alors que depuis plus de dix ans les portables sont devenus pour la majorité des Français un outil indispensable à leurs yeux, que certains démontrent déjà des hypersensibilités notables avec l’accumulation des rayonnements électromagnétiques les autorités sanitaires pensent enfin à donner des conseils d’utilisation: nous vous invitons à les retrouver sur les sites indiqués*.

A l’issue du « Grenelle des ondes » organisé en 2009 par la ministre de la Santé, en collaboration avec la secrétaire d’État en charge de l’Écologie et la secrétaire d’État en charge de la prospective et de l’économie numérique, dix recommandations ont été émises.

Une d’elle porte sur l’information du grand public, via la mise en œuvre d’une campagne de communication, que l’Inpes lance le 13 décembre 2010 sur Internet et les plateformes mobiles.

L’objectif de ce dispositif est d’inciter les usagers de téléphones portables à réduire leur exposition aux ondes électromagnétiques en adoptant quelques gestes simples. La campagne se compose de deux films d’animation et de bannières diffusés sur Internet et renvoyant vers un mini-site d’information sur le « bon usage » du portable.

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Colloque Perturbateurs endocriniens: de plus en plus de suspicion

Ces substances sont suspectées de jouer un rôle dans la baisse de la fertilité humaine, comme d’ailleurs de déclencher d’innombrables maladies comme d’ailleurs les cancers hormonaux-dépendants: aussi n’est-il pas temps d’en limiter leurs utilisations et surtout de les réglementer, avant qu’il ne soit trop tard?

Telles étaient les interrogations confortées par les nombreuses études qui nous ont été présentées lors de colloque du 14 Septembre 2010 qui s’est tenu dans les locaux de l’Assemblée nationale à l’initiative du réseau environnement santé. De nombreux chercheurs et lanceurs d’alerte plaident donc pour une nouvelle approche de l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux afin de promouvoir une réglementation de ces substances.

« Faut-il attendre 2031 et l’augmentation des cancers du sein pour décider d’agir ? » s’exclame Ana Soto, chercheur à l’université de Tufts (Boston, Etats-Unis), cette chercheuse faisant référence aux effets cancérogènes du bisphénol-A (BPA) observés chez le rat et la souris, mais non démontrés à ce jour chez l’homme, alors qu’il a fallu attendre 2006 pour observer les cancers du sein chez les femmes exposées au distilbène (un œstrogène de synthèse prescrit aux femmes enceintes dès 1940 et interdit en 1977 en France)», rappelle-t-elle.

A ce jour on considère qu’il existe près de 500 perturbateurs endocriniens (PE), des substances capables d’interférer avec le système hormonal.

Dans ces perturbateurs on compte les phtalates, le BPA, certains pesticides, des métaux lourds, des polluants organiques persistants (POP) comme les PCB et dioxines, des médicaments et les phytoestrogènes naturels comme le soja. Présentes à faibles doses dans l’environnement (eau, sol) et la chaîne alimentaire, ces molécules se retrouvent souvent dans le sang et l’urine humaines. Leurs impacts sur la faune sauvage, comme la féminisation des poissons, ont été largement démontrés.

En 1991 lors de la conférence de Wingspread aux USA a été soulevée pour la première fois l’hypothèse selon laquelle ils pourraient être à l’origine de certaines pathologies humaines. « Il fallait du courage pour lancer cette hypothèse, validée depuis par de nombreux articles scientifiques», souligne André Cicolella, président du RES.

De nombreuses études ont en effet montré des effets des PE sur des modèles animaux. « On est sûr des effets néfastes chez le rat et la souris, à des concentrations très faibles, mais il n’y pas encore de preuves chez l’homme. Ce sont toutefois des signaux d’alerte», indique Ana Soto.

« Il est difficile d’extrapoler à l’homme les résultats observés chez l’animal, rappelle cependant Patrick Fénichel endocrinologue à l’Inserm de Nice. La forte augmentation des cancers du sein, de la prostate et de la testicule, suggèrent néanmoins le rôle joué par les facteurs environnementaux », même si jusque là le lien entre exposition à un PE et un de ces types de cancers n’a encore pu être démontrée de façon certaine.

Les PE sont également suspectés de jouer un rôle dans la hausse des malformations génitales chez l’homme, dans les dysfonctionnements de l’intestin ainsi que dans certains troubles psychiatriques (dépression, anxiété).

Les chercheurs se heurtent néanmoins à des difficultés, comme l’évaluation de l’exposition passée (d’où la nécessité de développer des marqueurs prédictifs) et l’évaluation de l’effet « cocktail » des mélanges de substances.

Pour Ana Soto, « il ne s’agit plus d’un problème scientifique mais de politique de santé. On a besoin des législateurs pour changer de paradigme ». Un point de vue qui n’est pas consensuel dans la communauté scientifique.

Dans ce contexte le rapport et l’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les PE qui doit être publié avant la fin de l’année, est très attendu. « On touche aux limites du système actuel d’évaluation des risques », explique Gérard Lasfargues, directeur adjoint de l’Agence. Il propose de mettre en place de nouveaux schémas d’évaluation des risques, qui permettraient de recommander des mesures adaptées -de l’information à l’interdiction des  notion du principe de précaution car, face aux questions d’incertitudes, substances- en fonction de l’appréciation du risque. « Je revendique la notion du principe de précaution car, face aux questions d’incertitudes, le scientifique ne peut pas rester désengagé », affirme-t-il. L’interdiction du BPA dans les biberons, votée fin juin au Parlement, doit entrer en vigueur le 1er janvier 2011. Le gouvernement s’est également engagé à ouvrir un débat sur l’interdiction générale du BPA dès janvier 2011.

Sommet sur la Biodiversité à Nagoya, manque d’engagements

Le sommet sur la Biodiversité à Nagoya, qui vient de se tenir en octobre 2010 au Japon n’a montré que quelques avancées, beaucoup d’incertitudes et peu  de contraintes.

Cent quatre-vingt- treize pays ont ratifié à Nagoya un plan stratégique en 20 points permettant de freiner le rythme alarmant de la disparition des espèces pour 2020. Cependant on peut une nouvelle fois constater que les Etats-Unis ont encore refusé de ratifier ces accords.

Les négociations de Nagoya ouvrent de nouvelles potentialités de protections des espèces par l’augmentation des zones protégées terrestres de 17% et surtout par une forte augmentation de la protection des zones maritimes qui passent de 1% actuellement à 10%. Il faut  espèrer que cette mesure très importante sur les zones maritimes va remettre en question certains processus de négociation sur la pêche.

Toutefois les accords concernant les relations commerciales et scientifiques entre les pays du Sud qui possèdent une grande partie des ressources biologiques issues de la faune et de la flore et les pays du Nord qui possèdent les industries et qui déposent la quasi-totalité des brevets est une avancée majeure pour mettre fin à la biopiraterie mais  cependant plusieurs problèmes persistent malgré cette avancée : la rétroactivité n’a pas été reconnue.

Ce sont les agences nationales qui seront chargées de délivrer les autorisations de protection car le protocole réaffirme « le droit souverain des états sur leurs ressources naturelles ». De ce fait, les peuples indigènes estiment ne pas avoir été écoutés une fois encore puisque la question de la protection de leurs savoirs traditionnels est remise entre les mains des Etats.

De nombreuses failles restent perceptibles qui sont autant de « portes de sortie » pour ne pas respecter les engagements pris.

Les deux principales failles sont d’une part que cet accord n’est pas très contraignant et qu’aucune sanction ne soit prévue pour celui qui ne respecte pas ses engagements et, d’autre part, que le texte pourtant très technique comprend de nombreux passages pouvant faire l’objet d’interprétations différentes.

De plus, le financement des pays en voie de développement n’est pas très explicite et bien en deçà de ce qui avait été prévu. Si l’assurance que les fonds seront débloqués en 2012 une fois les objectifs identifiés a été certifiée, tout démontre que l’on compte sur des fonds qui ne semblent pas exister pour l’instant. En dehors des engagements bilatéraux de la Belgique et du Japon, la manière dont sera financée les mesures adoptées reste très floue.

La France a consenti à verser 500 millions d’euros par an à partir de 2013. Ces fonds seraient pris sur l’aide publique au développement qui est, avec 100 millions aujourd’hui, très inférieur aux engagements pris à Rio en 1992.

On peut donc en conclure que les décisions prises à Nagoya ne sont pas à la hauteur des enjeux qui sont pourtant de plus en plus urgents. Cependant, ces mesures auront toutefois permis de consolider l’ONU à quelques mois de Cancun

Surmortalité des abeilles vigiles de la biodiversité : pourquoi ?

Quelle est la cause de la surmortalité des abeilles sauvages et domestiques qui, partout dans le monde, menacent la biodiversité et la sécurité alimentaire de l’humanité ? Article du Monde d’Aout 2010

Pour répondre à cette question, les autorités anglaises et écossaises viennent de lancer un programme d’une envergure sans précédent. Un cheptel menacé partout dans le monde.

Une perte de 10 % du cheptel par saison est considérée comme normal chez les abeilles domestiques. Aux Etats-Unis et au Canada, cette proportion atteint en moyenne 30 % et peut être beaucoup plus importante localement. En Europe, le pourcentage de perte varie de 10 % à 30 %. Au Moyen-Orient, les mortalités représentent environ 20 % du cheptel en Jordanie et au Liban, et vont de 22 % à 80 % selon les régions étudiées en Syrie et en Irak. Des surmortalités se produisent aussi au Japon, en Argentine et au Brésil, mais elles ne sont pas quantifiées.

Rassemblés sous l’intitulé « Initiative pour les insectes pollinisateurs« , neuf projets de recherche, qui bénéficieront d’un financement de 12 millions d’euros sur trois ans, tenteront d’apporter des réponses. « L’enjeu est à la fois de protéger la biodiversité – de nombreuses espèces sauvages dépendant de la pollinisation -, et les cultures alimentaires, en particulier les fruits et légumes, explique Andrew Watkinson, directeur du partenariat Living with Environmental Change, qui chapeaute les recherches menées par les gouvernements du Royaume-Uni. On voit déjà les conséquences du manque de pollinisateurs en Angleterre : les producteurs de pommes doivent ainsi importer des abeilles. »

Un tiers de l’alimentation mondiale dépend de la pollinisation par les insectes. Le programme a été suscité par les parlementaires britanniques, alertés par des apiculteurs. Il est financé par des fonds publics et le Welcome Trust, une fondation privée.

IMPACT DES PESTICIDES Pour expliquer cette surmortalité, la communauté scientifique parle aujourd’hui de causes « multifactorielles », et d’interactions possibles entre les divers facteurs : maladies, parasites, exposition aux pesticides, raréfaction de la nourriture des insectes due à l’uniformisation des cultures, appauvrissement génétique des reines… Les programmes lancés en Grande-Bretagne exploreront ces diverses pistes : rôle du parasite Varroa destructor – surnommé le « vampire de l’abeille » – dans la propagation des virus, impact des modifications du paysage et des changements dans l’environnement, fonctionnement des abeilles en ville…

L’un d’eux, dirigé par le neurologue Christopher Connolly, de l’université de Dundee (Ecosse), sera consacré aux incidences des pesticides. « Ils affectent les connexions neuronales des insectes, explique M. Connolly. A haute dose, ils entraînent la mort, mais l’exposition chronique à de faibles doses peut aussi provoquer des changements plus ténus, comme la perte du sens de l’orientation, la diminution de la capacité d’apprendre et de communiquer. » Jusqu’à présent, de tels impacts ont été mis en évidence en laboratoire, mais jamais en conditions réelles, en plein champ. L’équipe du professeur Connolly travaillera sur les deux plans. Elle tentera de mettre en évidence les effets d’un ou de plusieurs pesticides sur l’activité cérébrale des abeilles au niveau cellulaire. « Nous nous focaliserons sur l’impact combiné de plusieurs pesticides, poursuit M. Connolly. Ils peuvent ne pas avoir d’effets isolément, mais être délétères quand ils agissent en synergie. » Les pesticides de traitement des cultures, mais aussi ceux qui sont utilisés par les apiculteurs pour éradiquer les parasites dans les ruches, seront testés. L’évolution des capacités d’apprentissage d’abeilles exposées à des produits chimiques sera également évaluée en laboratoire. Enfin, volet le plus spectaculaire de la recherche, les abeilles de trois ruches en plein champ seront équipées de puce de radio-identification (RFID), qui permettront de suivre la trace de chaque insecte.

Il s’agit de résoudre l’une des difficultés majeures dans l’identification des causes de surmortalité : dans de nombreux cas, les abeilles ne meurent pas près de la ruche, mais disparaissent. Les insectes seront également régulièrement pesés, afin de déterminer s’ils ramènent la même quantité de nourriture que dans des ruches témoins. Quelque 16 000 abeilles au total seront équipées de puce RFID. Ce programme, mené en collaboration avec des apiculteurs écossais, doit durer trois ans.

Gaëlle Dupont Article paru dans l’édition du 01.08.10