Tous les articles par Jacqueline Collard

Réduire la pollution atmosphérique: une urgence de santé publique

Habiter à proximité du trafic routier augmente sensiblement la morbidité attribuable à la pollution atmosphérique. Diminuer encore les niveaux de particules fines dans l’air des villes européennes entraînerait un bénéfice non négligeable en termes d’ augmentation de l’espérance de vie et de réduction des coûts pour la santé. Ce sont les 2 principales conclusions du projet Aphekom mené par l’Institut de veille sanitaire (InVS) dans 12 pays européens et par plus de 60 scientifiques . C’est aussi un tout nouvel éclairage sur les effets sanitaires et économiques de la pollution urbaine en Europe.

Réduire la pollution permet des gains importants d’espérance de vie

Depuis la fin des années 1990, les études témoignant de l’impact de la pollution sur la santé et sur la mortalité s’accumulent. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « trois millions de personnes meurent chaque année sous l’effet de la pollution atmosphérique, soit 5 % des 55 millions de décès annuels dans le monde. Vu la marge d’incertitude des estimations, le nombre réel des décès annuels pourrait se situer entre 1,4 et 6 millions ».
Plus récemment, ce sont les particules fines qui ont attiré l’attention des scientifiques, en raison de leur devenir dans l’organisme.

Dès 1997, le Comité de la prévention et la précaution, qui dépend du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, précisait que « ce sont les particules fines (diamètre inférieur à 2,5 µm) émises principalement par les moteurs diesel qui atteignent en plus grand nombre les alvéoles des poumons ; les particules de plus grande taille étant précipitées sur la muqueuse des voies aériennes, puis dégluties ». Au-delà de l’impact respiratoire (asthme, bronchite…), des conséquences cardiovasculaires et des décès sont directement liés à ces fines particules.
Et les résultats du projet européen Aphekom confirment ces données alarmistes. Les évaluations de l’impact sanitaire dans 25 grandes villes européennes montrent que l’espérance de vie pourrait augmenter de 22 mois supplémentaires pour les personnes âgées de 30 ans et plus (en fonction de la ville et du niveau moyen de pollution), si les niveaux moyens annuels de particules fines PM2,5 étaient ramenés au seuil de 10 microgrammes par mètre-cube, valeur guide préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Le gain moyen en espérance de vie serait ainsi de 7,5 mois pour Marseille ; 5,8 mois pour Lille et Paris ; 5,7 mois pour Lyon et Strasbourg…
Le respect de la norme préconisée par l’OMS se traduirait par une économie d’environ 31,5 milliards d’euros (diminution des dépenses de santé, de l’absentéisme, et des coûts associés à la perte de bien-être, de qualité et d’espérance de vie).

Habiter à proximité du trafic routier augmente asthme, maladie cardio et respiratoire

Utilisant une modélisation inédite d’évaluation de l’impact de la pollution atmosphérique, le projet Aphekom démontre qu’habiter à proximité du trafic routier est un facteur majorant dans le développement de pathologies chroniques.
Il a été estimé notamment que, dans 10 villes européennes, le fait d’habiter à proximité du trafic routier pourrait être responsable d’environ 15 à 30 % des asthmes de l’enfant. On pourrait retrouver des proportions similaires ou plus élevées de pathologies chroniques respiratoires et cardiovasculaires fréquentes chez les adultes de 65 ans et plus habitant à proximité du trafic.
Là encore, le coût associé à ces effets délétères n’est pas négligeable : il s’élèverait à 300 millions d’euros par an.

Pollution, il est urgent d’agir au niveau légal

Les législations ont-elles un impact sur la pollution atmosphérique et ses conséquences ? Oui, si l’on prend l’exemple de la réduction des niveaux de soufre dans les carburants décidée par la législation européenne. Elle s’est traduite par une diminution marquée et pérenne des niveaux de dioxyde de soufre (SO2) dans l’air ambiant. Une amélioration à l’origine de la prévention de près de 2 200 décès prématurés, dont le coût est estimé à 192 millions d’euros dans les 20 villes étudiées.
A la lumière de ces résultats, le rapport Aphekom souligne que « la promulgation et la mise en oeuvre de réglementations efficaces dans le domaine de la pollution atmosphérique se concrétisent par des bénéfices sanitaires et monétaires importants. Ils montrent du même coup l’intérêt qu’il y aurait à réguler les niveaux de pollution atmosphérique à proximité du trafic routier »… en particulier concernant les particules fines principalement issues des moteurs diesel.

Sachant que depuis 2005, différents pays de l’Union européenne dépassent les valeurs limites réglementaires pour les niveaux de particules dans l’air ambiant, l’urgence d’une action législative apparaît réelle. La mise en oeuvre des réglementations actuelles est à l’ordre du jour aux niveaux européen et national et l’Union européenne prépare pour 2013 une révision de la réglementation actuelle.

APHEKOM

 Aphekom apporte un nouvel éclairage sur les effets sanitaires et
économiques de la pollution urbaine en Europe

Premières Assises nationales de la qualité de l’air 6-7 avril 2011, Paris

Les Organisateurs étaient : Le ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement (MEDDTL) et l’ADEM, le ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement (MEDDTL) et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)

Etaient invités : Elus locaux, régionaux, nationaux, représentants de l’administration, de l’Etat et des collectivités territoriales, partenaires européens, syndicats et fédérations professionnels, entreprises, monde agricole, bureaux d’études, associations, chercheurs, universitaires

Selon les récents travaux de l’Organisation Mondiale de la Santé, la pollution de l’air fait partie des principaux problèmes de santé environnementale en Europe. En France, en dépit des différentes actions mises en œuvre par les Collectivités, l’Etat et les Entreprises, les valeurs limites réglementaires de qualité de l’air sont actuellement dépassées dans plusieurs agglomérations.

C’est pourquoi, la mobilisation de tous les acteurs, du plan local au plan national est requise, autour de l’objectif commun d’améliorer la qualité de l’air, en particulier dans les agglomérations et dans les zones sensibles à la qualité de l’air.

L’objectif de ces assises est de créer des dynamiques d’actions pour améliorer la qualité de l’air, et permettre aux décideurs locaux d’inscrire des objectifs ambitieux de gestion de la qualité de l’air dans les politiques territoriales.

Ces Assises sont organisées autour d’échanges d’expérience et de bonnes pratiques en matière de gestion de la qualité de l’air : présentations de solutions performantes et concrètes pour améliorer de la qualité de l’air, tables rondes pour partager les points de vue.

A cette occasion, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET ministre de l’écologie a présenté  le mercredi 6 avril les résultats de la qualité de l’air pour l’année 2010, et annoncé plusieurs avancées sur ce chantier et en particulier la mise en place des »ZAPA »dans plusieurs villes de France dont Lyon et Grenoble.

« Les zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA) doivent être des moyens de redynamiser  les centres-villes et de favoriser l’émergence de nouveaux  modèles d’organisation de l’espace urbain et de services, tels que  les plates-formes d’éco-logistique pour la livraison de  marchandises en ville. A l’instar du bonus malus pour le CO2, les ZAPA doivent également inciter les constructeurs à concevoir des véhicules de moins en moins émetteurs de particules, c’est avant tout un enjeu de santé publique.», a rappelé Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.

•    Bilan de la qualité de l’air en 2010 et premiers résultats pour 2011:Le bilan 2010 fait état d’améliorations pour certains polluants avec une tendance à la baisse pour le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone et pour les particules PM10, particules fines de diamètre inférieur à 10 micromètres, même si les valeurs limites restent en dépassement sur une partie du territoire. La ministre a rappelé que ces efforts étaient encore insuffisants. Les premières données de 2011 font d’ores et déjà état de plusieurs dépassements journaliers de particules PM10.

Pour reconquérir la qualité de l’air, le plan Particules fixe, à l’horizon 2015 dans le cadre du Grenelle de l’environnement, un objectif ambitieux de réduction de 30 % des particules fines de diamètre inférieur à 2,5 micromètres dans tous les secteurs : traitement des particules et des oxydes d’azote dans les usines, couverture de fosse pour l’agriculture, filtres sur les cheminées individuelles à bois,…

Les actes et vidéos sont en ligne sur : premières Assises de la qualité de l’Air

rappel: dans notre Région vous pouvez consulter le site de atmo rhonealpes qui vous donne en continu l’état de la qualité de l’air de notre Région

Série noire au Japon avec séisme, tsunami et catastrophes industrielles

Vous pouvez trouver des renseignements plus précis sur le site de la CRIIRAD (dont nous sommes adhérents) qui analyse la situation radiologique en continu : CRIIRAD          

Série noire au Japon 18 Mars 2011

Alors que nous vivons depuis le 11 Mars un enchainement extrêmement grave au Japon : à partir d’un séisme, suivi d’un tsunami, engendrant catastrophes technologique, industrielle, et nucléaire, entraînant fatalement des difficultés tant humaines, sociales et qu’économiques, la distance qui nous en sépare nous demande d’agir en observateur , mais surtout en citoyen du monde à l’écoute de ce que les médias veulent bien nous en dire.

Cependant pour l’instant il est très difficile de faire un bilan réaliste de la situation, tant elle est exceptionnelle, tant un sinistre de cette ampleur n’avait même jamais été envisagé.

Les médias locales ont à plusieurs reprises signalé que des rejets radioactifs avaient été émis: Iode 131, Krypton, Césium 137, Strontium, tritium, gaz rares, etc.. mais leur importance en est jusqu’alors inconnue. Par ailleurs la grosse inquiétude provenait tout autant des multiples incendies, que des défauts d’approvisionnement en eau des circuits de refroidissement et tout particulièrement des piscines qui contiennent les barres d’Uranium « usagé » (2000 tonnes dans le réacteur n°2). Nous entrevoyons à cette occasion encore  la complexité à gérer les déchets fortement radioactifs et ce pour des durées très longues.

Dans cette tragédie japonaise, dans la gestion de cette crise majeure  on pourra noter le manque de lisibilité des autorités, des messages et le manque d’informations scientifiques, pourtant bien accepté semble-t-il des populations autochtones.

Alors que faire en France?

Notre pays 3ème puissance nucléaire avec ses 58 réacteurs, n’est pour l’instant pas concerné compte tenu de la distance qui nous sépare du Japon, cependant nous devons rester vigilants.

Les populations vivant dans un périmètre de 5 km autour des installations nucléaires ont été depuis plusieurs années fournis en pastilles d’iode ( Iodure de Potassium) en prévision d’une incident toujours prévisible. En dehors de ceux là ces médicaments sont sous contrôle des services de la Pharmacie des Armées.

Pourquoi l’iode ?

Lors d’une exposition à l’iode 131 radioactif (passage d’un nuage en contenant) la glande thyroïde a tendance à le capter dans l’air, aussi faut-il  saturer cette glande par une prise d’iode stable contenu par exemple dans les pastilles d’iode.

Les personnes les plus exposées sont les enfants, les femmes enceintes et les jeunes adultes. L’ingestion des ces pastilles doit avoir lieu dans les 2 heures précédent l’exposition jusqu’à 6 heures après. Tant que l’exposition persiste la prise la prise doit être renouvelée toutes les 48 h.

En France pour l’instant, notre éloignement géographique ne justifie pas de mesures particulières et en particulier pas de prise d’iode,( qui peut d’ailleurs occasionné des risques suivant les personnes), cependant cela ne signifie pas de ne pas  rester vigilants tant la situation est complexe et les scénarii inconnus.

Annonce de l’arrivée au dessus de la France de la masse d’air contaminée en provenance de la centrale de Fukushima : Article du 23 Mars 2011

D’abord dénommé « panache radioactif, au fil et à mesure de son parcours il a changé de nom, après, il est vrai, au fil des 10 000 kms perdu de son importance, de par sa dilution dans l’atmosphère. Cependant on peut noter surtout qu’il est toujours aussi peu explicite de savoir quelle en était la nature exacte, sa composition, la quantité des radioéléments émis.

Même les autorités en charge de cette connaissance, sur le terrain, ou au niveau international ne semblent pas être en mesure de se prononcer. Depuis le début de cette catastrophe, où d’ailleurs la situation reste précaire et instabilisée, des voix s’élèvent pour dénoncer le manque d’informations disponibles.

Cependant onze jours après l’accident il est clairement démontré que l’eau de mer comme l’eau potable a des taux d’iode radioactif importants, que les légumes à feuilles pour certains sont interdits à la commercialisation et que des doutes de plus en plus évidents persistent sur  les poissons et surtout ceux d’élevage pour ceux qui subsistent. Devant une situation aussi fragilisée il est évident que les produits alimentaires doivent être vivement surveillés, d’ailleurs l’Italie a suspendu les importations en provenance du Japon, quant à la France le Secrétaire d’Etat à la consommation a demandé un renforcement de la surveillance en Douanes.

Quels risques pour la santé des Français?

Devant un nombre aussi important de méconnaissances des quantités, des éléments il est impossible de se prononcer. Néanmoins notre éloignement du Japon nous protège, mais néanmoins nous sensibilise à cette sous-information qui quelque soit le lieu fait planer au dessus des populations des risques plus ou moins importants.

Ce qui reste évidant c’est que désormais le risque «  Tchernobyl » soit reconnu, qu’il soit l’élément de référence alors que 25 ans plus tôt il était «  illusoire » en France. On voit d’ailleurs quotidiennement dans les médias depuis cet accident les autorités françaises ( ASN, IRSN) nous convaincre qu’aucun danger ne nous guette, mais ils ont des difficultés évidentes à convaincre tant les mêmes personnes dans des structures analogues ont en 1986 détourné les informations, pour rassurer les Français.

Reste alors les effets des faibles doses, qui suivant les personnes, leur âge(les enfants sont les plus sensibles), leur exposition peut donner des cancers dus à la radioactivité, mais ceux-ci se déclarent longtemps après l’exposition ce qui permet de ne pas pouvoir faire le lien avec certitude.


Rapport alarmant du PNUE sur l’état des océans:

Selon le dernier rapport publié par le Pnue, les rejets en provenance de l’agriculture et de l’élevage tout comme les déchets de plastiques compromettent la vie des océans et indirectement mettent en jeu la santé de la faune, de la flore et de qualité de la vie humaine.

Des quantités énormes de phosphore, un engrais précieux pour nourrir une population mondiale croissante, se perdent dans les océans à cause de pratiques agricoles inadéquates et de l’incapacité des Etats à recycler correctement les eaux usées.
La pollution au phosphore, ainsi que d’autres rejets de produits non contrôlés tels que l’azote ou encore ceux présents dans les eaux usées provoquent une prolifération d’algues comme en Bretagne, qui, à leur tour, dégradent la qualité de l’eau, empoisonnent les stocks de poissons et font diminuer le tourisme côtier.Rien qu’aux États-Unis, les coûts de ce problème atteignent 2 milliards de dollars par an. Par extrapolation, au niveau mondial, le coût de ces dégâts peut atteindre des dizaines de milliards de dollars par an.
Parallèlement à cela, l’impact de milliards de morceaux de plastique de toutes tailles sur la santé de l’environnement marin mondial entraîne des inquiétudes croissantes.Des recherches récentes suggèrent que les morceaux de plastique retrouvés dans les océans sous forme de petits fragments, aux côtés de pastilles rejetées par l’industrie, peuvent absorber toute une gamme de produits chimiques toxiques liés au développement de cancer et à des problèmes de fertilité chez les humains, mais aussi chez les animaux.Les experts soulignent que ces nouvelles préoccupations concernant les rejets de phosphore et de matières plastiques renforcent la nécessité d’une meilleure gestion des déchets dans le monde, de même qu’elles renforcent le besoin de nouveaux modèles de consommation et de production.
Ces deux questions sont donc mises en avant en tant que questions-clés dans l’Annuaire 2011 du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) présenté hier, avant l’ouverture du Forum ministériel mondial sur l’environnement qui réunira les ministres de l’Environnement du monde entier, à partir de lundi prochain.«La pollution des océans due à la présence excessive de phosphore et de matières plastiques dans les océans met en évidence la nécessité urgente de combler les lacunes scientifiques, mais aussi de catalyser une transition mondiale vers une économie verte, utilisant peu de ressources naturelles, afin de créer un développement durable et lutter contre la pauvreté […], il existe manifestement des occasions de générer de nouveaux types d’emplois et de nouveaux types d’industries plus efficaces […]. Des industries dotées de systèmes de gestion plus intelligents, des industries dans lesquelles le recyclage est un impératif qui sert à transformer les déchets et leurs impacts négatifs sur l’environnement et la santé en une ressource précieuse, des industries qui tentent de garder l’empreinte carbone de l’humanité dans des limites acceptables pour la planète», a déclaré le secrétaire général adjoint de l’ONU et directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner.

Le phosphore, une richesse et une menace
L’Annuaire du PNUE 2011 a mis en évidence la problématique du phosphore, dont la demande mondiale a explosé au cours du XXe siècle, en partie à cause du débat houleux sur l’épuisement annoncé (réel ou non) des réserves de cette roche phosphatée. Selon les calculs du PNUE, l’utilisation mondiale d’engrais contenant du phosphore, de l’azote et du potassium a augmenté de 600% entre 1950 et 2000. L’Annuaire précise que la croissance démographique dans les pays en voie de développement couplée à une consommation accrue de produits laitiers et de viande dans l’alimentation mondiale pourrait entraîner une utilisation encore plus importante de ce type d’engrais.D’autres recherches sont également nécessaires concernant la manière dont le phosphore voyage dans l’environnement, afin de maximiser son utilisation dans la production agricole et dans l’élevage, et de minimiser le gaspillage, donc les impacts environnementaux sur les rivières et les océans. Actuellement, les humains consomment seulement un cinquième du phosphore extrait de mines via l’alimentation, le reste se retrouve dans les sols ou est rejeté dans l’environnement aquatique. Au cours des 50 dernières années, les concentrations de phosphore en eau douce et dans la terre ont augmenté d’au moins 75%. Le débit estimé de phosphore dans le milieu marin se situe actuellement à environ 22 millions de tonnes par an.Concernant les palliatifs, le PNUE souligne les opportunités énormes de recyclage des eaux usées. Dans les mégalopoles des pays en voie de développement, jusqu’à 70% de l’eau contenant des nutriments et des engrais (comme le phosphore) est déversée dans les rivières et les zones côtières sans être traitée. Des mesures pour réduire les rejets existent pourtant, note le rapport du PNUE. L’une d’entre elles consiste, par exemple, à stopper  l’érosion et la perte des sols arables où de grandes quantités de phosphore sont stockées après l’application d’engrais.En Afrique, les pertes de sols arables atteignent près de 0,50 tonne par hectare et par an. En Asie, ces pertes sont encore plus élevées, elles sont de l’ordre de 1,70 tonne par hectare et par an.Stimuler les taux de recyclage dans les mines de phosphate peut également aider à la conservation des stocks de phosphore et à la réduction des rejets dans les réseaux de distribution d’eau locaux.

Le plastique, une bombe toxique à retardement
La seconde question mise en évidence dans l’Annuaire du PNUE 2011 concerne l’impact des matières plastiques sur les océans.
En effet, les scientifiques ne se préoccupent plus seulement des dommages directs sur la faune et la flore des milieux marins, mais ils s’inquiètent aussi de la toxicité potentielle d’un certain type de matériaux : les micro- plastiques.Les micro-plastiques sont des petits morceaux de plastiques mesurant à peine plus de cinq millimètres de longueur. Ils sont libérés sous forme de pastilles par l’industrie, ou formés à partir de gros morceaux de plastique désagrégés par l’action des vagues et du soleil.Les quantités exactes de matières plastiques et micro-plastiques, venant de décharges terrestres ou des rejets de déchets des bateaux qui se perdent ou se forment dans les océans sont inconnues.
Ce que l’on sait, c’est que la consommation par habitant de matières plastiques (d’emballages et de sacs plastiques venant de l’industrie des biens de consommation) a fortement augmenté
.
Il est donc nécessaire et urgent d’améliorer et de rénover le suivi des déchets plastiques dans le milieu marin, d’autant plus que nous ne comprenons pas encore bien le sort ultime de ces matériaux. Toutefois, il est prouvé que certains plastiques ne flottent pas mais coulent et s’accumulent dans les fonds marins. «Des débris de plastique ont été observés sur le plancher océanique, dans les profondeurs du détroit de Fram dans l’Atlantique Nord, et en eau profonde au large des côtes de la Méditerranée. Une grande partie du plastique qui est rejeté dans la mer du Nord s’accumule dans les fonds marins de la région», ajoute l’Annuaire du PNUE.Or, souvent, la faune mange les déchets plastiques, les confondant avec de la nourriture. Les albatros, par exemple, confondent souvent les plastiques rouges avec les calmars, de même que les tortues s’étouffent avec des sacs plastiques qu’elles prennent pour des méduses. Certaines espèces de jeunes oiseaux de mer peuvent souffrir de malnutrition si elles se nourrissent trop souvent de plastique. Les poissons peuvent ingérer ces micro-plastiques à peine plus gros que le plancton. Des espèces comme l’espadon ou le phoque, qui sont au sommet de la chaîne alimentaire, sont citées comme étant potentiellement vulnérables. Or, ces espèces sont régulièrement consommées par les humains. Ainsi, ces déchets peuvent se retrouver dans notre assiette.
Pour le PNUE, c’est là une question préoccupante, car elle concerne des «substances persistantes et toxiques, bio-accumulables» qu’on retrouve dans les déchets plastiques marins. Des recherches indiquent que les petits morceaux de plastique adsorbés concentrent un large éventail de produits chimiques – allant des biphényles polychlorés (PCB) au pesticide DDT – présents dans de l’eau de mer et les sédiments. «Ces polluants, dont font partie les PCB, sont des perturbateurs endocriniens pouvant provoquer une baisse de la fertilité, des mutations génétiques et des cancers», rapporte l’Annuaire du PNUE 2011.
«Certains scientifiques craignent que ces produits contaminants persistants ne se retrouvent dans la chaîne alimentaire, bien qu’il y existe de nombreuses incertitudes sur le degré de dangerosité que ce problème pourrait poser pour la santé humaine et la santé des écosystèmes», ajoute-t-il.
Une étude récente des concentrations de PCB dans les pastilles de plastique échouées sur les plages a été effectuée sur 56 plages dans près de 30 pays. Pour une meilleure connaissance des implications de cette pollution, la publication insiste sur la nécessité d’une intensification des recherches en la matière.
Une des solutions qu’on pourrait adopter est la généralisation du recyclage. Actuellement, le taux de recyclage et de réutilisation des matières plastiques varie énormément d’un pays à l’autre et ce, même dans les pays développés.
Parallèlement, l’Annuaire du PNUE lance un appel pour une application plus scrupuleuse des directives et lois visant à réduire les rejets de déchets en plastique et pour une meilleure information des consommateurs, pour un changement de comportement en matière de consommation de plastique et, enfin, pour un meilleur soutien aux initiatives nationales et communautaires.
Le rapport conclut que des efforts doivent être entrepris en matière de collecte, de recyclage et de réutilisation des matières plastiques. «Si le plastique était considéré comme une ressource précieuse, au lieu d’être considéré comme un simple déchet, cela créerait une série d’opportunités pour la collecte et le retraitement.» Une autre solution est en train de prendre forme : le plastique à base végétale et biodégradable dont la fabrication en est encore au stade expérimental. 

 

Incidence sur la santé de la proximité du trafic routier (Etude allemande)

Conséquences des particules fines dues au trafic automobile sur la santé

pollution  et santé

Dans l’édition du mois de septembre 2010 du journal scientifique « Epidemiology », un important travail de recherche vient d’être publié concernant les conséquences des particules fines de la pollution due au trafic automobile sur la mortalité en Allemagne.

Ces nouveaux résultats confirment une étude déjà parue sur les « maladies respiratoires » et effectuée sur la même cohorte.

Entre 1985 et 1994 dans plusieurs régions de la Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW), l’état de santé des femmes âgées de 55 ans a été suivi en vue d’identifier les effets de la pollution. Entre 2002 et 2005, les données concernant la mortalité, les fonctions pulmonaires et les maladies pulmonaires chroniques de 4.800 de ces femmes ont été analysées.

Cette étude a été conduite par les épidémiologistes suivants : le Prof. Dr. Wichmann, le Dr. Joachim Heinrich (GFZ – Centre de recherche sur l’environnement et la santé) et le Dr. Ursula Krämer (Institut de recherche en médecine environnementale de Düsseldorf). Elle a été financée par le ministère de l’environnement de NRW et le bureau régional de NRW pour l’environnement (« Landesumweltamt NRW »).

Les résultats sur la mortalité sont les suivants : 8% des femmes sont mortes pendant l’étude dont 3% de maladies cardio-pulmonaires.

Ces maladies cardio-pulmonaires ont clairement été corrélées avec le fait d’habiter à moins de 50m d’une rue à fort trafic. La mortalité était, dans ces conditions, augmentée de 70%.

En ce qui concerne les résultats sur les maladies respiratoires, la prévalence des maladies respiratoires obstruantes était de 4,5%. Dans ce cas, le fait d’habiter dans un rayon de 100m autour d’une rue à fort trafic augmentait cette prévalence de 79%.