On suspecte depuis de nombreuses années des toxiques environnementaux, métaux lourds et pesticides notamment, mais sans preuves d’une cause unique d’avoir des liens avec l’augmentation importantes de maladies dégénératives.
L’exposition aux pesticides augmenterait le risque de près de 70 % : 5 % des personnes exposées aux pesticides risqueraient de développer la maladie contre 3 % pour la population générale. Cette maladie est effectivement plus fréquente en milieu rural qu’urbain. Les organochlorés seraient les premiers responsables (risque jusqu’à 2,4 fois plus élevé que la normale alors qu’en moyenne le risque serait doublé pour l’exposition aux pesticides selon l’Inserm et l’université Pierre-et-Marie-Curie. En France, la Sécurité sociale a reconnu en 2006 un cas de maladie de Parkinson comme maladie professionnelle pour un ancien salarié agricole.
La maladie de Parkinson est une maladie neuro-dégénérative dont les causes sont encore mal connues. Cette maladie apparaît entre 45 et 70 ans et se traduit principalement par des troubles moteurs évolutifs. L’exposition aux pesticides augmenterait les risques de développement de la maladie de Parkinson( MP). Cela fait plusieurs années que les chercheurs s’intéressent au lien entre l’apparition de cette pathologie et l’exposition professionnelle aux pesticides. Récemment, deux études importantes apportent des preuves supplémentaires de causalité.
Une équipe française de l’Inserm menée par le Professeur Alexis Elbaz observe le lien entre l’apparition de la MP chez des agriculteurs français et le taux d’exposition aux différents pesticides. L’objectif secondaire de cette observation est de mettre en évidence un effet dose dépendant (plus l’exposition a été longue dans le temps et plus la fréquence d’apparition de la MP est important), ainsi qu’un différentiel en fonction du type de pesticide.
L’équipe de chercheurs a comparé un groupe de 224 agriculteurs présentant cette maladie neuro-dégénérative à un groupe de 557 agriculteurs contrôle ne présentant pas la maladie.
Une relation de cause à effet entre l’exposition aux pesticides et la MP a pu être établie de façon significative, et cette relation est dose. On observe une prévalence forte de la MP dans les cas d’exposition aux insecticides d’origine organochlorés.
Les personnes les plus fréquemment victimes d’intoxications aiguës par les pesticides sont bien sûr les agriculteurs, qui manipulent et appliquent ces pesticides sur leurs cultures.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé qu’il y a chaque année dans le monde 1 million de graves empoisonnements par les pesticides, avec quelque 220 000 décès.
En France, la Mutualité Sociale Agricole (M.S.A.) qui a en charge la médecine du travail et la prévention des risques professionnels des salariés agricoles, a trouvé des effets indésirables chez près d’un manipulateur sur 6 lors d’enquêtes portant sur une année d’utilisation professionnelle de pesticides. Les troubles aigus dûs aux pesticides frappent les muqueuses et la peau (40 % des cas étudiés), le système digestif (34 % des cas), le système respiratoire (20 %), le reste de l’organisme (24 %). À la suite de ces incidents lors du travail agricole, plus des deux tiers des victimes ont dû consulter un médecin. Parmi les paysans recensés dans cette banque de données de la MSA, 13 % font état d’une hospitalisation consécutive à l’utilisation de pesticides et 27 % ont dû recourir à un arrêt de travail momentané.
Les jeunes enfants sont aussi très fréquemment victimes d’empoisonnement par les pesticides, habituellement suite à des ingestions accidentelles ou à des atteintes dermatologiques. Les pesticides organophosphorés et les carbamates sont à l’origine des cas d’empoisonnements par les pesticides les plus fréquents.
Et tout dernièrement un rapport publié le 2 juillet 2010 par CHEM Trust(1) souligne que certaines études montrent une augmentation du risque de cancer chez l’enfant lorsque la mère est exposée aux pesticides. L’exposition pendant la grossesse est la cause la plus systématique de cancer chez l’enfant. Ainsi, en Grande-Bretagne une étude note qu’au cours des trente dernières années (1975 – 2005)
• les cas de lymphomes non-hodgkiniens ont plus que doublés ;
• le nombre de cancers des testicules a doublé ;
• le nombre de cancers du sein chez la femme a augmenté de 67 % et a été multiplié par quatre chez l’homme ;
• les cas de cancer de la prostate ont triplé.
• Enfin, de 1963 à 1998, le nombre de cancer chez l’enfant a augmenté de 35 % soit 1% par an…
1 Professional exposure to pesticides and Parkinson’s disease, Alexis Elbaz, MD, PhD Annals of Neurology Volume 9999 Issue 999A, Page NA Published Online : 13 Apr 2009 P.-S.
2 Sadie Costello, Myles Cockburn, Jeff Bronstein, Xinbo Zhang, and Beate Ritz. Parkinson’s Disease and Residential Exposure to Maneb and Paraquat From Agricultural Applications in the Central Valley of California. American Journal of Epidemiology, 2009; 169 (8): 919
3 Richard S, Moslemi S, Sipahutar H, Benachour N, Seralini GE. 2005. “Differential effects of glyphosate and Roundup on human placental cells and aromatase” Environ Health Perspect: doi:10.1289/ehp.7728. Une étude scientifique qui montre que le Round up fait partie des pesticides perturbateurs endocriniens
4 A review of the role pesticides play in some cancers : Children, farmers and pesticide users at risk ? – CHEM Trust juillet 2010