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Nous passons de 70 à 90 % de notre temps (voire plus pour certaines populations sensibles comme les jeunes enfants et les personnes âgées) à l’intérieur de locaux divers (locaux d’habitation, de travail ou destinés à recevoir le public) et de moyens de transport, où nous sommes exposés à divers polluants, principalement par inhalation. A la différence de la pollution de l’air extérieur, plus médiatisée et faisant l’objet de règlementations, celle de l’air intérieur est restée relativement méconnue jusqu’à présent. L’air intérieur fait partie de la sphère privée, il est donc nettement plus difficile à investiguer alors que les concentrations de polluants peuvent y être élevées et n’ont pas de valeurs limites établies.
Jusqu’à récemment la qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments ne faisait pas partie des préoccupations sanitaires majeures, comme l’est la qualité de l’air extérieur. Pourtant, nous passons, en climat tempéré, en moyenne 85 % de notre temps dans des environnements clos, et une majorité de ce temps dans l’habitat. L’environnement intérieur offre une grande diversité de situations de pollution, avec de nombreux agents physiques et contaminants chimiques ou microbiologiques, liés aux bâtiments, aux équipements, à l’environnement extérieur immédiat et au comportement des occupants. Depuis quelques années, une attention croissante est portée à ce sujet, avec en particulier la création par les pouvoirs publics, en 2001, de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI).La vocation de cet observatoire, mis en œuvre par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), est de dresser un état des lieux des expositions aux polluants de l’air observés dans les lieux de vies et d’en établir les déterminants, afin d’apporter les informations nécessaires à l’évaluation et à la gestion des éventuels risques. L’étude pilote, qui s’est déroulée en 2001 et qui se prolonge par une campagne nationale en 2003-2005, a confirmé les lacunes concernant l’existence de valeurs guides permettant d’asseoir une réglementation dans ce domaine. En effet, alors qu’il existe des valeurs guides pour la qualité de l’air extérieur (OMS, Air Quality Guidelines for Europe, 2000) ainsi qu’un ensemble de valeurs limites à caractère réglementaire ce n’est pas le cas pour la qualité de l’air intérieur, du moins en France. Il est alors difficile d’apprécier les niveaux de concentrations mesurés dans les environnements clos et d’instaurer des mesures de réduction des émissions proportionnées au risque potentiel encouru.
Cette volonté d’approfondissement des connaissances dans ce domaine s’inscrit également dans le cadre du Plan national santé environnement (PNSE2). En effet, l’une des douze actions prioritaires visant à répondre à l’un des trois objectifs majeurs du plan, « garantir un air et une eau de bonne qualité », est de « mieux connaître les déterminants de la qualité de l’air intérieur ». Ce travail s’articulera également avec le Plan cancer pour lequel l’Afsset doit contribuer à caractériser l’exposition de la population à des substances cancérogènes et procéder à une analyse critique des valeurs toxicologiques de référence (VTR) associées. Enfin, la volonté de l’Afsset est également motivée par ses besoins de connaissance des déterminants et des niveaux de pollutions de l’air intérieur dans le cadre d’autres projets menés par ailleurs au sein de l’agence et de réponse à différentes saisines.
Ces travaux doivent maintenant permettre de hiérarchiser les actions de santé publique au niveau politique. Pas seulement en termes d’émission de substances chimiques donc, mais en intégrant par exemple la gestion de l’humidité (ventilation, méthodes de construction, bonnes pratiques quotidiennes, etc.) ou encore le rôle de l’enveloppe du bâtiment comme protection contre la pollution extérieure, notamment les particules fines. Un autre vaste chantier qui concernera l’ensemble des parties prenantes : autorités publiques et associations bien sûr, mais aussi l’ensemble des acteurs du bâtiment.