Tous les articles par Jacqueline Collard

Nouveau rapport sur le lien entre pesticides et tumeurs (RNV3P)

Mi-septembre, les premiers résultats de l’étude Agrican (AGRiculture et CANcer) (1) concluaient que les agriculteurs présentent un meilleur état de santé que le reste de la population.

S’opposant à toute déduction hâtive, les ONGs avaient contesté l’interprétation de ces résultats qui occultent un certain nombre d’informations. D’une part, il y a beaucoup moins de fumeurs chez les agriculteurs que dans le reste de la population, le tabagisme étant considéré comme un facteur risque important de cancers. En outre, ils ont un style de vie bien moins sédentaire et bénéficient d’une meilleure prise en charge des pathologies. Enfin, l’étude Agrican a observé un taux supérieur de décès par mélanome malin de la peau au sein du secteur agricole.

Le 4 octobre dernier, le Réseau National de Vigilance et de Prévention des Pathologies Professionnelles (rnv3p) (2) a publié un rapport scientifique, établissant un lien entre la présence importante de tumeurs et l’exposition aux pesticides dans la profession agricole.

Selon les auteurs du rapport, dans le secteur agriculture et pêche, les tumeurs représentent 12 % des pathologies en relation avec le travail, dont 64 % sont associés à une exposition professionnelle aux pesticides. De même, il est fait mention de phénomènes émergents tels que des cas de lymphomes et de leucémies en milieu agricole.

En ce sens, le rapport du rnv3p fait écho à une étude réalisée début septembre par l’Observatoire Régional de Santé de Poitou Charente. Celle-ci soulignait, en effet, une « surmortalité significative » des adultes par lymphomes dans certains territoires agricoles.

Pour François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, ces nouveaux éléments appuient les nombreuses preuves collectées jusqu’à aujourd’hui sur les risques sanitaires liés à l’exposition aux pesticides. Le doute raisonnable n’est désormais plus permis, et doit céder le pas au principe de précaution et à la prise de mesures strictes de réduction de l’usage de ces substances toxiques.

1- Lancée fin 2005 par la Mutuelle Sociale Agricole (MSA), l’étude Agrican étudie le lien entre cancers et activités agricoles.
2- En 2001, les 32 Centres de Consultation de Pathologie Professionnelle (CCPP) ont mis en place un réseau d’experts médicaux, baptisé Réseau National de Vigilance et de Prévention des Pathologies Professionnelles (rnv3p). Ce dernier a vocation à identifier les principaux risques professionnels et les maladies professionnelles émergentes, et travailler à la prévention de ces pathologies.

Le Conseil d’Etat donne raison aux opérateurs sur l’implantation d’antennes relais

Le Conseil d’Etat examinait, le 30 Septembre dernier, les pourvois de trois communes,

–       Les Pennes-Mirabeau, Bouches-du-Rhône,
–       Saint-Denis, Seine-Saint-Denis,
–       Bordeaux, Gironde.

les Maires de ces communes ayant pris des arrêtés pour restreindre l’implantation d’antennes-relais de Téléphonie Mobile au nom du Principe constitutionnel de Précaution et conformément aux préconisations de nombreux experts.

Ces arrêtés avaient été annulés par les Tribunaux Administratifs et Cours d’Appel alors que le Principe de Précaution doit être appliqué à la vue de décisions du CIRC et de l’OMS qui sont en train de reconnaître la nocivité des ondes radioélectriques classées dans le Groupe 2B « possiblement cancérogène » et la Résolution du Conseil de l’Europe en Mai 2011.

Nous rapportons le Communiqué de l’AFP du 27 octobre 2011 :

 » Un maire n’est pas compétent pour réglementer l’implantation des antennes relais sur sa commune », a jugé mercredi le Conseil d’Etat saisi sur le cas de trois municipalités.

Cette décision pourrait avoir des répercussions à Paris où la mairie bataille avec les opérateurs sur ce sujet.

La haute instance administrative a jugé mercredi qu' »un maire ne saurait réglementer par arrêté l’implantation des antennes relais sur le territoire de sa commune sur le fondement de son pouvoir de police générale« , dans une décision concernant Bordeaux, Saint-Denis (Seine-saint-Denis) et Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône).

« Seules les autorités de l’Etat désignées par la loi (ministre, ARCEP, ANFR) sont compétentes pour réglementer de façon générale l’implantation des antennes relais de téléphonie mobile« , a-t-il souligné.

La réaction du  Président du CRIIREM Pierre Le Ruz ne s’est pas fait attendre : Les Maires ont une obligation de gérer les risques sanitaires sur leur commune et de ce fait ce texte ne leur permet pas d’accomplir leurs obligations dans le domaine des fréquences radioélectriques.

Nanoparticules et effets sur les cellules cérébrales

Une étude relayée par le quotidien du médecin montrerait des effets nocifs des particules de dioxydes de titane nanométriques.

Une étude publiée dans « Biomaterials », une revue du groupe Elsevier, suggère qu’une exposition chronique aux nanoparticules de dioxyde de titane (nano-TiO2) « pourrait entraîner leur accumulation dans le cerveau avec un risque de perturbation de certaines fonctions cérébrales ».

L’étude, disponible en ligne, a été réalisée par un groupe de chercheurs français du CEA et de l’université Joseph-Fourier de Grenoble. Grâce à un modèle cellulaire, utilisé par l’industrie pharmaceutique pour tester les candidats médicaments lors d’études précliniques, Émilie Brun et col. ont montré qu’une exposition aiguë et/ou chronique in vitro aux nano-TiO2 entraînait leur accumulation dans les cellules endothéliales cérébrales. Ces nanoparticules altèrent en effet la barrière hémato-encéphalique, structure essentielle pour la protection du cerveau, et provoquent une inflammation cérébro-vasculaire.

Les chercheurs ont également observé une diminution de l’activité de la P-glycoprotéine, une protéine présente dans les cellules endothéliales et dont le rôle est de bloquer les toxines susceptibles de pénétrer le système nerveux central.

C’est en s’interrogeant sur les résultats d’une étude chez le rat qui avait montré que des nano-TiO2 instillées par voie nasale étaient détectées dans le cerveau, principalement dans l’hippocampe et le bulbe olfactif, que les chercheurs ont développé leur modèle.

Comment des nanoparticules pouvaient-elles se retrouver dans le cerveau, alors que ce dernier est normalement protégé des éléments toxiques par la barrière hémato-encéphalique ? Le modèle qu’ils ont alors développé pour répondre à la question présente les principales caractéristiques de la barrière in vivo, y compris humaine, en associant deux types de cellules : des cellules endothéliales cultivées sur une membrane semi-perméable et des cellules gliales. D’où leur crainte d’un effet in vivo chez l’homme.

Les nanoparticules de dioxyde de titane sont produites à l’échelle industrielle et sont utilisées dans de nombreux produits, comme des peintures, des cosmétiques (protections solaires) ou des systèmes de dépollution (revêtements autonettoyants).

Réf: In vitro evidence of dysregulation of blood–brain barrier function after acute and repeated/long-term exposure to TiO2 nanoparticles

Emilie Bruna, b, Marie Carrièreb, c, Aloïse Mabondzoa, Corresponding Author Contact Information, E-mail The Corresponding Author Purchase

a) CEA, Direction des Sciences du Vivant, iBiTec-S, Service de Pharmacologie et d’Immunoanalyse, F91191 Gif-sur-Yvette, France
b) Laboratoire Structure et Dynamique par Résonance Magnétique, SIS2M UMR3299 CEA-CNRS, F91191 Gif-sur-Yvette, France
c) Laboratoire Lésions des Acides Nucléiques, SCIB UMR-E3 CEA-UJF Grenoble 1, INAC, F38054 Grenoble Cedex 9, France

 

Bruxelles invité à agir face au risque cancérigène des téléphones portables

Nous relayons un communiqué de l’AFP:

BRUXELLES – Trois députés européens ont demandé mardi à la Commission européenne de travailler sur le risque cancérigène des ondes des téléphones mobiles et de préparer une proposition pour harmoniser les normes dans l’UE.

Nous sommes au-delà de la phase d’alerte concernant l’utilisation abusive de la téléphonie mobile, a affirmé l’eurodéputée verte française Michèle Rivasi.

Le risque de tumeurs au cerveau a été démontré. Dorénavant, ce n’est plus le principe de précaution qui s’applique, mais le principe de prévention. Il est temps maintenant d’agir. Cela veut dire qu’il faut réviser les normes recommandées à l’échelle de l’Union, a-t-elle soutenu.
L’eurodéputée libérale belge Frédérique Ries a rappelé que les limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques n’ont pas été modifiées en Europe depuis 1999, soit une époque où les appareils sans fil (GSM, téléphone DECT (numérique), wifi) n’étaient pas encore un objet du quotidien.

L’élu socialiste grec Kriton Arsenis a pour sa part fait état de deux études scientifiques indépendantes signalant les premières alertes sur les effets cancérigènes de l’utilisation de téléphones mobiles chez des enfants et des femmes enceintes.De nombreuses fois par le passé, nous n’avons pas réagi à des signaux précoces qui furent suivis par des tragédies de santé public, a-t-il déploré.
Sur la base du principe de précaution, la Commission européenne doit immédiatement informer le public des moyens permettant de réduire l’exposition aux rayonnements du téléphone mobile, réduire les normes limitant l’exposition du public et encourager les études scientifiques indépendantes afin de renforcer la recherche sur ces alertes préliminaires, a-t-il demandé.

Le Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (SCENIHR), à l’origine des recommandations qui ont conduit à l’adoption des premières normes européennes en 1999, se réunit les 16 et 17 novembre.

Les trois députés souhaitent que cette instance réalise une évaluation de ces normes, en associant à ses travaux des experts indépendants à l’origine d’études sur les dangers des champs électromagnétiques.

Outre le cancer ou la leucémie infantile, certaines études voient en effet un lien entre l’exposition à ces ondes et la maladie d’Alzheimer, des troubles du sommeil ou des problèmes psychologiques, a souligné Michèle Rivasi.

Nous souhaitons qu’ils tiennent compte des nouvelles études et de la position de lOMS qui a reconnu les risques cancérigènes des champs électromagnétiques, a-t-elle précisé.

L’objectif est d’amener la Commission européenne à proposer une harmonisation des normes au niveau de l’UE, a-t-elle conclu.

(©AFP / 11 octobre 2011 18h21)

Préserver les semences pour préserver notre diversité alimentaire et la biodiversité

Réhabiliter les droits des agriculteurs sur leurs semences: des ONG alertent

Abeille pollenisatrice
Abeille pollenisatrice

Les lois de la commercialisation et l’octroi de droits de propriétés industrielles ont peu à peu défait les agriculteurs de leurs droits à conserver, ressemer, échanger et vendre leurs semences, à les protéger de la biopiraterie et de l’intrusion d’OGM brevetés.

De fait, comme le souligne l’ONG les Amis de la Terre, les semences commerciales aujourd’hui disponibles ne sont majoritairement plus reproductibles par les agriculteurs. Outre le retrait du rôle premier de l’agriculteur, l’appropriation des semences par de grandes multinationales a abouti à la standardisation des semences. En conséquence de quoi, celles-ci sont devenues plus gourmandes en engrais et en pesticides chimiques. Démunis de leur droits, les paysans ne sont plus en mesure de sélectionner des semences adaptées à une agriculture plus saine.

Alertant sur la perte de biodiversité cultivée, la FAO (1) estime que 75 % des variétés cultivées ont disparu dans le monde entre 1900 et 2001.

Aussi, une coalition d’organisations paysannes, environnementales et d’artisans semenciers (2) a lancé une campagne visant à plaider, lors des prochaines élections, en faveur de la promulgation d’une loi de reconnaissance des droits des agriculteurs et des jardiniers sur les semences. Cet appel est destiné à ne plus réduire les agriculteurs au seul rôle de consommateurs  de semences industrielles: il  s’adresse  à nous tous citoyens, organisations de la société civile, et élus, afin de préserver notre diversité alimentaire tout autant que l’ensemble de la biodiversité qui lui est associée . La survie des espèces en dépend.

1- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
2- Font partie de cette coalition : Agir pour l’environnement, les Amis de la Terre, Artisan du Monde, ASPRO PNPP, ATTAC, Chrétiens dans le Monde Rural, Confédération paysanne, Croqueurs de carottes, Demeter France, Fédération Nationale des Agriculteurs Biologiques, Fondation Sciences Citoyennes, Générations Futures, Minga, Mouvement d’Agriculture Biodynamique, Nature & Progrès, Ogm Dangers, Réseau Semences Paysannes.