Tous les articles par Jacqueline Collard

Communiqué : Etude sur les conséquences sanitaires de plusieurs pesticides courants

PERPIGNAN SAMEDI 4 AOÛT 2012 – Une étude scientifique démontre les effets néfastes de mélanges de certains pesticides couramment utilisés.
Une étude scientifique menée par l’Université d’Aston, en Angleterre, et soutenue par les ONG Générations Futures et Antidote Europe, parue dans le journal scientifique à comité de lecture PLoS One démontre les effets néfastes de mélanges de certains pesticides couramment utilisés. Pourquoi cette étude : L’évaluation des risques pour la santé de mélanges de substances chimiques a été éludée jusqu’ici faute d’une méthode appropriée. Or chacun d’entre nous, quel que soit son âge, est exposé journellement à des dizaines de substances chimiques de synthèse dont on ignore les toxicités en mélange .
Générations Futures et Antidote Europe se sont donc associés pour s’attaquer à ce problème urgent. Les deux associations ont demandé à une équipe universitaire réputée de tester les activités de mélanges de trois fongicides fréquents (pyrimethanil, cyprodinil et fludioxonil) sur des cellules gliales et neuronales représentatives du système nerveux central humain. Les résultats de ces travaux scientifiques viennent d’être publiés sous le titre :
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Résultats : En combinaison, ces fongicides exercent sur les cellules gliales d’énormes stress oxydants les obligeant à stimuler considérablement l’expression de peroxydases (très peu stimulés par les fongicides seuls) et surtout d’enzymes de neutralisation des radicaux oxygène (effet comparable à celui du cyprodinil).
Sous l’effet du mélange, mais pas des fongicides seuls (sauf le cyprodinil), ces cellules entrent en apoptose (suicide cellulaire)
Les cellules neuronales sont également affectées par le mélange des fongicides, principalement en stimulant l’expression de peroxydases (pas ou peu stimulés par les fongicides seuls), des enzymes de neutralisation des radicaux oxygène (pas affectés par les fongicides seuls sauf le cyprodinil) et une très forte mobilisation des gènes signalant l’entrée en apoptose (peu affectés par les fongicides seuls sauf le cyprodinil)

Rappelons que le stress oxydant joue un rôle important dans la maladie d’Alzheimer, qui se caractérise aussi, comme la maladie de Parkinson, par une atrophie corticale, deux des effets observés massivement avec ces mélanges de fongicides.

Les responsables de l’étude confirment que les résultats sont préoccupants. « Ce travail montre que certains pesticides, isolément ou en combinaisons, peuvent induire du stress et des modifications du devenir des cellules humaines. Ils peuvent aussi interférer avec des processus cellulaires basiques comme celui de la production d’énergie.
Ces effets ont été mis en évidence à des concentrations proches de celles trouvées dans nos aliments. Ce travail suggère que nous devrions faire davantage d’efforts pour restreindre l’utilisation des pesticides dans les cultures destinées à l’alimentation,..» Déclare le Professeur Michael Coleman, responsable de l’étude.
« Les résultats de cette étude sur une combinaison de trois résidus de pesticides que nous avions trouvés sur une même grappe de raisin en 2008, montrent que l’évaluation du risque ne rend pas compte d’éventuels effets de synergie entre pesticides, ce qui peut conduire à une sous-estimation grave du risque pour l’homme et l’environnement.

Nous demandons à l’ANSES et à l’EFSA de mener d’urgence les recherches qui s’imposent dans ce domaine et, dans l’attente de résultats exhaustifs, d’abaisser significativement les limites maximales en résidus tolérées dans les aliments, dans un souci élémentaire de précaution. » Déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
Les méthodes à cette fin sont à disposition, affirme Claude Reiss, président d’Antidote Europe.

PLoS ONE (Public Library of Science) est une revue internationale de haut niveau dont les articles sont soumis à une évaluation rigoureuse par des experts.  PLoS ONE

Contact presse : Claude Reiss 0033-(0)4 76 36 35 87 (Antidote Europe) F Veillerette 0033-(0)6 81 64 65 58 (Générations Futures) :  Antidode Europe

Liens entre phtalates des plastiques et diabéte de type 2 ?

Les phtalates présents dans les plastiques favoriseraient-ils le développement du Diabète de type 2 ?

Des phtalates sont présents dans de nombreux produits du quotidien : des cosmétiques aux produits d’entretien par exemple mais aussi  dans les plastiques alimentaires. Ils sont réputés comme des perturbateurs endocriniens.  Leur migration dans l’alimentation serait favorisée par le chauffage des emballages particulièrement en plastiques dans lesquels ils ont utilisés comme assouplissants.

Une étude suédoise portant sur 1000 personnes sur des  mesures de  métabolites de phtalates dans le sang des patients a établi une corrélation avec la présence de diabète de type 2. Ces métabolites et tout particulièrement le MiBP (mono-isobutylphtalate) pourraient avoir des effets sur la sensibilité à l’insuline.

Etude : «Circulating Levels of Phtalate Metabolites are associated with prevalent Diabetes in the elderly» Diabetes Care 12/04/12

Boissons sucrées ou light analysées par 60 Millions de consommateurs

Analyses de boissons sucrées ou light à l’initiative de la revue 60 millions de consommateurs (Juillet-Aout 2012 N° 473)

En analysant plus de 50 boissons des sodas aux colas, boissons à base d’orange ou de thés en passant par des  jus de fruits l’éclairage est mis sur la composition de toutes ces boissons rafraîchissantes fort appréciées que ce soit en période estivale ou en convivialité entre amis.

Point commun de ces boissons : leur gout sucré soit avec des sucres naturels soit avec  des édulcorants dont l’utilisation mérite tout autant d’attention.

Nombre d’elles contiennent plus de 100g de sucre par litre (équivalent de 17 sucres en morceaux) certaines allant jusqu’à 115 g ce qui équivaut à une vingtaine de morceaux par litre de boissons. L’accent est mis sur le type de sucres entrant dans la composition, saccharose(le  seul a être le vrai sucre), lactose, ou sirop de glucose-fructose. D’ailleurs lors de la fabrication ou du stockage de la boisson sucrée une part plus ou moins importante du saccharose se transforme en glucose et fructose. Le sucre par lui-même  est indispensable à l’organisme mais ce sont les excès qui posent problème. En 2011 un rapport de  la Haute autorité de santé(HAS) a pointé leur rôle dans la prise de poids excessive et l’obésité. De même les recommandations du Programme national nutrition-santé(PNNS) rappellent que ces boissons sucrées apportent des calories vides sans aucun nutriment intéressant.

La mention « sucres » signifie que le fabricant a  ajouté plusieurs glucides simples à la valeur sucrée qui peuvent être du glucose, du lactose, du fructose, du saccharose ou du sirop de glucose-fructose.

Depuis le 19 avril 2012 la nouvelle réglementation européenne prévoit d’interdire l’ajout de sucres à tous les jus de fruits commercialisés dans l’Union. C’est le cas des « purs jus de fruits »

Les jus de fruits à base de concentrés sont «élaborés à partir de fruits dont on a éliminé au moins 50% d’eau pour faciliter le transport : ils seront ensuite reconstitués avec la même quantité d’eau mais on pourra rajouter au maximum 15g/l de sucre.

Quand la chimie menace la santé des femmes

Nous relayons l’interview d’Elisabeth Ruffinengo chargée de mission au WECF notre partenaire) dans la revue Égalité du 18 juillet 2012.

De plus en plus de jeunes filles et de femmes sont aujourd’hui touchées par les troubles de la santé et particulièrement de la santé reproductive.

Des substances chimiques de synthèse, appelées « perturbateurs endocriniens » sont mises en cause dans la rapide augmentation de pathologies telles que l’infertilité, la puberté précoce, le cancer du sein ou l’obésité, au cours des dernières décennies.

Les substances toxiques contenues dans les produits d’usage courant menacent-elles notre santé ? De nombreuses substances chimiques de synthèse sont présentes dans les produits de consommation quotidiens. Parmi les 100 000 substances autorisées sur le marché européen, un certain nombre d’entre elles ont des effets potentiellement dangereux pour la santé. Des substances aux effets cancérigènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction (CMR), neurotoxiques, perturbateurs endocriniens, allergènes sont aujourd’hui répertoriées. Certes, leur usage est parfois interdit ou limité, mais l’action des pouvoirs publics est souvent bien tardive par rapport à la publication des données scientifiques. Par exemple, les données sur le bisphénol A, interdit en 2011 dans les biberons par l’Union européenne, existent depuis plusieurs décennies déjà. De nombreuses substances dont les effets néfastes sont documentés continuent aujourd’hui à être utilisées dans des produits aussi divers que les cosmétiques, les vêtements, les ustensiles de cuisine, les produits de décoration, le mobilier… et jusque dans l’alimentation.

Récemment, l’ONG Pan-Europe (Pesticids Action Network) a réalisé des tests sur des fruits et légumes et établi le Top 10 des fruits et légumes les plus contaminés par des pesticides aux effets de perturbateurs endocriniens. C’est donc notre environnement qui est contaminé sur le long terme, puisque certaines de ces substances sont persistantes. Nous sommes donc toutes et tous exposés quotidiennement à un véritable cocktail de polluants, dont nous ignorons les effets. Quels peuvent être les effets sur la santé humaine des perturbateurs endocriniens ?

Où les trouve-t-on plus particulièrement ? Dans quelle mesure les femmes sont-elles plus vulnérables face à ces produits ?

Les perturbateurs endocriniens déséquilibrent le système hormonal. Ils peuvent par exemple imiter l’action des hormones naturelles ou bloquer leur action. Leurs mécanismes d’action sont très complexes et ils agissent à de très faibles doses. Ils sont mis en cause dans les troubles de la reproduction ou du système immunitaire, l’infertilité, la puberté précoce, le diabète, l’obésité, les cancers hormono-dépendants comme le cancer du sein. Les perturbateurs endocriniens sont présents dans une grande variété de produits. Difficile d’en stigmatiser un en particulier puisque les données évoluent sans cesse. Le bisphénol A est par exemple utilisé dans les revêtements internes de boîtes de conserve et dans les contenants alimentaires. Les pesticides aux effets de perturbateurs endocriniens sont présents dans l’alimentation. Des composants de teintures pour cheveux, des filtres UV ou des conservateurs, comme certains parabènes présents dans les cosmétiques, sont aussi connus pour leurs effets de perturbateurs endocriniens. Une coalition d’ONG menée par ChemSec, dont est membre WECF, a établi en 2011 une liste de 22 perturbateurs endocriniens à réglementer d’urgence : tous répondent aux critères de substitution des substances les plus préoccupantes de la règlementation européenne sur les produits chimiques (REACH). Si les effets des perturbateurs endocriniens ont d’abord été mis en évidence chez l’homme – en particulier en termes de baisse de la qualité du sperme – on sait aujourd’hui qu’ils portent également atteinte à la santé des femmes. Parce que la vie reproductive des femmes est jalonnée d’étapes (puberté, grossesse, ménopause) dans lesquelles les hormones jouent un rôle-clé, elles sont particulièrement vulnérables aux perturbateurs endocriniens.

En 2008, 18 scientifiques de renommé internationale se sont réunis sous l’égide de l’ONG américaine Collaborative for Health and the Environment pour examiner les données scientifiques sur les liens entre perturbateurs endocriniens et santé reproductive des femmes. Leurs travaux ont fait l’objet d’une publication Girl Disrupted, dont WECF prépare l’adaptation en français pour octobre 2012.

La femme enceinte et le fœtus sont-ils plus vulnérables face aux polluants environnementaux ? Oui, les scientifiques sont unanimes : la période de développement fœtal est une « fenêtre critique de sensibilité », une période identifiée comme particulièrement vulnérable face aux atteintes environnementales. Car le bon déroulement des étapes du développement fœtal conditionne bien souvent la santé future de l’individu. Les polluants traversent la barrière placentaire et exposent donc directement le fœtus. Des changements infimes dans les messages envoyés à l’organisme en développement pendant cette période peuvent avoir des effets graves et à long terme. Le scandale du DES (diethylstilbestrol – Distilbène®) est considéré comme un cas d’école pour l’étude des perturbateurs endocriniens. Prescrit à des milliers de femmes à partir des années 1950 pour éviter les cas d’avortement spontané, le DES est une hormone de synthèse à activité oestrogénique. C’est des années plus tard, lorsqu’une forme rare de cancer de l’appareil reproducteur a été diagnostiquée chez les « filles du DES », dont les mères ont consommé du DES au cours d’une certaine période de la grossesse, qu’on a mesuré les effets de ce médicament. Le DES aurait même des effets sur la santé des petits-enfants des femmes l’ayant consommé pendant la grossesse. Le système hormonal peut-il subir des modifications à cause des substances toxiques ? Les hormones agissent à des doses infimes. Toute modification extérieure peut donc porter atteinte au fragile équilibre hormonal. Un mauvais signal, envoyé au mauvais moment et à la mauvaise cible pourra donc avoir des conséquences importantes. Par ailleurs, le système endocrinien est très complexe, et les mécanismes d’action des perturbateurs endocriniens également. Car contrairement à d’autres substances toxiques, la règle de « la dose fait le poison » ne s’applique pas aux perturbateurs endocriniens. Pour certains d’entre eux, comme le bisphénol A, des doses faibles ont plus d’effets que des doses élevées. De même, on ignore encore les effets des expositions multiples à des polluants multiples : c’est pourtant bien ce qui caractérise la réalité des expositions des populations. Malgré l’absence de certitudes sur de nombreux points, les scientifiques insistent aujourd’hui sur la nécessité d’agir sur les substances aux effets connus, et de réglementer les autres de manière stricte dans une optique de précaution.

Si on ne peut pas avec certitude établir un lien de causalité entre une substance déterminée et une pathologie précise, on sait que les perturbateurs endocriniens contribuent à l’augmentation de nombreuses maladies.

Les phtalates que l’on trouve dans un certain nombre de produits de consommation ont-ils des effets néfastes sur le système reproducteur des femmes ? Sont-ils la cause de l’infertilité des hommes et des femmes ? Les phtalates sont une famille de composés présents dans de nombreux produits de consommation. Dans l’Union européenne, trois phtalates (DEHP, DBP et BBP) sont interdits dans les jouets, trois autres (DnOP et DiDP et DiNP) sont interdits dans les jouets destinés à être mis à la bouche. Le DEHP est par exemple mis en cause pour ses effets sur le système reproducteur. A cause de leur utilisation comme assouplissants du plastique ou encore comme fixateurs de fragrances, les phtalates sont en effet très présents dans notre quotidien.

Tout récemment, une étude danoise a établi un lien entre des concentrations urinaires élevées de phtalates chez 725 jeunes filles âgées de 5 à 19 ans et un retard de la pilosité pubienne, suggérant une action anti-androgénique des phtalates. Il est en revanche impossible de dire que les phtalates sont la cause de l’infertilité féminine ou masculine, mais on peut affirmer qu’ils y contribuent.

Les femmes des pays industrialisés sont-elles plus exposées au risque d’un cancer du sein ? Dans les pays industrialisés, le diktat des canons de beauté contribue à une forte consommation de produits cosmétiques, l’une des classes de produits identifiée comme contenant des perturbateurs endocriniens. Leur consommation à outrance contribue à augmenter l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Certaines données américaines sont formelles : les taux de cancer du sein des femmes immigrées issues de pays non industrialisés rattrapent rapidement ceux des femmes des pays industrialisés en une ou deux générations. Mais la tendance pourrait bien changer, car les données mondiales officielles estiment que la progression des maladies chroniques dont le cancer du sein dans les pays non industrialisés, loin d’être épargnés par les pollutions environnementales, rattrapera d’ici une vingtaine d’années les chiffres des malades infectieuses, faisant des maladies chroniques la première cause de mortalité dans les pays non industrialisés. En réalité, une double peine risque de peser sur les femmes atteintes de cancer dans les pays du Sud : malades, elles devront également faire face à la difficulté voire l’impossibilité d’accès aux soins dont souffrent les populations sur place. C’est pour cela que la prévention primaire est la seule voie réellement efficace pour l’avenir. Comment se prémunir de tous ces risques liés aux polluants ? Il faut protéger la santé des plus vulnérables en appliquant les principes de prévention des risques connus et de précaution face aux risques émergents. Dans ce cadre, protéger la santé des femmes en âge de procréer, des enfants et des femmes enceintes est primordial.

Des choix simples peuvent permettre de réduire significativement l’exposition aux perturbateurs endocriniens.

Le choix d’une alimentation biologique ou de produits non transformés issus d’une agriculture locale et non consommatrice de pesticides, l’utilisation de cosmétiques labellisés sans certains ingrédients problématiques ou une bonne aération de la maison sont autant de pistes d’action.

WECF, dans le cadre de ses ateliers Nesting, propose justement une démarche pédagogique et interactive qui permet aux participant-e-s de connaître certaines substances et de réfléchir aux alternatives bénéfiques pour la santé et l’environnement.

Interview d’Elisabeth Ruffinengo, chargée de mission plaidoyer au WECF (Women in Europe for a Common future – Femmes en Europe pour un avenir commun)

Propos recueillis par Marina Corvillo – EGALITE

Quand la chimie menace la santé des femmes

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