Un élève du primaire sur trois respire une quantité de polluants qui dépasse les normes OMS, selon une étude française publiée dans la revue internationale Thorax .
En France comme dans beaucoup d’autres pays européens, l’air intérieur des écoles primaires est très pollué. Pollué par les particules fines et le dioxyde d’azote (NO2) ainsi que par trois molécules chimiques connues pour leurs effets toxiques sur le système respiratoire. Globalement, on estime que près d’un tiers des petits écoliers français sont exposés à des niveaux de pollution supérieurs aux normes de l’OMS et de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses)
C’est ce que révèle une étude conduite dans 401 classes de 108 écoles primaires réparties dans six villes: Créteil, Reims, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Bordeaux et Marseille. Elle vient d’être publiée dans la revue internationale Thorax, rattachée au British Medical Journal
«Ils risquent de devenir allergiques»
Le constat est préoccupant. En effet, les enfants passent près de six heures par jour en période scolaire dans leur salle de classe. Ils sont plus sensibles à la pollution que les adultes compte tenu de leur petite taille et de leur fréquence respiratoire élevée
L’étude pilotée par Isabella Annesi-Maesano (Inserm) est complétée par une enquête médicale approfondie comprenant notamment un bilan respiratoire. C’est son intérêt et sa nouveauté. Parmi les 9600 enfants examinés, elle révèle que 13% d’entre eux ont des manifestations cliniques d’allergie et 32% des signes de réactions allergiques aux tests cutanés. «S’ils sont dans une atmosphère polluée, les premiers risquent d’avoir plus de symptômes et les seconds risquent de devenir allergiques», explique Mme Annesi-Maesano au Figaro.
Particules fines et NO2
Une partie des polluants présents à l’intérieur des classes sont dus à la pollution atmosphérique. Les particules très fines (PM 2,5) sont produites par le trafic routier, (camions, bus et voitures diesel, dominantes en France). Elles sont mauvaises pour la santé car elles pénètrent profondément dans les poumons.
L’oxyde d’azote, qui a des effets inflammatoires sur le système respiratoire, est produit lui aussi majoritairement par le trafic automobile. Le seul moyen de les éviter passe par la mise en place d’une ventilation équipée de filtres. «Nous n’avons trouvé aucune école aux normes. Même si certaines avaient une ventilation, celle-ci ne marchait pas», déplore Mme Annesi-Maesano. Elle regrette de n’avoir pas pu mesurer les taux de gaz carbonique au cours de cette étude, ce qui aurait permis de juger de la qualité de l’aération des salles de classe.
Composés organiques volatils
Les trois molécules chimiques en question (des composés organiques volatils ou COV) proviennent directement de l’environnement scolaire, que ce soit à travers les colles, les plastiques, les produits d’entretien, les vernis, les peintures, etc. Ils sont tous les trois malsains et peuvent provoquer rhinites, maux de tête, nausées, irritations de la peau et des yeux. L’étiquetage environnemental qui se met peu à peu en place devrait permettre de les éviter.
Le décret du 4 décembre 2011 relatif à la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant du public précise qu’elle ne sera pas obligatoire dans les écoles primaires avant janvier 2018. La tâche risque d’être colossale et très coûteuse car on ne compte pas moins de 56.000 établissements scolaires.
Une étude européenne avait déjà montré que la plupart des salles de classe sont remplies de moisissures aux effets allergènes reconnus (Pediatric Allergy and Immunology, décembre 2011).