Selon Eurostat : l’office statistique de l’Union européenne vient de publier les résultats d’une étude sur l’espérance de vie à 65 ans et l’espérance de vie en bonne santé au sein des 27 pays membres, des trois pays associés (Islande, Norvège et Suisse) et de la Croatie.
Les statistiques publiées portent ainsi sur deux éléments distincts et pourtant étroitement complémentaires. Et les résultats diffèrent fortement selon la donnée considérée.
Sur l’espérance de vie à 65 ans, ces résultats sont extrêmement flatteurs pour la France, qui arrive en tête du classement, pour les femmes comme pour les hommes. L’espérance de vie à 65 ans y est en effet de 23,4 ans chez les premières et de 18,9 ans chez les seconds, pour une moyenne de l’Union à 27 qui atteint respectivement 21,0 et 17,4 ans.
Chez les femmes, par exemple, la France arrive ainsi devant l’Espagne (22,7 années), l’Italie (22,1), la Finlande (21,5) ou l’Autriche (21,4). L’écart est de près de deux ans et demi avec certains grands voisins de la France comme l’Allemagne (20,9) ou le Royaume-Uni (20,8)…
Mais cette perception très positive de la position française change radicalement si l’on considère l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans. S’il serait exagéré de dire que notre pays est à la traîne – les chiffres restent supérieurs à la moyenne de l’Union -, les résultats sur cet item n’en sont pas moins médiocres, surtout au regard de la position très flatteuse sur l’espérance de vie générale à 65 ans. En France, les femmes de 65 ans ont en effet une espérance de vie en bonne santé de 9,8 années (pour 8,8 de moyenne européenne), tandis que ce chiffre est de 9,0 pour les hommes (pour une moyenne de 8,7). Toujours pour s’en tenir aux femmes, la France se retrouve ainsi loin derrière des pays comme la Norvège (15,7, soit près de six ans d’écart), la Suède (15,5), l’Islande (14,8), le Danemark (12,8), le Luxembourg (12,4), la Suisse (12,2), Malte (11,9), le Royaume-Uni (11,8), l’Irlande (11,2)…
Plus de vie… en mauvaise santé
L’écart entre hommes et femmes étant nettement plus resserré que pour l’espérance de vie, ces chiffres signifient que la dépendance touche beaucoup plus les femmes (du moins en termes de durée).
Autre conséquence de la divergence entre ces deux séries : la France est le pays qui présente le plus fort écart entre l’espérance de vie à 65 ans et l’espérance de vie en bonne santé au même âge. Cet écart, et donc la durée de vie moyenne à 65 ans avec un problème de santé ou de dépendance, est de 13,6 années pour les femmes et de 9,9 années pour les hommes.
Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi la prévention de la dépendance et sa prise en charge constituent des enjeux stratégiques pour les prochaines décennies.
C’est ce qu’ont notamment montré les travaux autour du débat national sur la dépendance – même si la réforme n’a finalement pas abouti pour l’instant – ou le rapport remis en juillet dernier au chef de l’Etat par le sénateur Trillard, qui proposait notamment de fixer un objectif chiffré : gagner trois années supplémentaires d’espérance de vie en bonne santé à l’horizon 2025 (voir notre article ci-contre du 13 juillet 2011). C’est aussi pour faire face à ces enjeux que les trois grandes caisses nationales de retraite – Cnav, RSI et MSA – ont développé un partenariat pour proposer une offre de prévention aux communes, à destination de leurs jeunes retraités.