Tous les articles par Jacqueline Collard

Beaucoup de produits alimentaires pour enfants trop sucrés et comportant trop d’additifs

Nous relayons l’enquête faite par l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) qui a passé au crible 207 références de préparations infantiles (pour enfants de 6 à 36 mois) vendues en France, hors laits infantiles. Résultat : 30 % des références étudiées contiennent des ingrédients sucrants (sucre, miel), et 38 % des additifs.

Le choix des références a été varié: « On n’a pas pu être exhaustifs, mais on a veillé, pour chaque famille, à prendre des marques distributeur, des grandes marques nationales, des produits bio et non bio, vendus en hypermarché ou en épicerie bio », précise Lisa Faulet, responsable scientifique et alimentation de CLCV.

Les analyses ont porté sur les listes d’ingrédients, les tableaux nutritionnels, les mentions et allégations sur les emballages, et regardé s’ils respectaient les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de préparations pour nourrisson. L’agence onusienne préconise en effet une série de règles plus strictes que ce que prévoit la législation européenne : notamment de fixer des teneurs maximales en sel et en sucre en fonction des familles de produits, sachant que les habitudes prises dans l’enfance (enfants de moins de 3 ans) peut engager la santé future.

Constat d’autant plus alarmant que 29% des enfants de 2 à 4 ans sont en surpoids et/ou en situation d’obésité en 2021.

Dans toutes les catégories étudiées, ont été trouvés des produits sans ingrédient sucrant ni additif, c’est donc possible.

L’Inserm établit un lien entre l’utilisation de pesticides et la leucémie de l’enfant

Ce 18 octobre, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a publié une nouvelle étude dans laquelle les scientifiques font le lien entre le fait d’habiter à proximité de vignes et le développement de leucémies chez les moins de 15 ans.

De  nombreuses études épidémiologiques pointent du doigt le risque d’une exposition domestique et professionnelle sur la santé des enfants, les données demeurent limitées concernant les risques pour les riverains de parcelles agricoles traitées aux pesticides. Cependant une nouvelle étude de l’Inserm, menée par des scientifiques au sein du laboratoire CRESS (Inserm/Université Paris Cité) en collaboration avec Santé publique France, et avec le soutien financier de l’Anses et de l’INCa, apporte un nouvel éclairage, en se penchant sur le risque de leucémies pour les enfants résidant près de parcelles viticoles. L’équipe de recherche montre que le risque de leucémie n’augmente pas avec la simple présence de vignes à moins de 1000 m de l’adresse de résidence.

L’exposition aux pesticides est suspectée d’être un facteur de risque de cancers pédiatriques, et plus particulièrement de leucémies.

https://presse.inserm.fr/une-etude-de-linserm-sinteresse-au-lien-entre-le-risque-de-leucemie-pediatrique-et-le-fait-dhabiter-a-proximite-de-vignes/67576/

Dans le journal Environmental Health Perspectives : https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/EHP12634

L’EFSA revoit drastiquement la dose admissible pour le BPA

Une étude de l’Agence européenne de l’environnement (EAE )menée dans onze pays, démontre un potentiel danger pour la santé des BPA et autres bisphénols: ils avaient déjà été classés perturbateurs endocrinien, mais cela ne s’arrête pas là.

Rappelons que le BPA entre par exemple dans la composition du polycarbonate, un type de plastique transparent et rigide utilisé pour fabriquer des distributeurs d’eau, des récipients de stockage ou des bouteilles réutilisables, il est  également utilisé pour produire les résines époxy qui forment les revêtements internes des canettes, des boîtes de conserve ou encore des cuves alimentaires.

En France il est interdit depuis 2015 dans certains contenants alimentaires  et depuis 2020 dans les tickets de caisse, le bisphénol A reste malgré tout très présent dans notre environnement, comme le montre de nouvelles études.

S’appuyant sur une étude d’avril de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui a drastiquement revu à la baisse la dose quotidienne maximum de bisphénol A considérée comme sans danger pour le consommateur, l’AEE, basée à Copenhague, considère que « dans les 11 pays qui ont participé à l’initiative de biosurveillance du BPA, le niveau de dépassement variait entre 71 % et 100 % » Classé comme perturbateur endocrinien, le bisphénol A (BPA) a été retrouvé, dans des taux dépassant les seuils de sécurité, chez les adultes de onze pays européens, récemment réévalués. En France, 100 % des personnes testées étaient concernées.

À noter que la dose quotidienne minimum recommandée a été déjà réévaluée en 2023. Elle a été drastiquement baissée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) suite à de nouvelles preuves scientifiques de toxicité. Elle était  ainsi passée de 4 microgrammes à 0,2 nanogrammes par kilo de poids corporel par jour: soit une valeur 20 000 fois inférieure à celle de 2015.

La Commission européenne envisage l’interdiction du bisphénol A, ainsi que celles d’autres bisphénols, dans les matériaux en contact avec les aliments. Cette proposition devrait être soumise d’ici le premier trimestre 2024.

Dossier Bisphenol A – site web de l’ECHA

La Commission européenne n’a pas validé l’autorisation du Glyphosate

La Commission européenne n’a pas obtenu la majorité qualifiée pour ré-autoriser le glyphosate pour 10 ans dans l’Union européenne ! Des controverses occupent les médias depuis 2015, date à laquelle l’agence de lutte contre le cancer ( CIRC) de l’OMS a déclaré que cet herbicide était probablement cancérigène.

L’autorisation actuelle du glyphosate dans l’UE, a été renouvelée en 2017 pour cinq ans, et devait expirer le 15 décembre 2022, mais elle avait été prolongée d’un an dans l’attente d’une évaluation scientifique sur l’herbicide. Début juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a finalement publié son rapport, disant ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher son autorisation.

Le glyphosate s’est  progressivement imposé comme un produit indispensable dans l’agriculture, avec 800 000 tonnes répandues chaque année dans le monde, en Europe selon une étude, il a été diffusé sur un tiers des surfaces de blé et la moitié des surfaces de colza entre 2011 et 2017. Et la France fait partie des principaux acheteurs avec 7 900 tonnes de glyphosate vendues en 2021 dans notre pays.

Le vote dans le comité européen (Scopaff) du 13 octobre 2023, qui a réuni les États membres de l’UE pour décider du sort du glyphosate, n’a pas réuni une majorité qualifiée. Cette dernière était pourtant nécessaire pour faire adopter la proposition de la Commission européenne de réautoriser le glyphosate pour dix ans.C’est un soulagement pour nous tous qui depuis des années participons à des groupes de travail pour dénoncer la manière dont les pesticides sont autorisées par les agences sanitaires.

L’association Campagne Glyphosate avait  lancé en 2022, une opération d’analyse dans plusieurs villes de France. Ainsi, à Lille, cinquante personnes ont participé à des tests urinaires. Certaines affichent des taux à 2,05 nanogrammes de glyphosate par millilitre d’urine, contre 1,06 en moyenne chez les personnes testées. A titre de référence, la limite fixée pour la présence de pesticide dans l’eau potable est de 0,1 microgramme par litre. Ces cinquante personnes ont porté plainte auprès du procureur de la République pour « mise en danger de la vie d’autrui ». En effet, 99% de la population française présenterait des niveaux quantifiables de glyphosate dans les urines (échantillon de 6848 personnes issues de 83 départements différents): ne serait-il pas nécessaire d’éviter cette contamination?

Céline Pelosi de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), entre autre alerte sur les effets néfastes de cet herbicide sur les vers de terre, et donc sur la fertilité des sols. Directrice de recherche en agroécologie, écologie et écotoxicologie du sol, elle prône son interdiction au profit d’une agriculture plus vertueuse. « Les vers de terre participent à la fertilité des sols et leur présence permet d’augmenter de 25% à 30% la production végétale. Ils sont très actifs dans l’enfouissement des matières organiques. Ils créent des structures qui permettent le passage de l’eau et de l’air dans les sols. Ils contribuent de façon majeure à l’équilibre de nos sols, à leur fertilité et à leur durabilité ».

Nous  insistons sur le fait que le glyphosate ne doit tout simplement pas être réautorisé tant les preuves scientifiques validées s’accumulent pour montrer sa dangerosité pour la santé et l’environnement. 

 

 

Un rapport identifie les pesticides dans les céréales

Un rapport de Foodwatch,démontre que  90 % des échantillons de pain testés en Europe présentent des traces de produits de synthèse de pesticides.

L’association de consommateurs alerte sur le recours intensif aux produits de synthèse dans la production céréalière, une question largement négligée dans le débat public par rapport à celle des pesticides dans les fruits et légumes.

Les résultats sont éloquents : sur 2 234 échantillons contrôlés en 2021, plus d’un tiers (837, soit 37 %) contient des résidus d’au moins un pesticide. Si Foodwatch précise que les niveaux retrouvés sont nettement inférieurs à ceux mis en évidence dans les fruits et légumes, parmi ces 837 échantillons contaminés, 14 (2 %) dépassent les limites maximales de résidus (LMR) fixées pour protéger la santé des consommateurs.Insecticides, fongicides, herbicides ou encore régulateurs de croissance : au total, 65 pesticides différents ont été identifiés.

Le pain, mais aussi la farine, les pâtes ou les flocons d’avoine du petit déjeuner présentent des taux de résidus de pesticides supérieurs à ceux des céréales non transformés.Le rapport montre qu’en France, sur les 66,5 millions d’applications annuelles de pesticides, la moitié concerne des céréales.

A l’échelle de l’Europe, la culture de céréales représente la moitié des terres arables : 52 millions d’hectares, qui reçoivent en moyenne entre quatre à six traitements de pesticides chaque année.

« La transition vers une production céréalière sans pesticides sur ces 52 millions d’hectares pourrait endiguer le déclin de la biodiversité et limiter les risques sanitaires pour les agriculteurs, les résidents ruraux et les consommateurs », estime Camille Dorioz, responsable des campagnes à Foodwatch.C’est bien ce que nous prônons depuis des années.Un système alimentaire durable, sans pesticides, est possible!

https://www.foodwatch.org/fileadmin/-FR/Documents/Rapport_foodwatch_Pesticides_Dark_side_of_the_grain_resume_en_francais.pdf