Tous les articles par Jacqueline Collard

Comment sont évalués les GES et quels sont les plus gros contributeurs ?

Après cette nouvelle COP quelques mises à jour  s’avèrent importantes : Les quatre principaux émetteurs (Chine, Etats-Unis, Inde et UE27) contribuent en effet à plus de 55 % des émissions directes totales, selon la base de données européennes EDGAR. En 2020, l’ensemble des pays du G20 représentaient 75 % des émissions mondiales.

En 2022, elles ont ainsi atteint 57,4 gigatonnes en équivalent CO2 (GtCO2e), contre 54,5 en 2020 selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Ces émissions de GES ont augmenté de 62 % entre 1990 et 2022.
L’Union européenne émet près de 7 % des émissions mondiales de GES, suivant l’Inde de près. Les émissions des 27 Etats membres et du Royaume-Uni ont cependant diminué de 1,5 % par an dans la dernière décennie, avec un recul de 3 % en 2019.
Comptabilisée avec les 26 autres Etats membres de l’UE ,  l’Allemagne prise séparément serait la 11e plus grosse émettrice de GES (en excluant l’UE du classement)
A la 5e place, la Russie émet un peu moins de 5 % des émissions mondiales.
Et dans tous ces classements ,le calcul des émissions générées par un territoire ne tient pas compte des émissions importées, notamment celles induites par la consommation de produits fabriqués à l’étranger. Or celles-ci comptent pour environ un tiers de l’empreinte carbone de l’Union européenne.
Quand on parle par secteur d’activités celui ci est encore plus édifiant: si le transport maritime international (exclu de ces chiffres) était un pays, il serait le 13e plus gros émetteur, devant la Corée du sud. Quant à l’aviation internationale, elle trônerait à la 22e place. Comptabilisée avec les 26 autres Etats membres de l’UE sur ces infographies, l’Allemagne prise séparément serait la 11e plus grosse émettrice de GES (en excluant l’UE du classement).

Et si l’on comptait ces émissions par habitant sachant que de petits pays sont  ignorés d’autres emportent la palme: et là c’est les pays du golfe qui sont leaders :

Parmi les 15 plus gros émetteurs de gaz à effet de serre en volume, l’Arabie saoudite dépasse les autres émetteurs en CO2 par habitant, avec 22,6 tonnes équivalent CO2 (tCO2e) par tête. Elle est suivie de près par l’Australie avec 22 tCO2e. Le Canada est 3e du classement, avec 19,8 tCO2e par personne, suivi par la Russie (18 tCO2e). L’UE27 est 10e de ce classement avec 8,09 tCO2e, au même niveau que la Turquie. En Inde, les émissions par habitant atteignent 2,8 tCO2e.

Ces chiffres émanent du rapport suivant:

Source : EDGAR Community GHG Database / Commission européenne, JRC et Agence internationale de l’énergie (IEA), 2023.

Fin des négociations à la Cop 28 : peut-on s’en satisfaire ?

La conférence, qui a duré deux semaines, a débuté par le Sommet mondial sur l’action climatique,  réunissant 154 chefs d’État et de gouvernement, sans la Chine et la Russie, mais avec le poids de 2450 lobbyistes des énergies fossiles et 85 000 participants.

Les dirigeants mondiaux présents à la COP 28 ont été rejoints par la société civile, les entreprises, les peuples autochtones, les jeunes, la philanthropie et des organisations internationales dans un esprit de détermination commune à combler les lacunes jusqu’en 2030.

L’avancée de cette nouvelle COP  concerne sur l’agenda des pertes et préjudices, la création annoncée lors de la clôture de la COP 27 – du fonds “Pertes et dommages” consacré à la réparation des catastrophes climatiques, a été adoptée. Cette décision a, me semble-t-il, permis de rétablir un peu de confiance entre les pays les moins avancés et les pays développés et donc de contribuer au bon déroulement des négociations, ainsi qu’ accord sur des objectifs pour l’Objectif mondial d’adaptation (AGA) et de  son cadre, qui identifient où le monde doit arriver pour être résilient face aux impacts d’un climat changeant et pour évaluer les efforts des pays. Le cadre de l’Objectif mondial d’adaptation reflète un consensus mondial sur les objectifs d’adaptation et sur la nécessité d’un soutien financier, technologique et de renforcement des capacités pour les atteindre.

Le Fonds vert pour le climat (FVC) a bénéficié d’un coup de pouce lors de sa deuxième reconstitution, six pays s’étant engagés à verser de nouveaux fonds lors de la COP 28, le total des promesses atteignant désormais le chiffre record de 12,8 milliards d’USD de la part de 31 pays, et d’autres contributions sont encore attendues. Huit gouvernements donateurs ont annoncé de nouveaux engagements en faveur du Fonds pour les pays les moins avancés et du Fonds spécial sur les changements climatiques pour un total de plus de 174 millions d’USD à ce jour, et ce sera 188 millions d’USD en tenant compte des promesses faites au Fonds d’adaptation lors de la COP 28.

Rapidement néanmoins des difficultés structurelles se sont élevées, n’atteignant pas un consensus sur la sortie rapide des énergies fossiles comme espérée dans le cadre du changement climatique que nous connaissons.

La conclusion: un début de la sortie des énergies fossiles  pour une transition !

Quelques rappels d’engagement

Aux Etats Unis,  d’’après des projections récentes, la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) devrait réduire les émissions d’environ 1 GtCO2, ce qui rapprocherait les Etats-Unis de leur objectif pour 2030 (-50 à -52 % de réduction des émissions d’ici 2030 par rapport à 2005), souligne le PNUE.

L’Union européenne a inscrit dans sa loi climat de juillet 2021 un objectif de diminuer ses émissions d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Elle s’était auparavant fixé, dans le cadre du Paquet 2020, un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 %. Or cette réduction avait déjà atteint 33,3 % en 2020 selon Eurostat, permettant à l’UE de respecter ses engagements,le nouveau seuil de -55 % semble difficile à atteindre. L’UE compte toutefois relever le défi avec son .
Par ailleurs, les principaux émetteurs de gaz à effet de serre se sont tous fixés des objectifs de à des horizons divers : 2050 pour l’Union européenne et les Etats-Unis, 2060 pour la Russie et la Chine, 2070 pour l’Inde…

Le rapport annuel de Météo France confirme le vécu de l’année

Météo France vient de mettre en ligne son rapport climatique  confirme bien  que l’année 2023 a été marquée par de nombreux rebondissements météo !  de la chaleur inattendue accompagnée de sécheresses inédites suivies de pluies dévastatrices : une année de forts contrastes mais globalement l’année la plus chaude enregistrée.

Météo France explique que « l’anomalie thermique sur l’ensemble de l’année devrait se situer probablement autour de + 1,3 °C (par rapport aux normales 1991-2020) ,.. Cette année est marquée par une alternance de périodes d’assèchement et de ré-humidification des sols de façon opposée entre le nord et le sud de la France »

« L’allongement de la saison estivale du mois de juin à la mi-octobre ainsi que les épisodes de chaleur plus tardifs sont en cohérence avec les projections du  Giec. Sans le changement climatique, il aurait été moins probable d’atteindre en France des températures de 42 °C fin août, de 35 °C en septembre ou de 30 °C en octobre », annonce le rapport.

La période pluvieuse interminable de l’automne est exceptionnelle : « Ce n’est que la deuxième fois qu’il pleut sans discontinuer pendant 32 jours et jamais de telles quantités de pluie n’avaient été mesurées en 30 jours consécutifs à l’échelle de l’ensemble du pays ». L’enchaînement des pluies à partir de mi-octobre a largement imposé ces lois : « Les sols sont actuellement plus humides que la normale sur la quasi-totalité de la France, voire saturés par endroits, à l’exception du pourtour méditerranéen où ils restent plus secs qu’ à cette période de l’année ».

En pleine Cop 28 lors des 11 premiers mois de l’année, la température moyenne mondiale est la plus élevée jamais enregistrée. Elle se fixe à +1,46 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Et à +0,13 °C au-dessus du record établi par l’année 2016.

Qu’attendre de la Cop 28 ?

Après une première semaine de COP déjà bien chargée, essentiellement axée sur les débat techniques, c’est désormais le moment des bilans.

Dès les premières heures de la conférence, fait rarissime, mais il a été complété d’un accord aussi express qu’inattendu sur le Fonds pertes et préjudices esquissé à la COP 27. Les besoins sont évalués à  580 milliards de dollars , or il est prévu que chaque année 726 millions de dollars soient attribués d’ici à 2030 pour faire face aux pires impacts du changement climatique, comme la montée des mers ou la désertification.

Le fonds pour l’adaptation, parent pauvre des financements climat, récolte, quant à lui, 133 millions de dollars, mais cet ajout survient après une diminution de 14 % entre 2020 et 2021. Un rapport des Nations unies estime que 387 milliards de dollars par an seraient en réalité à prévoir.

François Gemenne, coauteur du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et désormais professeur à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). s’est exprimé ainsi « Les résultats engrangés jusqu’ici sont déjà nettement supérieurs à ceux de la COP 27 et de la COP 26 »

Par ailleurs, 124 pays se sont engagés à multiplier les énergies renouvelables par trois à l’horizon 2030 et à doubler le rythme annuel de progression de l’efficacité énergétique. Par ailleurs  la France a proposé à une vingtaine de pays de s’ engagés à tripler les capacités du nucléaire en 2050 et à flécher plus d’investissements vers cette filière .

Attendons la fin de cette rencontre pour en tirer les conclusions finales.

Un projet de solidarité alimentaire commence à faire parler de lui : la SSA

Le projet de Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) est en marche avec de premières expérimentations en cours, notamment à Montpellier, avec un essaimage un peu partout, comme à Grenoble depuis cette année. Plus qu’une utopie, la SSA offre un regard neuf sur le modèle alimentaire qui avance avec la volonté de changer les rapports de force entre industrie agroalimentaire et agroécologie au bénéfice de l’environnement et de la santé des utilisateurs.

Sur le même principe que la sécurité sociale à destination de notre santé, ce projet ambitieux voit le jour défendu par Ingénieurs sans frontières et le réseau Civam (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) : une Sécurité sociale pour changer, cette fois, de modèle d’alimentation et il serait bien temps à l’heure où les liens entre type d’alimentation et santé sont de plus renseignés.

Constatant les dégâts causés par une mauvaise alimentation toujours plus transformée, soit disant pour un accès à tous pas cher, l’agronome Mathieu Dalmais à l’origine de cette idée de SSA rapporte  « Il faut donc changer la politique de l’alimentation. Ce n’est pas le consommateur, dans ses choix, qui va changer la donne. C’est tout un système qu’il faut changer. » Il se fonde sur une première idée forte : « Augmenter la part du PIB dédiée à l’alimentation pour soutenir d’autres modèles, pour une nourriture de qualité. »  et  la deuxième « Pour maximiser ses marges, l’agro-industrie est obligée de surproduire. Une surproduction subventionnée puisque l’État la rachète à 60 % du coût de revient. C’est un prix minimum garanti au gaspillage. »

Il renchérit « L’aide alimentaire au service de l’agro-industrie est à l’opposé du droit à  l’alimentation. Elle isole. Il faut viser une sortie de cette aide avec le droit à l’alimentation. » en rajoutant  : La SSA se traduit par une carte permettant de manger et de produire mieux : « L’objectif est l’accès à une alimentation choisie et de qualité. Que le bio ne soit plus réservé à nourrir les plus conscientisés avec des moyens. ». Un modèle qui permettrait aux paysans français de produire sans s’intoxiquer et de fournir une alimentation de qualité : ne devrait-on pas  penser que ce serait important?

Ce qui conforte notre soutien à un changement de paradigme et surtout en raison de la volonté affichée de non gaspillage des denrées que la nature nous fournit : soyons cohérents.