Tous les articles par Jacqueline Collard

Intoxication à l’oxyde de carbone ( BEH du 27 janvier 2015)

Entre le 1er septembre 2014 et le 27 janvier 2015, 631 signalements ont été déclarés au système de surveillance, impliquant 2.399 personnes dont 1.494 ont été prises en charge par un service d’urgence hospitalier. Au cours de la même période en 2013, 765 signalements avaient été rapportés. Sur la même période, 25 décès par intoxication accidentelle ont été déclarés, ce qui est comparable à la même période de chauffe de l’année précédente.

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz transparent, qui ne dégage aucune odeur et dont la densité est voisine de celle de l’air. Sa présence résulte d’une combustion incomplète d’un combustible (bois, butane, charbon, essence, fuel…), c’est pourquoi les périodes d’intoxication se situe aux périodes de chauffage.

Effets sur la santé.
L’oxyde de carbone  diffuse très rapidement dans l’environnement. Il est absorbé en quelques minutes par l’organisme et se fixe sur l’hémoglobine, protéine qui transporte normalement l’oxygène dans le sang. Le CO peut parfois se fixer également à d’autres protéines (myoglobine du muscle). Les maux de tête, vertiges, malaises, nausées peuvent être des signes avant-coureurs d’une intoxication. Le monoxyde de carbone peut être éliminé par voie respiratoire en replaçant la personne intoxiquée dans une atmosphère saine ou en lui faisant respirer de l’oxygène à forte pression.
>> 0,1 % de CO dans l’air tue en une heure
>> 1 % de CO dans l’air tue en 15 minutes
>> 10 % de CO dans l’air tuent immédiatement
Source : Direction Générale de la Santé

 C’est dans ce sens que l’Inpes ( Institut de promotions pour la santé) émet les conseils suivants pour limiter et  prévenir les intoxications au monoxyde de carbone:
• avant chaque hiver, faire vérifier et entretenir les installations de chauffage et de production d’eau chaude, ainsi que les conduits de fumée par un professionnel qualifié,
• aérer au moins 10 minutes par jour, maintenir les systèmes de ventilation en bon état et ne jamais obstruer les entrées et sorties d’air,
• respecter scrupuleusement les consignes d’utilisation des appareils à combustion indiquées par le fabricant.

La centrale de Tricastin prolongée de 10 ans

La commission locale d’information des équipements de Tricastin ( CLIGEET) s’est réunie le 6 février à la préfecture de la Drôme à Valence; ce qui a permis à EDF de donner des précisions après un dégagement de tritium en décembre dernier.

 A cette occasion a été annoncée par l’ASN ( Autorité de sécurité nucléaire) qu’elle avait  signé la prolongation de 10 ans de la centrale de Tricastin pour la prolonger à 40 ans.

D’autre part, EDF a reconnu ce vendredi matin qu’il y avait bien eu un dégagement de tritium dans 140 000 tonnes de vapeur, le 31 décembre 2014, lors du déclenchement intempestif d’une soupape, pour le  redémarrage de l’unité n°4, mais sans conséquence pour l’environnement selon la directrice du site. Sylvie Richard  précise au passage de 281 millions d’euros vont être investis ces prochains mois pour prémunir la centrale de catastrophe type Fukushima… au moment où la CRIIRAD réclame toujours plus de transparence et d’information après des incidents comme celui de la fin 2014.
Autre information donnée  ce jour là: le 31 mars, Areva déposera sa demande de démantèlement pour le site Eurodiff… devant une nouvelle usine George Besse 2 qui fonctionne désormais à pleine capacité.

Que choisir teste des produits bébés avec des constats inquiétants

Alors que les bébés sont bien plus sensibles que les adultes aux composés toxiques, l’UFC-Que Choisir a mené l’enquête pour vérifier l’absence de molécules nocives (bisphénols, retardateurs de flamme, phtalates, formamide, métaux lourds, formaldéhyde …) dans 68 produits spécifiquement destinés aux bébés (tétines, couches, matelas à langer, bodys, tapis d’éveil, tapis puzzle).

  • Des perturbateurs endocriniens dangereux même à faible dose : Si du strict point de vue toxicologique ces produits respectent les normes, en revanche la forte présence de perturbateurs endocriniens a de quoi alarmer. Ces substances chimiques, telles que les phtalates ou le bisphénol A, sont soupçonnées, même à des doses infinitésimales, de perturber ou d’interférer avec notre système hormonal et d’être en grande partie responsables de l’augmentation de troubles et pathologies (infertilité, cancers hormono-dépendants, diabète, etc.), ce qui a motivé un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) où elles sont désignées comme une « menace mondiale pour la santé humaine et l’environnement ».

  • Une présence dans plus d’1 produit sur 6 : Nous avons relevé la présence de perturbateurs endocriniens dans pas moins de douze produits de notre échantillon, soit dans plus d’un produit sur six ! Pire, du fait des teneurs élevées pour ce type de composés, deux produits ont écopé de notre part de la mention ‘NE PAS ACHETER’ : la tétine ‘Hello Kitty’ qui, malgré l’accroche faussement rassurante ‘’0 % BPA’’, contient des doses très significatives de bisphénol A, pourtant interdit depuis plus de deux ans dans ce type de produit, et le matelas à langer ‘Baby calin’ acheté chez Aubert, qui contient un retardateur de flamme chloré à une teneur trente fois supérieure au maximum autorisé prochainement (fin 2015) par la réglementation.
  • Une réglementation obsolète : Ces résultats inadmissibles s’expliquent notamment par une réglementation inadaptée à l’enjeu sanitaire. Les autorités n’ont ciblé que les utilisations les plus risquées (tétines, jouets …), alors qu’une interdiction plus large s’imposait pour prendre en compte les risques significatifs que constituent les autres objets présents dans l’environnement immédiat du bébé (matelas à langer, tapis de sol …) qui selon le cas peuvent être portés à la bouche ou sont en contact prolongé avec la peau. La réglementation ne porte en outre que sur un très faible échantillon des perturbateurs endocriniens identifiés par les experts. Enfin, alors même que les autorités alertent sur l’effet à faible dose, il n’est pas admissible qu’elles continuent à tolérer des présences significatives pour certaines molécules, alors qu’une interdiction pure et simple devrait être la règle pour tous les perturbateurs endocriniens.

N’en déplaise aux tenants de l’impossibilité technique à se passer de ces composés, notre test révèle que 56 produits testés (soit plus de 80 % de notre échantillon) sont irréprochables du point de vue de la présence de perturbateurs endocriniens.

Au vu de ces éléments, et après les alertes déjà données par l’association sur les perturbateurs endocriniens dans les lingettes, les jouets et d’autres produits destinés aux bébés, l’UFC-Que Choisir demande aux législateurs français et européens d’adopter sans délai une réglementation bien plus ambitieuse sur les perturbateurs endocriniens, en particulier pour les produits destinés aux enfants.

Diabète épidémie du XXIème siècle : le fructose en cause ?

Tout sucre, tout miel, les industriels de l’alimentation adoucissent notre quotidien. Aliments transformés, conserves, sodas et même jus de fruit, ils y sont tous passés. Depuis des années, des sucres – essentiellement du fructose – ont été ajoutés à ce que nous consommons.

Naturellement présent dans les fruits ou le miel (mais à de faibles concentrations), il donne un goût sucré plus prononcé, à quantité égale, que le saccharose, notre bon sucre en morceaux ou en poudre composé à parts égales de glucose et de fructose. Mieux : avec lui, les aliments transformés sont plus stables et ceux que l’on cuit prennent une jolie couleur brune plus accentuée. Ce n’est pas tout : le fructose accroît l’appétit, car il diminue la sensation de satiété.

Les sucres ajoutés aux aliments et boissons, en tout premier lieu le fructose, font le lit du diabète de type 2.

Publiée en ligne jeudi 29 mars 2014 dans les Mayo Clinic Proceedings, une analyse des données existantes effectuée par des chercheurs américains est catégorique : « Il existe un énorme corpus de preuves scientifiques, de données d’observation et de résultats d’essais cliniques qui suggèrent que le fructose ajouté – même par rapport à d’autres sucres – est le principal moteur du développement du diabète et de ses conséquences. »
Représentant 90 % des formes de la maladie, le diabète de type 2 a pris des proportions épidémiques dans le monde : environ une personne sur dix dans le monde en est atteinte et la fréquence augmente avec l’âge.

L’étude rappelle que la littérature scientifique montre que « l’ajout de fructose – que ce soit sous forme de saccharose ou de sirop de maïs à haute teneur en fructose – est associé à une série d’effets biologiques indésirables chez l’homme comme chez l’animal ».

Le fructose stimule des modifications métaboliques qui aiguillent les calories vers le stockage dans les cellules du tissu adipeux abdominal. Ce mécanisme adaptatif avait toute son utilité pour nos lointains ancêtres qui n’avaient pas un accès facile à des aliments nourrissants et n’avaient accès qu’à des quantités limitées de fructose, essentiellement dans des fruits mûrs, mais ce n’est de loin plus le cas.

Les phtalates et leurs actions sur le cerveau

Une étude sur les effets sur un ensemble d’enfants exposés in utéro:

Les phtalates abêtissent-ils nos enfants? Après une étude montrant un effet sur le quotient intellectuel (QI) chez des enfants de 3 ans, de nouveaux travaux publiés mercredi 10 décembre 2014 dans la revue PLoS ONE confirment le phénomène à 7 ans, en cas d’exposition élevée au cours de la grossesse.

Plastifiants omniprésents, les phtalates comptent dans leurs rangs de nombreux perturbateurs endocriniens. En ce sens, ils pourraient altérer le développement cérébral des enfants, comme cela a, entre autres, déjà été montré pour certains pesticides et pour le bisphénol A.

En 2012, l’équipe de Robert Whyatt, de l’université Columbia à New York, avait mis en évidence un moindre QI chez les enfants exposés in utero aux phtalates, mais à l’âge de 3 ans. Le phénomène se confirme-t-il chez des enfants plus âgés?
Il semble bien que oui, selon une nouvelle étude publiée par les mêmes chercheurs. L’équipe a suivi 328 couples mère-enfant, testant chez ces derniers le QI à l’âge de 7 ans, et le comparant aux taux urinaires de plusieurs phtalates, mesurés chez la mère lors du dernier trimestre de grossesse. Les résultats sont sans appel.
Jusqu’à 7,6 points de QI en moins
Comparées aux 25% de femmes les moins imprégnées de MnBP (un métabolite du DnBP, di-n-butyl phtalate), les 25% en présentant le plus avaient des enfants dont le QI était inférieur en moyenne de 6,6 points. Et pour le MiBP (métabolite du DiBP, di-isobutyl phtalate), la différence s’élevait à 7,6 points de QI.Selon les chercheurs, plusieurs mécanismes, non exclusifs, expliqueraient un éventuel lien de causalité: «les phtalates pourraient agir comme anti-androgènes et altérer la différenciation sexuelle du cerveau; ils pourraient moduler l’activité de l’enzyme aromatase dans le cerveau en développement et perturber ainsi la synthèse d’œstrogènes; ils pourraient affecter la production d’hormones thyroïdiennes; ils pourraient diminuer l’activité dopaminergique, lié à aux troubles de déficit de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH)».
Pour les deux premières hypothèses, l’équipe note en effet des différences sexuelles dans le lien entre phtalates et QI, avec des effets variables selon l’agent considéré, mais atteignant rarement la significativité statistique.
De nouveaux arguments pour l’interdiction
Bien qu’inquiétants en termes de santé publique, ces résultats n’ont au fond rien d’étonnant, au vu de la masse d’études révélant l’effet délétère de plusieurs polluants chimiques sur le cerveau en formation. Ils pourraient toutefois donner du grain à moudre aux nombreux opposants des perturbateurs endocriniens, qui appellent à leur interdiction au niveau européen.
Dernier épisode en date, la coalition EDC-Free Europe, coordonnée par HEAL et regroupant plusieurs associations françaises (Générations futures, RES, WECF, etc.), a appelé début décembre les citoyens à répondre à la consultation publique lancée en septembre par la Commission européenne sur les perturbateurs endocriniens, qui s’achèvera le 16 janvier 2015.Objectif de cette campagne, «dire non aux perturbateurs endocriniens».
La consultation européenne porte sur l’adoption de critères de définition de ces substances, que l’industrie souhaite très souples, alors que les associations espèrent qu’ils permettront leur interdiction définitive. Initialement prévue pour décembre 2013, l’adoption des critères a pris un retard plus que suspect, que nombreux imputent au lobbying des industriels.
Un coût sanitaire de 31 milliards/an
Ceux-ci ont d’ailleurs réussi à imposer à la Commission l’idée d’une étude d’impact économique d’un retrait des perturbateurs endocriniens, perçue par les associations comme un grossier contre-feu contre toute tentative de régulation.La manœuvre pourrait toutefois se retourner contre l’expéditeur. Deux récentes études révèlent les coûts de santé exorbitants des perturbateurs endocriniens.
Selon la plus récente, menée dans les pays scandinaves, le seul effet des perturbateurs endocriniens sur les troubles masculins de l’appareil reproductif s’élèveraient pour l’UE jusqu’à 1,2 milliard d’euros par année d’exposition.