Tous les articles par Jacqueline Collard

Etude ANSES sur les édulcorants

Une étude l’Anses met l’accent sur les édulcorants intenses : utilisés comme substituts non caloriques au sucre dans toutes sortes de produits, en particulier les boissons, leur usage a connu une véritable explosion ces 20 dernières années. «Probablement en lien avec les préoccupations liées au doublement de la prévalence du surpoids et de ’obésité»,selon l’Anses.

Or ces édulcorants intenses, dont 10 sont commercialisés dans l’UE [1], font l’objet de nombreuses suspicions. Tout d’abord quant à leur sécurité: des études ont ainsi suggéré des risques d’accouchement prématuré chez les femmes enceintes, voire de cancers ou d’effets neurologiques, tels que crises d’épilepsie et migraines.

A l’analyse des diverses études sur ces édulcorants , aux résultats souvent divergents, rien ne permet en effet de trancher quant aux effets sur le poids ou sur l’appétit, que ce soit chez les adultes ou chez les enfants. De même, ils semblent n’avoir aucun effet sur la glycémie des diabétiques. Cependant  plusieurs mettent l’accent sur l’hypothèse selon laquelle les boissons light favoriseraient le diabète en déréglant la flore intestinale.

Particulièrement emblématique, l’aspartame concentre la plupart des critiques des associations. Non seulement en raison d’études suggérant un risque sanitaire, mais aussi en raison des conditions douteuses dans lesquelles les études de sécurité ont été menées par ses fabricants.

 [1] Il s’agit de: l’aspartame, l’acésulfame de potassium, l’acide cyclamique et ses sels, le rébaudioside A (un extrait de la stévia), le néohespéride dihydrochalcone, le néotame, la saccharine et ses sels, le sucralose, le sel d’aspartame-acésulfame et la thaumatine.

L’OMS tire la sonnette d’alarme à propos de l’obésité

Parler de malnutrition dans les pays du Sud ne se limite plus à évoquer la sous-nutrition. L’obésité et le surpoids y constituent désormais un problème majeur, ainsi que le révèle une série d’articles publiée début juin dans le Lancet: 7% des enfants africains en étaient atteints en 2011, contre 4% en 1990.

A ce rythme, on estime que le surpoids concernera 11% des enfants africains en 2025. Phénomène impensable il y a seulement 20 ans, le surpoids infantile sera alors plus fréquent en Afrique qu’au niveau mondial (9,9% en 2025).

«Bien que la prévalence de surpoids infantile dans les pays riches soit plus que le double de celle des pays pauvres ou à revenu intermédiaire, trois quarts des enfants obèses vivent dans ces pays. Ces tendances à la hausse sont probablement une conséquence de changements d’habitudes alimentaires et d’activité physique», avancent Robert Black, de la Johns Hopkins University de Baltimore, et ses collègues dans leur article.

Si elle demeure à un niveau plus élevé que le surpoids, la sous-nutrition infantile a dans le même temps fortement diminué: en 2011, elle ne concernait plus «que» 165 millions d’enfants dans le monde, contre 235 millions en 1990, soit une chute de 35% en 20 ans.

 Pour l’OMS, qui a abordé le problème fin mai lors de son assemblée annuelle, surpoids et sous-nutrition découlent tous deux d’«un système alimentaire qui n’offre pas un approvisionnement suffisant en aliments de qualité peut conduire à la fois à une croissance insuffisante et à un gain de poids excessif».

Egalement analysées par le Lancet, les femmes en âge de procréer, chez lesquelles le surpoids a d’ores et déjà dépassé la sous-nutrition. Et ce dans toutes les régions du monde, souvent même de très loin: un peu plus de 10% des femmes africaines présentent un faible poids (indice de masse corporelle inférieur à 18,5 kg/m2), tandis que 40% d’entre elles souffrent de surpoids ou d’obésité.

Les limites de la planète seraient atteintes selon « Science »

Dans la revue Nature, une équipe de chercheurs avait déjà publié en 2009 le principe de limite planétaire, elle reprend cette notion en ce début 2015 en publiant une mise à jour de cette étude dans Science et identifie quatre limites déjà franchies ou en cours de dépassement. Ces conclusions seront présentées au Forum économique mondial de Davos de fin janvier.

Selon les chercheurs, les principales limites transgressées sont celles du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Les deux autres seuils franchis relèvent de dégâts locaux : l’un tient au changement rapide d’utilisation des terres, l’autre à la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore – deux éléments essentiels à la fertilité des sols.

Pour le climat, les auteurs estiment que la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) ne doit pas dépasser une valeur située quelque part entre 350 parties par million (ppm) et 450 ppm. La teneur moyenne actuelle est d’environ 400 ppm, soit au beau milieu de la ligne rouge. « Il y a une marge d’incertitude importante, dit le climatologue Will Steffen (université nationale australienne, université de Stockholm), premier auteur de l’étude. Cela signifie qu’au dessus de 350 ppm il y a une augmentation du risque d’effets dommageables dans certaines régions, comme ce que l’on peut par exemple observer avec les canicules et les sécheresses en Australie. Et au-dessus de 450 ppm, nous pensons avec un bon niveau de confiance que les impacts toucheront l’ensemble du globe. »

Ainsi, selon Johan Rockström, directeur du Stockholm Resilience Center de l’université de Stockholm et coauteur de l’étude, l’objectif des deux degrés de réchauffement, fixé par la communauté internationale comme limite à ne pas dépasser, « représenterait déjà, même s’il était atteint, des risques significatifs pour les sociétés humaines partout sur Terre ».

L’actuelle érosion de la biodiversité est sans appel. Les auteurs estiment que la diversité du vivant peut s’éroder à un rythme de 10 espèces par an sur un capital d’un million, sans impacts majeurs pour les société humaines. Cette limite est largement dépassée par le taux d’érosion actuel, 10 à 100 fois supérieur. « Attention : la biodiversité ne se réduit pas à une liste d’espèces et d’autres indicateurs sont également pertinents, commente pour sa part le biologiste Gilles Boeuf, président du Muséum national d’histoire naturelle. Ici, les auteurs ont également cherché à  estimer le maintien de l’intégrité des fonctions remplies par la biodiversité, en raisonnant par exemple au niveau de groupes d’espèces qui remplissent des fonctions semblables. »

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« Par rapport à notre publication de 2009, l’une des avancées est que nous identifions les limites planétaires sur le climat et la biodiversité comme fondamentales, explique Will Steffen. Car transgresser une seule d’entre elles a le potentiel de conduire le système-Terre dans un nouvel état. »

Le phosphore oligo-élément indispensable en sursis

Le phosphore intervient avec le calcium dans la calcification des os mais également dans la formation de nombreux composés importants pour les réactions de l’organisme et la création d’énergie (ATP, phosphorylation d’enzymes pour les activer). Son évaluation est importante, associée à celle du calcium, pour aider au diagnostic de pathologies osseuses, hormonales, ou de problèmes rénaux et des troubles dans l’équilibre des ions de l’organisme. Or nos modes d’élevage et d’agriculture mettent en péril cet élément indispensable.

« Un des changements majeurs depuis la publication de 2009 concerne la révision des limites planétaires liées aux flux de phosphore, explique Philippe Hinsinger, chercheur (INRA) …

Le précédent article tirait déjà la ·sonnette d’alarme concernant le cycle de l’azote, en montrant que nous avions déjà dépassé la limite de l’acceptable, mais il considérait que, dans le cas du phosphore, nous nous approchions de la limite sans toutefois la dépasser. » C’est désormais chose faite. En particulier, la prise en compte des flux de phosphore vers les écosystèmes aquatiques d’eau douce, du fait des déjections animales des grandes zones d’élevage hors sol, ou l’érosion des terres agricoles chargées d’engrais phosphatés, fait bondir  l’addition.

Santé au travail : mobilisation

Une médecine du travail en péril

La médecine du travail est en grand danger et avec elle la santé de tous les salariés. Fin octobre, le gouvernement  présentait 50 nouvelles mesures destinées à « simplifier l’activité des entreprises face à la lourdeur administrative. »

Parmi elles, une première entend revoir les notions d’aptitude et d’inaptitude afin de « sécuriser » les employeurs qui sont « soumis » à des avis médicaux avec réserves trop contraignants. Cette mesure vise à empêcher le médecin du travail d’émettre des préconisations d’aménagement des postes de travail dans l’intérêt des salariés, à supprimer l’obligation de reclassement qu’ont les employeurs et à favoriser le licenciement des salariés ayant des restrictions d’aptitude.

Une seconde mesure prévoit de simplifier les règles sur les visites médicales des salariés au motif que « la visite médicale obligatoire n’est réalisée que dans 15% des cas », du fait notamment d’un manque d’effectifs médicaux. Ce chiffre de 15 % est fantaisiste car en réalité ce sont plus de 70% de ces visites qui sont actuellement assurées ! Cette mesure empêcherait l’accès à la visite médicale et au suivi de santé individualisé pour certaines catégories de salaries jugés non exposés à des risques. Alors que l’on assiste à l’explosion des TMS et des RPS, cette vision est inacceptable.

Nous rappelons que les médecins du travail sont les seuls médecins à disposer d’une formation sur les risques professionnels et qu’ils sont les seuls à bénéficier d’un statut protecteur garantissant indépendance et protection vis-à-vis des employeurs. Ils ont un libre accès au poste de travail qui leur permet de disposer d’une connaissance des risques et du travail réel. En s’attaquant ainsi à la visite médicale, c’est à la médecine du travail toute entière que le gouvernement s’en prend et aux droits des salarié-es.

En affaiblissant une nouvelle fois la médecine du travail et plus largement les services de santé au travail (SST), le patronat et le gouvernement favorisent la fragilisation des travailleurs confrontés à des conditions de travail et d’emploi de moins en moins soutenables.

Il conviendrait au contraire de donner aux SST tous les moyens d’assurer leur « mission exclusive d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail » (art. L.4622-2 du code du travail), en élargissant et en confortant notamment leur indépendance vis-à-vis des employeurs.

L’urgence d’agir et de s’unir

La santé au travail est au cœur de l’activité de tous les acteurs impliqués dans la prévention des risques et l’amélioration des conditions de travail. Dans le contexte actuel, tous devraient voir leurs conditions d’intervention favorisées et améliorées : CHSCT, médecins du travail, inspecteurs du travail, contrôleurs Carsat, experts CHSCT, intervenants en prévention de la mutualité, tous interagissent de façon complémentaire au sein d’un ensemble devenu cohérent, celui de notre système de prévention. C’est lui qui, morceau par morceau, est progressivement défait depuis quelques années ; c’est lui que nous voulons préserver et renforcer.

Les  acteurs du mouvement syndical et de la santé au travail (syndicats, représentants du personnel au CHSCT, médecins du travail, inspecteurs du travail, experts CHSCT, psychologues du travail, ergonomes, chercheurs en santé au travail, etc.) appelent à une mobilisation et à l’organisation d’états généraux pour défendre et améliorer les droits collectifs des travailleurs en matière de santé au travail.

… Pour ne plus perdre sa vie à la gagner !

- Pour signer la pétition, cliquer sur ce lien

Premiers signataires :

Annie Thebaud Mony, Directrice de recherches honoraire à l’INSERM
Daniele Linhart,Sociologue, Directrice de recherches émérite au CNRS
Eric Beynel, porte parole union syndicale Solidaires
Christophe Godard, Secrétaire national de l’UGFF-CGT (responsable Santé-Travail)
Jean-Michel Sterdyniak président du SNPST
Dominique Huez pour l’Association Santé Médecine du Travail
Alain Carré pour le SMTIEG-CGT
Arnaud de Broca pour la FNATH, Secrétaire général de la FNATH
Julien Lusson pour Attac
Louis-Marie Barnier pour la Fondation Copernic
Les syndicats CGT, FSU et Sud de l’inspection du travail
Un Collectif de 27 cabinets, experts CHSCT ou intervenants en santé au travail 
Les associations Henri Pezerat, Ban Asbestos et Robin des toits