Tous les articles par Jacqueline Collard

Etude européenne Sinphonie sur l’air en milieu scolaire

Le projet Sinphonie*,   financé par la Commission européenne nous donne les premiers résultats sur la qualité de l’air relevé dans 114 écoles situées dans 23 pays européens. Cette étude témoigne de l’importance d’une ventilation plus systématique des établissement scolaires, comme il est désormais fortement recommandé.

ecole-primairePour les particules fines (PM2,5) : seuil OMS à long terme  de 10 µg/m3. Parmi les 114 écoles évaluées, réparties entre 23 pays européens, la valeur médiane, au-dessus de laquelle se situent 50% des établissements, est de 37 µg/m3 d’air donc 85% des 5.175 écoliers respirent un air dont la teneur en PM2,5 dépasse le seuil , et 65% celui de 25 µg/m3 -pour l’exposition à court terme. Quant au CO2( gaz carbonique ) le taux médian  est de 1.257 ppm, alors que l’OMS conseille de ne pas dépasser la valeur de 1.000 ppm.

 Pour le radon : environ 50% des enfants sont au-dessus du seuil de 100 Becquerel/m3

Pour le benzène presque 25% dépassent le seuil de 5 µg/m3 , pour le formaldéhyde plus de 60% dépasse celui de 10 µg/m3.

Isabella Annesi-Maesano, de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (UMR-S 1136, Inserm/université Pierre-et-Marie-Curie, Paris), indique que ces résultats sont en cours d’analyse, notamment afin de mieux connaître les liens entre qualité de l’air intérieur d’une part, problèmes sanitaires et troubles de l’apprentissage d’autre part. Cependant on peut constater simultanément que pour 86% des enfants, le taux de ventilation est inférieur à la valeur recommandée de 4 litres/seconde, phénomène aggravé par un fréquent manque de place.

Quant aux retombées sanitaires, les chercheurs évoquent des crises d’asthme (3,6% des enfants en ont déjà subi une à l’école), ainsi que des irritations nasales et cutanées, des maux de tête, d’autant plus fréquents dans les écoles les plus polluées. Déjà les chercheurs observent plusieurs effets sanitaires -essoufflement, toux, sifflements dans la poitrine, bronchopneumopathie chronique obstructive dès que la qualité de l’air diminue, même lorsque les normes sont respectées.

ec.europa.eu/health

*Sinphonie : schools indoor pollution and health observatory Network in Europe

Nouvelle étude sur l’impact des insecticides organophosphatés

L’étude publiée dans Environmental Health Perspectives , a analysé l’exposition aux organophosphates : insecticides souvent utilisés pour les produits conventionnels aux États-Unis sur un échantillon de  4500 personnes réparties dans six villes à travers le pays.

Résultat : les participants de l’étude qui ont mangé davantage de produits bio ont une exposition aux pesticides significativement plus faible que ceux qui mangeaient majoritairement des produits conventionnels. Néanmoins ce n’est pas identique selon les produits .th-9
Les consommateurs qui ont mangé classiquement des aliments traités aux pesticides comme les tomates, les pêches et nectarines  avaient des niveaux plus élevés d’exposition aux organophosphorés que les personnes qui croquaient des fruits   moins traités aux pesticides comme les avocats et autres fruits et légumes  et qui ont en plus une peau).

Ce qui  en soi n’ est pas surprenant; d’autres études ont montré que manger des produits d’origine  biologique  forcément limite l’exposition aux pesticides. Cette étude, toutefois, permet d’avoir une façon simple de prédire l’exposition aux pesticides sur la base des questions sur les habitudes alimentaires d’une personne. Les chercheurs ont vérifié leurs prédictions avec des échantillons d’urine de métabolites de participants de cette étude.

Mais la prochaine étape de la recherche sera de faire la relation dans le même groupe de personnes entre l’exposition aux pesticides et les effets négatifs pour la santé  que sont particulièrement  les effets neurocognitifs. Des études antérieures ont lié l’exposition aux organophosphorés à la maladie d’Alzheimer et le TDAH, entre autres choses. Ils poursuivent leurs recherches pour comprendre le mécanisme qui explique la grande différence qui existe entre exposition présente ou non .

ehp.niehs.nih.gov

www.fastcoexist.com

La lutte contre le changement climatique bénéfique à la qualité de l’air

La lutte contre les changements climatiques devrait aussi avoir des effets bénéfiques en matière de réduction de la pollution atmosphérique. C’est ce qu’a expliqué  l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) qui a incorporé des données relatives à la lutte contre les changements climatiques dans un modèle combinant la chimie atmosphérique et le transport des polluants par les masses d’air.

Par ailleurs, bien que coûteuse, la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) s’avère rentable au regard des économies liées à la réduction de l’impact sanitaire des polluants atmosphériques. Pour évaluer cette politique, l’Ineris a utilisé le modèle Chimere, un modèle de chimie et de transport coréalisé avec l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL).

Une première évaluation a été réalisée pour la période allant jusqu’à 2030 en tenant compte des plafonds d’émissions proposés par la Commission européenne dans le cadre de la révision de la directive relative aux plafonds nationaux d’émissions (directive NEC). Les polluants concernés sont le dioxyde de soufre (SO2), les oxydes d’azote (NOx), les composés organiques volatils (COV), l’ammoniac (NH3) et les particules fines (PM). Une seconde évaluation, courant jusqu’en 2050, ajoute dans le modèle les données issues du scénario d’atténuation du Global Energy Assessment de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), seul scénario de réduction des émissions de GES à fournir une évaluation des émissions des polluants atmosphériques associés.

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A moyen terme, si les plafonds d’émissions envisagés par l’exécutif européen sont appliqués et respectés, les pics estivaux de pollution à l’ozone devraient être réduits. Mais paradoxalement, la concentration atmosphérique moyenne annuelle en l’ozone devrait s’améliorer dans les campagnes mais augmenter dans les centres urbains. Il s’agit là d’un effet de la réduction des émissions des oxydes d’azote qui, bien que néfastes pour la santé, limitent la formation de l’ozone.

A plus long terme, le modèle Chimere montre que l’application de la directive NEC associée à des investissements importants dans les énergies renouvelables aboutirait à de bien meilleurs résultats. Pour mesurer cela, l’Ineris a tenu compte des données climatiques et des émissions de polluants atmosphériques associées aux scénarios au fil de l’eau et de réduction des émissions de GES de l’AIE. Le modèle incorpore en particulier des données relatives à la hausse des températures, qui impacte directement la formation d’ozone, à la modification des courants atmosphériques, qui permettent le transport des polluants sur longue distance, ainsi qu’à l’ozone (qui est aussi un GES) et au carbone suie.

La directive européenne NEC (National Emissions Ceilings) concerne quatre polluants atmosphériques : l’oxyde d’azote (NOx),le  dioxyde de soufre (SO2), les composés organiques volatils (COV) et l’ammoniac (NH3).

Potentiel cancérogène de 5 pesticides étudié par la CIRC

Le CIRC ( Centre international contre le cancer) ou IARC  vient d’évaluer le caractère cancérogène de 5 pesticides qui vient d’être publié dans la revue médicale Lancet Oncology (lien en anglais) ;  travail réalisé par 17 chercheurs de 11 pays .

Le glyphosate, le malathion et le diazinon ont été classés 2 A comme « probablement cancérogènes pour l’homme » : la catégorie 2A regroupe les composés pour lesquels les preuves d’effet cancérogène sur l’homme sont limitées mais où les preuves de cancérogénicité sur l’animal sont suffisantes : on parle alors de cancérogènes probables.

tandis que le tétrachlorvinphos et le parathion ont été eux classés « cancérigènes possibles 2 B  pour l’homme ». La catégorie 2B regroupe les cancérigènes dits « possibles » pour lesquels les preuves d’effet cancérogène sur l’animal sont moins fortes.

 Le glyphosate est le principe actif du fameux Round up commercialisé par la firme Monsanto : ce pesticide est le plus utilisé dans le monde ces  ventes ont explosé depuis l’introduction de cultures génétiquement modifiées pour résister au glyphosate, ce qui permet aux agriculteurs de tuer les mauvaises herbes en arrosant un champ en une seule fois. Outre l’agriculture, où son usage a fortement augmenté, il est également utilisé dans les forêts et par les particuliers dans leurs jardins.

Du glyphosate a été retrouvé dans l’air, dans l’eau et dans la nourriture, selon l’Iarc qui précise que la population générale est notamment exposée lorsqu’elle habite à côté de zones traitées. Les niveaux d’exposition observés sont toutefois « généralement bas », mais ne sont pas à négliger surtout lors de la présence d’enfants .

Le Roundup est largement présent dans l’organisme humain. L’association les Amis de la Terre avait collecté, en 2013, des échantillons d’urine auprès des citoyens européens pour y déceler la présence de glyphosate. Près de 44% des personnes testées s’étaient  révélées positives, dont 30% pour les Français.

Le professeur français, Gilles-Eric Séralini, avait annoncé en juin 2014 une nouvelle publication de son étude controversée sur les effets toxiques sur les rats d’un maïs OGM et de l’herbicide Roundup. Il pointe « la toxicité du Roundup et ses impacts sur les organes de détoxification du corps, le foie et les reins ainsi que sa capacité à perturber le système hormonal à très faible dose », souligne l’association Criigen, dont est membre le Pr Séralini, biologiste moléculaire. Le classement du glyphosate comme « cancérigène probable pour l’homme » signifie donc que les formulations en contenant présentent sans doute un risque cancérogène bien plus important encore que celui de la seule matière active.

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Nouvel épisode de pollution touchant surtout Nord et Est de la France

Une grande partie de la France est touchée par un important épisode de pollution aux particules depuis le 15 mars. Des concentrations en particules élevées à très élevées ont été observées ces quatre derniers jours en France. Les conditions météorologiques stables sont propices à la formation et stagnation des polluants. Toutes les sources de polluants en France sont responsables de cet épisode notamment le trafic routier, l’agriculture, le chauffage et l’industrie. Par ailleurs, les flux de masse d’air de secteur Est à Nord Est durant ces derniers jours ont entrainé sur la France des masses d’air d’origine continentale pouvant être chargées en polluants gazeux et particulaires contribuant à augmenter les concentrations en particules sur la France.

 La région Rhône-Alpes vit actuellement son premier épisode de pollution printanier de forte intensité. Le niveau d’alerte est déclenché sur toute la région, en raison de forts taux de particules fines.Les concentrations de nitrate et sulfate d’ammonium mesurées dans les particules sont en augmentation.
Les sources majoritaires de ces composés sont le trafic routier, les activités agricoles et certaines activités industrielles.
Cet épisode concerne une grande partie de la France, le Nord-Est de l’Europe et le Nord de l’Italie.En Rhône-Alpes, une amélioration générale pourrait survenir ce dimanche. En attendant la fin de cet épisode de pollution, il convient de respecter scrupuleusement les recommandations sanitaires et comportementales en vigueur.  Assez stables ces derniers jours, oscillant entre 30 et 60 µg/m3, les taux de particules ont rapidement progressé jeudi 19 mars, pour atteindre ou approcher le seuil d’alerte (80 µg/m3) dans certaines zones. La hausse touche quasiment toute la région, à l’exception des vallées alpines les plus encaissées. 

Les particules sont désormais en grande partie « secondaires », c’est-à-dire résultant de réactions entre différents polluants atmosphériques gazeux, du fait de conditions météorologiques propices à ces phénomènes (fraîcheur et humidité matinale, douceur en journée). Il s’agit principalement de nitrate et de sulfate d’ammonium. Le nitrate d’ammonium est formé à partir d’oxydes d’azote (le trafic routier en est l’émetteur majoritaire) et d’ammoniac (principalement d’origine agricole). Les sulfates proviennent plutôt d’activités industrielles. Entre le 18 mars et le 19 mars, les concentrations de nitrates et d’ammonium mesurées sont 5 à 10 fois supérieures à celles de la veille.Cet épisode promet encore de persister quelques jours si la météorologie ne se modifie pas .