Tous les articles par Jacqueline Collard

Traitement des micropolluants dans les stations d’épuration ? (STEP)

Les STEP peuvent-elles traiter les micropolluants ?

Si les stations d’épuration actuelles, fonctionnant sur le principe des boues activées (des bactéries dégradent la matière organique, ce qui aboutit à la formation de boues) sont efficaces pour traiter les matières en suspension, le carbone, l’azote, le phosphore, elles le sont nettement moins pour répondre à la problématique des micropolluants.
Le projet AMPERES a ainsi évalué à moins de 30% l’élimination des pesticides polaires (glyphosate, AMPA, diuron) et de quelques produits pharmaceutiques.
La Directive Cadre sur l’Eau européenne a redéfini les critères de qualité des cours d’eau pour plusieurs substances. « On n’est plus au niveau de paramètres globaux comme la DBO ( demande biochimique en oxygène),  les matières en suspension ou l’azote total, mais on est au niveau des molécules elles-mêmes, à des concentrations assez faibles, du ng/L au µg/L ».

S’il existe des solutions techniques pour améliorer l’élimination des différentes familles de micropolluants, comme l’a étudié le projet ARMISTIQ, cela se répercutera sur la facture des consommateurs et ne fait que déplacer la problématique.

En effet, en plus de la toxicité des micropolluants non éliminés qui se pose notamment pour les métaux lourds résistants à tous les traitements envisagés, qu’en sera-t-il de la toxicité des sous-produits générés par ces nouveaux procédés ? C’est la raison pour laquelle il faut s’orienter vers la réduction de la pollution à la source.

Le site pilote de Bellecombe, dans les Alpes, a été choisi pour caractériser d’une part les effluents hospitaliers et leurs impacts en station d’épuration urbaine (projet IRMISE Arve aval , concernant l’aval du bassin versant de l’Arve et la nappe du genevois), et d’autre part les risques liés aux rejets de médicaments, biocides et détergents ainsi que les leviers d’action (projet RILACT).

Le CESE demande des engagements plus forts

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) se mobilise en faveur du climat et veut contribuer activement à la préparation de la conférence internationale qui se tiendra à Paris fin novembre. La « troisième assemblée de France », avec le Sénat et l’Assemblée nationale, composée de représentants de la société civile, doit adopter les 28 et 29 avril deux avis sur la question : le premier sur le bilan et les perspectives de vingt années de politique climatique en France, et le second plus centré sur la COP 21 et les enjeux internationaux.

Les conseillers du CESE veulent encourager le gouvernement à associer davantage la société civile aux choix politiques. Il n’y a plus matière à polémiquer sur la réalité du réchauffement climatique et la responsabilité humaine, estiment les auteurs de l’avis sur le bilan de la politique française, mais il faut accélérer la mobilisation sur le terrain.

Alternatiba Grenoble

L’avis proposé au vote de l’assemblée plénière du CESE, mercredi 28 avril, critique le bilan de l’action gouvernementale. Pour Gaël Virlouvet de la FNE, « les blocages sont multiples, venant de secteurs divers, mais la puissance publique doit être plus engagée dans cette lutte contre le réchauffement climatique ».

Mais tout nouvel effort de la France dans la lutte contre le réchauffement ne vaut que dans un cadre international, que le CESE a analysé dans un deuxième avis, soumis aussi au vote de l’assemblée plénière. Reconnaissant l’impact des mobilisations citoyennes de par le monde, les auteurs du texte, « Réussir la conférence climatique Paris 2015 », préconisent ainsi d’encourager « toutes les formes de dialogue au plus près du terrain ».

Pour cette négociation internationale, le CESE fait aussi des préconisations. Il se dit favorable à toutes « les mesures d’incitation fiscale permettant de renchérir le coût des énergies fossiles ». Et critique la « lenteur » avec laquelle les engagements internationaux se concrétisent. Le CESE s’interroge ainsi sur « l’importance, dans le secteur aérien, des exonérations fiscales dont bénéficie le kérosène au sein de l’Union européenne, et aussi en France ».

La conférence de Paris doit être le moment où les chefs d’Etat et de gouvernement prendront « leur responsabilité pour apporter une réponse adaptée à l’urgence climatique », devrait déclarer dans une quasi-unanimité, mercredi, le CESE.

Nouvelle étude sur l’effet cancérigène des radiofréquences

L’étude de Lerchl et al, faisant suite à l’étude pilote de Tillmann en 2010, vient conforter la relation entre l’exposition aux radiofréquences sur l’ensemble de la vie (y compris in utéro), et la promotion de tumeur.
Cette étude va plus loin que la précédente puisqu’elle s’intéresse à la notion de dose-réponse en testant 3 expositions différentes: 0,04 W/kg, 0,4 W/kg, 2W/kg. Rappelons que les normes réglementaires actuelles, établies en fonction de l’effet thermique (élévation de la température des tissus) est de 0,08W/kg pour une exposition corps entier, et de 2W/kg pour exposition locale telle que celle générée par un téléphone portable. L’ensemble de ces valeurs réglementaires est par ailleurs multiplié par 5 pour les expositions professionnelles.

th-8Les résultats de l’étude conduisent à une double conclusion.

D’une part, elle conforte les résultats de celle de Tillmann : le nombre de tumeurs est significativement augmenté chez les animaux exposés aux ondes électromagnétiques par rapport au groupe témoin, que ce soit au niveau pulmonaire ou hépatique.

D’autre part, elle plaide pour une relation non linéaire entre un niveau d’exposition et les effets engendrés tout en rappelant que le mécanisme en jeu n’est pas lié à l’effet thermique, pourtant à la base des lignes directrices de sécurité, puisque les niveaux testés sont supposés être en deçà.

Les auteurs s’inquiètent du fait que « les deux études trouvent fondamentalement les mêmes effets tumorigènes à des niveaux inférieurs aux limites d’exposition tolérées pour les humains (et légales dans la plupart des pays) ».

http://www.priartem.fr/IMG/pdf/Annexe_1_-_Analyse_etude_Lerchl_2015.pdf

Etude belge sur l’eau de Javel

Si la Javel tue les microbes, elle augmente les risques d’infections respiratoires chez les enfants.

Le Service Fédéral de Santé Belge a mené une étude sur 9102 enfants de 6 à 12 ans établissant un lien entre l’utilisation hebdomadaire d’eau de Javel pour les tâches ménagères, et la fréquence d’apparition d’infections comme la grippe, la sinusite, la bronchite, l’otite et des infections pulmonaires.. Les résultats, publiés dans « Occupationnal & Environmental Medicine », montrent que contrairement aux idées reçues selon lesquelles il faudrait éradiquer tous microbes de nos maisons pour protéger nos santés, les enfants dont les parents ont régulièrement utilisé ce désinfectant au cours de l’année précédente (sur laquelle portait le questionnaire) ont été plus sujets aux infections étudiées. Après avoir pris en compte des facteurs tels que le tabagisme passif, l’éducation parentale ou la moisissure des ménages, il reste que l’exposition fréquente à l’eau de Javel est associée à une augmentation de 20% du risque de contracter la grippe par exemple.

Deux hypothèses explicatives sont avancées par les chercheurs.

La première est que les composés irritants générés par l’eau de Javel endommageraient les parois des voies respiratoires, les rendant plus vulnérables aux microbes.

La deuxième est que l’eau de javel bloquerait les défenses immunitaires de l’organisme, ce qui n’a pas été vérifié chez l’être humain à ce jour.

Rappelons qu’en France ce sont 245 millions de litres d’eau de Javel qui sont vendus chaque année, soit trois fois le volume de produit vaisselle utilisé, ce qui nous place au 2ème rang des pays les plus consommateurs d’Europe.

Rappelons également qu’il existe des alternatives pour un ménage à la fois écologique, économique et inoffensif pour la santé tels que le vinaigre blanc et le bicarbonate de sodium.

http://oem.bmj.com

Nouvelle étude sur les pesticides néonicotinoides

La revue Nature a publié, ce  jeudi 23 avril, deux nouvelles études qui assombrissent encore le bilan de ces pesticides introduits sur le marché au milieu des années 1990. Sont montrés du doigt les néonicotinoïdes, ces insecticides suspectés d’être un élément déterminant dans le déclin récent des abeilles domestiques, des insectes pollinisateurs et des oiseaux.

L’Agence de protection de l’environnement (EPA) américaine prévient qu’elle ne délivrera plus d’autorisation de mise sur le marché de nouveaux produits contenant des molécules de la famille visée (imidaclopride, thiaméthoxame, etc.). Celles-ci sont suspectées d’être les éléments déterminants du déclin des abeilles domestiques et des insectes pollinisateurs et, vraisemblablement, d’une variété d’autres organismes (oiseaux, organismes aquatiques…).

De l’autre côté de l’Atlantique, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a mené en 2013 une telle évaluation, qui a conduit à la mise en place d’un moratoire partiel de deux ans sur les principaux néonicotinoïdes, touchant le territoire des Vingt-Huit. En France, l’un des premiers pays à avoir restreint leur usage, un amendement au projet de loi sur la biodiversité, visant à les interdire définitivement du territoire national, a été adopté le 19 mars.

La décision américaine,pour l’instant est très en retrait par rapport à celle de la Commission européenne, est confortée par une étude publiée dans la dernière édition de la revue Environmental Science & Technology.  Dans sa lettre, l’EPA précise ainsi qu’elle attend des firmes agrochimiques des données sur les effets de leurs produits sur les pollinisateurs. A partir de ces données, l’agence ajoute qu’elle conduira – mais plus vingt ans après leur mise sur le marché – une évaluation du risque présenté par ces substances avant de forger son opinion à leur sujet.