Tous les articles par Jacqueline Collard

Le CESE pointe l’artificialisation des sols péri-urbains

Le Conseil économique et social( CESE) dans son avis, présenté le 13 mai ouvre plusieurs pistes d’action pour tenir compte des services rendus à la société par les sols agricoles : que ce soit pour la sécurité alimentaire comme pour la biodiversité entre autres.

« L’avis vise d’abord à une prise de conscience de l’ensemble de la société sur la valeur et l’importance des terres agricoles, résume Cécile Claveirole, co-rapporteuse du texte. Il s’agit d’une problématique et d’un enjeu de société. Les sols sont une ressource “consommée” de manière complètement abusive, comme si elle était inépuisable, et ce sont les meilleures terres, les plus fertiles, qui disparaissent en premier »

La première menace identifiée par le CESE est celle de l’artificialisation de ces terrains. Selon les données réunies par le Conseil, entre 2000 et 2012, 40 000 à 90 000 hectares de terres arables ont disparu chaque année en France sous les nouvelles infrastructures et l’étalement urbain. 

Pour contrer cette tendance, le Conseil préconise de mettre en place une fiscalité favorable à la réhabilitation de logements anciens ou à la réexploitation de zones commerciales obsolètes. Aujourd’hui, au contraire, les dispositifs fiscaux en vigueur encouragent plutôt l’étalement urbain. En particulier, les plus-values réalisées lors de la vente de terrains agricoles rendus constructibles ne sont que faiblement taxées (5 % à 10 % selon les cas). Un relèvement de cette fiscalité serait d’autant plus justifié, note le CESE, que « le prix d’un terrain constructible de moins d’un hectare s’élève en moyenne à 64 fois celui de l’hectare agricole. Outre la préservation du foncier agricole, l’autre grand axe de travail du CESE a été l’exploration des moyens de préserver la qualité biologique des sols par de nouvelles pratiques. Nous préconisons d’accroître le soutien aux agriculteurs qui s’engagent, plutôt que pénaliser les pratiques existantes ».

Le Conseil recommande ainsi en premier lieu d’intensifier la recherche en agroécologie, ainsi que l’on nomme les pratiques visant à tirer parti du capital naturel des écosystèmes (gestion de l’eau, reboisement, lutte contre l’érosion ou utilisation de la biodiversité), plutôt qu’avoir un recours massif à des intrants (engrais, pesticides, etc.) qui en altèrent le capital et les fonctions biologiques.

 

 

Bilan de 15 ans d’énergie éolienne

Avec le deuxième gisement européen, la France n’occupe en effet que la cinquième place derrière l’Allemagne (33700 MW), l’Espagne (23000 MW), le Royaume-Uni (10500 MW) et l’Italie (8600 MW) (chiffres fin 2013).

En une quinzaine d’années de développement, l’éolien est néanmoins devenu une composante effective de notre mix énergétique représentant 4 % de la consommation électrique moyenne nationale. Le taux d’implantation variant énormément d’une région à une autre. Quand les Français ont dorénavant une image positive de l’éolien, y compris les riverains de fermes éoliennes (71 % d’entre eux les considèrent bien implantées dans le paysage et « seuls » 7 % se disent gênés par leur bruit), il n’en va pas de même au niveau politique.

Le dernier exemple en date en est fourni par le Sénat, lequel tente d’imposer une distance minimale de 1000 m entre toute nouvelle éolienne et les habitations les plus proches (500 m actuellement). La mise en œuvre d’une telle disposition conduirait à bloquer la quasi-totalité des projets dans les régions où l’habitat est dispersé, comme le grand ouest où le déficit de production électrique est pourtant connu.

Pourtant, en ces temps économique et environnemental mouvementés, l’éolien présente de sérieux atouts. Il représente un bénéfice de 600 millions d’euros pour la balance commerciale énergétique de la France. Les 9500 MW actuels concourent à hauteur de 70 millions d’euros aux budgets des collectivités locales de leurs lieux d’implantations, tandis que le milliard d’euros d’investissements annuel, depuis 10 ans, contribue à la croissance nationale. Socialement, même si le secteur voit sa croissance fortement réduite depuis 2011, il représente depuis 2013 quelque 10 500 emplois et environ 800 entreprises.

Dans un cadre de hausse des prix de l’énergie, le kWh éolien est moins cher que les kWh nucléaire, gaz ou charbon (avec stockage de CO2), selon l’agence internationale des énergies renouvelables (IRENA). Enfin, d’un point de vue environnemental, outre des impacts sur l’environnement très réduits, l’éolien n’émet aucun rejet de polluants atmosphériques et fait l’économie de 8 millions de tonnes de CO2 annuelles, soit l’équivalent de la circulation de près de 5 millions de véhicules. Espérons que la prise en compte du dérèglement climatique permettra d’améliorer notablement ces énergies renouvelables qui doivent faire parties du mix énergétique à leur juste place.

Limiter le réchauffement planétaire à 2° : « réaliste et économiquement bénéfique »

L’Agence Internationale de l’Energie (IAE) estime « réaliste et économiquement bénéfique » le scénario du Groupement International d’Experts sur le Climat (GIEC) limitant le réchauffement planétaire à 2°C (plus bas seuil encore accessible), par rapport à celui des 6°C que l’on observera si notre modèle actuel persiste.

Atteindre les 2°C nécessite de réduire nos émissions actuelles de gaz carbonique (tous secteurs confondus) de 75% en 2050 par rapport à 2010. Or pendant ce temps, la population mondiale devrait croître d’un tiers, les surfaces destinées au tertiaire augmenter de 60%, et la consommation d’électricité s’accroitre de 75% pour ne citer que ces exemples. Néanmoins, la seule dépense en énergies fossiles dans le scénario des 6°C représenterait le triple de celle qui devra être investie pour assurer la transition vers un système énergétique sobre : soit environ  40 000 milliards USD contre 318 000 milliards.

Pour les auteurs du rapport : « Nous disposons des instruments et des mécanismes nécessaires pour introduire des changements et des innovations profondes conduisant à un futur énergétique abordable, sûr et durable. » La majeure partie de la solution provient de l’efficacité énergétique (28%), suivie par le recours aux renouvelables (30%). Suivent la capture et le stockage du carbone (13%), le changement d’énergie dans les usages (10 % – par exemple électricité, hydrogène, biogaz ou biocarburant dans les transports). Le tout devrait permettre de passer de l’émission de 55 milliards de tonnes de CO2 en 2050 dans le scénario 6°C, à environ 15 milliards de tonnes dans le scénario 2DS.

Les auteurs signalent toutefois que : «  Les tendances récentes mettent en évidence la nécessité d’accélérer l’innovation en matière de technologies énergétiques, ce qui exigera notamment un soutien politique et une nouvelle organisation des marchés. » Une autre étude, datant de septembre 2014, estime que pour éviter un réchauffement supérieur à 2°C, le taux de décarbonisation des économies devrait être plus de cinq fois supérieur au taux actuel.

Plus d’informations sur :

Energy Technology Perspectives 2015 – Mobilising Innovation to Accelerate Climate Action

Global economies must lower carbon emissions at five times the levels currently achieved

Gestion de l’eau à l’heure du changement climatique

Avec le changement climatique les scientifiques prévoient l’augmentation des événements climatiques extrêmes, tant en intensité qu’en fréquence, rendant la question de la gestion des eaux sensible. En effet, si nous devons faire face à de longues périodes de sécheresse, nous serons aussi confrontés à des violents orages, et avec eux leur cortège de défis (inondations, contamination du milieu par déversement des eaux de pluies chargées en métaux lourds, carburants et autres pollutions, …).

Certaines communes particulièrement vulnérables aux inondations, comme Bordeaux, ont d’ores et déjà pris le parti de lutter via un système de gestion intelligente des eaux de pluie. Ces dispositifs technologiques couplent l’anticipation, grâce aux données météorologiques, métrologiques, hydrauliques ou encore hydrologiques, avec la gestion dynamique, qui optimise toutes les infrastructures de recueil et traitement des eaux redirigées. Néanmoins, ces systèmes permettant de gérer les fortes pluies coûtent cher sans s’attaquer aux racines du problème.

Car si le changement climatique accentue les effets, une cause profonde des risques sanitaires liés à l’eau, qu’il s’agisse de pénurie ou de gestion des excédents, réside dans l’imperméabilisation des sols qui a avancé ces dernières décennies au rythme de l’urbanisation. C’est pourquoi le plan d’adaptation au changement climatique du bassin Rhône-Méditerranée a retenu la désimperméabilisation les sols comme un axe majeur de travail. En effet, valables en ville (toiture végétalisée, création de bandes enherbées), comme en zone rurale (restauration de zones humides, …), les projets d’infiltration des eaux permettent à la fois de laisser les nappes se recharger et de protéger des crues les communes en aval. La métropole de Lyon préserve ainsi les terres agricoles et naturelles en limitant l’extension péri-urbaine et l’artificialisation des sols, dans une logique d’infiltration des eaux.

Le changement climatique a commencé : les territoires font démarrer leurs actions d’adaptation pour l’eau

 

 

Incendie à Tchernobyl, causes et conséquences sanitaires.

Une étude publiée dans Oecologia montre que «les arbres morts, les plantes et les feuilles sur le site contaminé (de la forêt de Tchernobyl) ne se décomposent pas à la même vitesse » que les plantes poussant ailleurs dans le monde. En effet les radiations ionisantes ne se contentent pas de vider les pins de leur chlorophylle pour valoir à la forêt son surnom de « forêt rouge », ou encore d’engendrer des malformations macroscopiques chez la faune peuplant les lieux. C’est tout l’écosystème qui est perturbé, jusqu’aux champignons et microbes impliqués le processus naturel de pourrissement de la matière. Les chercheurs ont en effet montré que les feuilles de la zone contaminée se décomposaient beaucoup plus lentement qu’ailleurs : en un an, elles gardent 60% de leur poids tandis que des feuilles témoins perdent jusqu’à 90% de leur poids de départ.

Cette matière sèche favorise alors l’apparition et la propagation de feux de forêt. On recense ainsi depuis la catastrophe d’avril 1986 pas moins d’un millier d’incendies dans la forêt rouge, de taille plus ou moins importante. Par ailleurs, l’évolution des conditions météorologiques, liée au changement climatique, pourrait encore accentuer cette tendance.

Or aux alentours de Tchernobyl, l’enjeu sanitaire des fumées ne se limite pas aux polluants classiques des feux de forêts, comme les dioxines, déjà nocifs pour la santé, mais s’y ajoute la problématique des particules de césium 137 remises en suspension pour être dispersées au gré des vents. L’Institut de radioprotection (IRSN) a relevé un triplement du niveau de radiation sur le sol français suite aux incendies spectaculaires de 2002, 2008 et 2010 pour atteindre 1,5microbéquerel par mètre cube d’air. Pour P. Renaud de l’IRSN, ce niveau reste faible et ne devrait pas entraîner d’impact sanitaire. Ces propos sont à nuancer puisque s’il est admis qu’il faut un seuil plus élevé pour voir apparaître les premières lésions tissulaires, le risque cancérigène est en revanche communément considéré « sans seuil » dans la littérature scientifique. Toute augmentation du niveau de radioactivité augmente donc la probabilité d’apparition de cancer dans la population exposée.

Highly reduced mass loss rates and increased litter layer in radioactively contaminated areas

Fire evolution in the radioactive forests of Ukraine and Belarus: future risks for the population and the environment