Tous les articles par Jacqueline Collard

L’OMS tire la sonnette d’alarme pour la pollution de l’air

Selon une nouvelle étude  de l’OMS le coût de la pollution atmosphérique devient exorbitant: chaque année c’est 1400 milliards que coutent aux économies européennes les quelques 600 000 décès prématurés et pathologies engendrés par la pollution de l’air.

La Commission européenne a demandé par ailleurs à la France de respecter la législation de l’UE exigeant que les États membres limitent l’exposition de leurs citoyens aux particules fines.

La France vient encore d’être épinglée par un nouvel avertissement de la commission européenne la sommant  d’un renvoi en justice si elle  ne prend pas « dans un délai de deux mois » des « mesures ambitieuses, rapides et efficaces » pour limiter la pollution aux particules fines dans dix agglomérations, dont Paris, Marseille, Lyon, Grenoble et la vallée de l’Arve .

Ce rappel à l’ordre n’est pas le premier. En 2011, la Commission avait déjà tiré la sonnette d’alarme menaçant la France d’une amende pouvant théoriquement aller de 10 à 30 millions d’euros. Une réaction doit être constatée « dans un délai de deux mois », a spécifié Bruxelles. La France, en cas de non-suivi de cet « avis motivé », devra répondre  à nouveau  devant la Cour de justice de l’Union européenne, même si notre région a connu en 2014 une accalmie essentiellement due  à une météorologie plus favorable . L’exécutif européen estime en effet que le pays « n’a pas adopté les mesures qui auraient dû être appliquées depuis 2005 pour protéger la santé de ses citoyens ».

« L’impact sanitaire de la pollution pèse aussi sur les budgets des administrations publiques, des hôpitaux et des ménages », soulignent les auteurs de l’étude, tout en rappelant que les conséquences délétères de ce fléau ne se limitent pas à la santé mais ont aussi un impact sur la productivité agricole et l’environnement.

http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0004/276772/Economic-cost-health-impact-air-pollution-en.pdf?ua=1

« Réussir la conférence climat » demande expresse du CESE

En vue de la 21e conférence des parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) présente deux avis.

Le premier vise à « Réussir la conférence climat« .

Quant au second, il dresse un bilan des actions menées par les politiques publiques en France depuis 20 ans. Mais le Cese se tourne également vers le futur, puisqu’il formule plusieurs recommandations.

Assurer l’interministérialité de la politique « climat »

Afin de porter la politique climatique française, le Cese estime qu’il faut la rendre plus lisible. Actuellement, cette compétence « climat » relève du ministère de l’Ecologie. Or, les auteurs du projet relèvent que cette politique a une vocation interministérielle « très forte« . Dès lors, ils préconisent la création d’un pouvoir interministériel capable de gouverner la politique climatique. Il faudrait, ajoutent-ils, « conforter institutionnellement la dimension interministérielle de [cette] politique« .

A nous de jouer SERADeux hypothèses sont envisageables, explique Gaël Virlouvet, rapporteur de l’avis « Bilan et perspectives des politiques publiques » et président d’Ille-et-Vilaine Nature Environnement. La première consiste à donner la compétence au ministre chargé de l’écologie, qui aurait donc autorité sur les autres ministères. Quant à la seconde, il s’agit de donner compétence au Premier ministre. Une dernière solution d’ailleurs privilégiée par les auteurs du projet. Ces derniers estimant que la responsabilité interministérielle « incombe prioritairement au Premier ministre« . L’avis recommande, pour finir, une présentation annuelle de la politique climatique française, devant le Parlement.

Créer une instance unique chargée de suivre la politique climatique

Le Cese estime qu’une politique climatique ne peut être efficace sans être suivie. Pour cela, il préconise la création d’une « instance unique » chargée de suivre cette politique. Un « Conseil national du climat« , ou bien encore une « mission formalisée du Conseil national de la transition écologique » sont des idées avancées par les auteurs du projet. Le Conseil recommande notamment l’examen, par cette instance, du rapport sur les mécanismes de surveillance. Conformément à la décision du Parlement européen et du Conseil du 11 février 2004, la France doit rendre compte à l’Union européenne (UE) des mesures prises en matière de lutte contre le changement climatique. Intégrées au rapport, ces mesures seraient donc contrôlées par l’instance unique.

Responsabiliser davantage les collectivités

Dans l’objectif de lutte contre le changement climatique, le Cese juge la participation de tous indispensable. Pour rendre effective cette participation, le Conseil préconise une meilleure articulation des politiques nationales, d’une part, et territoriales, d’autre part. Cela passerait par une clarification des objectifs donnés aux collectivités.

A cette occasion, les auteurs de l’avis relèvent que dans le cadre du projet de loi de transition énergétique, il est laissé une « trop large latitude sur les objectifs à atteindre pour chaque territoire« . Par conséquent, ils recommandent une « responsabilité croissante des territoires, dans les émissions de gaz à effet de serre (GES)« . Le Conseil préconise que le bilan de GES des collectivités de plus de 50.000 habitants soit accompagné de « la fixation d’objectifs de réduction« , définis dans le schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE). Le Cese demande à ce qu’un large dispositif de « contrats d’objectifs pour les collectivités pionnières » soit mis en place.

Parallèlement, il regrette que les collectivités qui ne sont pas des intercommunalités aient comme seule obligation la publication d’un bilan de GES, comme le prévoit le projet de loi de transition énergétique. « Cela constitue un recul pour bon nombre de collectivités qui s’étaient engagées dans des actions de réduction des émissions« , conclut les auteurs du projet d’avis.

Consommer bio et local coûte moins cher que le non bio d’hypermarché

L’association des « Paniers Marseillais », réseau de distribution de panier de fruits et légumes biologiques issus de circuits courts, solidaires et sans intermédiaire (type AMAP), a publié une étude comparative entre ses prix et ceux, de grandes enseignes de bio, de produits bio mais aussi issus de l’agriculture conventionnelle dans la grande distribution « classique ».

Si les produits issus de l’AMAP reviennent sans surprise moins chers que leurs homologues en magasin bio (2 fois moins cher en moyenne), ils sont également meilleur marché que les produits bio de grande distribution (1,3 fois moins chers). Plus « surprenant », pour reprendre les termes des auteurs du rapport, l’AMAP bio vend ses produits moins chers que les légumes et fruits issus de l’agriculture conventionnelle et proposés dans la grande distribution dite « classique ». Et ce, même en prenant systématiquement les prix les plus bas proposés sur l’étal de la grande surface, comme par exemple des haricots venus du Maroc, moins chers que ceux cultivés en Provence. Les bénéficiaires du « panier marseillais » réaliseraient ainsi 217 euros d’économie sur une année par rapport à des fruits et légumes non bio achetés en hypermarché.

Pour la Députée européenne d’Europe Ecologie Les Verts Michèle Rivasi, cela prouve que : « contrairement aux idées reçues, le bio n’est donc pas réservé aux « bobos » et aux personnes de catégories sociales supérieures pouvant se permettre de « payer le prix »».

Étude comparative du prix des fruits et légumes biologiques en Circuit Court Solidaire Sans Intermédiaire (CCSSI ) et en grande distribution

Traitement des micropolluants dans les stations d’épuration ? (STEP)

Les STEP peuvent-elles traiter les micropolluants ?

Si les stations d’épuration actuelles, fonctionnant sur le principe des boues activées (des bactéries dégradent la matière organique, ce qui aboutit à la formation de boues) sont efficaces pour traiter les matières en suspension, le carbone, l’azote, le phosphore, elles le sont nettement moins pour répondre à la problématique des micropolluants.
Le projet AMPERES a ainsi évalué à moins de 30% l’élimination des pesticides polaires (glyphosate, AMPA, diuron) et de quelques produits pharmaceutiques.
La Directive Cadre sur l’Eau européenne a redéfini les critères de qualité des cours d’eau pour plusieurs substances. « On n’est plus au niveau de paramètres globaux comme la DBO ( demande biochimique en oxygène),  les matières en suspension ou l’azote total, mais on est au niveau des molécules elles-mêmes, à des concentrations assez faibles, du ng/L au µg/L ».

S’il existe des solutions techniques pour améliorer l’élimination des différentes familles de micropolluants, comme l’a étudié le projet ARMISTIQ, cela se répercutera sur la facture des consommateurs et ne fait que déplacer la problématique.

En effet, en plus de la toxicité des micropolluants non éliminés qui se pose notamment pour les métaux lourds résistants à tous les traitements envisagés, qu’en sera-t-il de la toxicité des sous-produits générés par ces nouveaux procédés ? C’est la raison pour laquelle il faut s’orienter vers la réduction de la pollution à la source.

Le site pilote de Bellecombe, dans les Alpes, a été choisi pour caractériser d’une part les effluents hospitaliers et leurs impacts en station d’épuration urbaine (projet IRMISE Arve aval , concernant l’aval du bassin versant de l’Arve et la nappe du genevois), et d’autre part les risques liés aux rejets de médicaments, biocides et détergents ainsi que les leviers d’action (projet RILACT).

Le CESE demande des engagements plus forts

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) se mobilise en faveur du climat et veut contribuer activement à la préparation de la conférence internationale qui se tiendra à Paris fin novembre. La « troisième assemblée de France », avec le Sénat et l’Assemblée nationale, composée de représentants de la société civile, doit adopter les 28 et 29 avril deux avis sur la question : le premier sur le bilan et les perspectives de vingt années de politique climatique en France, et le second plus centré sur la COP 21 et les enjeux internationaux.

Les conseillers du CESE veulent encourager le gouvernement à associer davantage la société civile aux choix politiques. Il n’y a plus matière à polémiquer sur la réalité du réchauffement climatique et la responsabilité humaine, estiment les auteurs de l’avis sur le bilan de la politique française, mais il faut accélérer la mobilisation sur le terrain.

Alternatiba Grenoble

L’avis proposé au vote de l’assemblée plénière du CESE, mercredi 28 avril, critique le bilan de l’action gouvernementale. Pour Gaël Virlouvet de la FNE, « les blocages sont multiples, venant de secteurs divers, mais la puissance publique doit être plus engagée dans cette lutte contre le réchauffement climatique ».

Mais tout nouvel effort de la France dans la lutte contre le réchauffement ne vaut que dans un cadre international, que le CESE a analysé dans un deuxième avis, soumis aussi au vote de l’assemblée plénière. Reconnaissant l’impact des mobilisations citoyennes de par le monde, les auteurs du texte, « Réussir la conférence climatique Paris 2015 », préconisent ainsi d’encourager « toutes les formes de dialogue au plus près du terrain ».

Pour cette négociation internationale, le CESE fait aussi des préconisations. Il se dit favorable à toutes « les mesures d’incitation fiscale permettant de renchérir le coût des énergies fossiles ». Et critique la « lenteur » avec laquelle les engagements internationaux se concrétisent. Le CESE s’interroge ainsi sur « l’importance, dans le secteur aérien, des exonérations fiscales dont bénéficie le kérosène au sein de l’Union européenne, et aussi en France ».

La conférence de Paris doit être le moment où les chefs d’Etat et de gouvernement prendront « leur responsabilité pour apporter une réponse adaptée à l’urgence climatique », devrait déclarer dans une quasi-unanimité, mercredi, le CESE.