Tous les articles par Jacqueline Collard

Déchets ménagers : 2% des gaz à effets de serre français

La Caisse des dépôts climat recherche (CDC), en partenariat avec Éco-Emballage, vient de publier une étude présentant un levier de réduction d’émission des gaz à effets de serre (GES) en la gestion des déchets ménagers. À quelques mois de la COP21, dans un contexte politique français qui se veut pionnier sur les questions de lutte contre le changement climatique, cette étude rappelle que l’hexagone pourrait éviter à 2 millions de tonnes de GES de rejoindre l’atmosphère chaque année en recyclant l’ensemble de ses 3 millions de déchets ménagers annuels. Avec 2,6% des émissions de GES nationales, le chiffre français est à peine supérieur à la part représentée par le secteur au niveau mondial puisque les estimations du GIEC l’estime à l’origine de 2% des émissions de GES mondiales.

Pour réduire les émissions liées aux déchets ménagers, l’étude propose différentes pistes d’actions. Loin de se borner au recyclage des déchets, le rapport analyse l’ensemble du cycle de vie des matériaux, et promeut en premier lieu la réduction à la source des volumes de « matière vierge » (ou non recyclée) afin « d’éviter des émissions de GES liées à l’extraction, à la transformation, au transport et au traitement en fin de vie des matériaux. »  En effet, V. Dépoue et C. Bordier, auteurs de l’étude, rapellent que « Les déchets ne sont que le stade ultime de la vie des produits, dont on ne peut appréhender l’impact global qu’en adoptant une perspective de cycle de vie », qui s’inscrit dans la lignée du concept d’économie circulaire. Pour l’ADEME,  ce dernier se caractérise comme un système d’échange et de production qui « vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à en diminuer les impacts (à tous les stades du cycle de vie des produits). » Éco-Emballages insiste sur le fait que le défi concerne non seulement les industriels, mais aussi les collectivités, les centres de tri, les recycleurs et plus largement tous les consommateurs.

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LE RECYCLAGE DES DECHETS ET LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : CAS D’ETUDE DES EMBALLAGES MENAGERS

La lumière des écrans impacte notre cerveau

La découverte de nouveaux photorécepteurs dans la rétine, appelés « cellules ganglionnaires à mélanopsine », et l’étude de leurs impacts sur le cerveau humain avaient permis aux chercheurs d’identifier une fonction non visuelle de la lumière en 2002. Restait à savoir quel rôle tenait la mélanopsine chez l’être humain. C’est le but de l’étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences par des chercheurs de l’INSERM.

16 participants ont été soumis à un test de mémorisation auditive tout en étant exposés à différents types de lumières tests: verte, orange ou bleue, le tout sous surveillance par IRM. L’impact de la lumière sur les régions cérébrales activées par l’exercice cognitif s’est révélé fonction du type de lumière visualisé plus d’une heure auparavant. Si l’exposition préalable à la lumière orange favorise les fonctions cognitives et donne les meilleurs résultats en terme de mémorisation, ce que les chercheurs expliquent par la stimulation de la mélanopsine par cette gamme de lumière, les lumières bleues produisent l’effet inverse. Par ailleurs, les imageries par IRM ont permis d’identifier les zones activées par la lumière orange dans le cortex cérébral. Il s’agit des régions impliquées dans la régulation de l’éveil et des processus cognitifs complexes.

Ainsi, une mauvaise « hygiène de vie » en terme d’exposition à la lumière est susceptible d’entraîner à la fois des difficultés de réalisation de processus cognitifs, mais également de perturber les rythmes biologiques tels que le rythme circadien. C. Gronfier, chronobiologiste à l’INSERM de Bron dans le département cellule souche et cerveau, conseille donc de veiller à son exposition lumineuse une heure avant le coucher, à la fois quantitativement, en diminuant l’intensité lumineuse, mais aussi qualitativement, en privilégiant les lumières orangées (type halogènes) et en excluant les lumières bleues (type LED comme celles des écrans d’ordinateur, de télévision ou de téléphone portable).

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Photic memory for executive brain responses

La pollution de l’air nous coûte plus 100 milliards par an

La commission d’enquête sénatoriale a publié aujourd’hui un rapport estimant que la mauvaise qualité de l’air en France coûte 101,3 milliards d’euros chaque année, et ce, sans considérer les amendes que représentent les dépassements des seuils fixés au niveau européen.

Pour arriver à ce chiffre, l’évaluation prend en compte à la fois les dommages sanitaires liés à la pollution atmosphérique (cancer du poumons, infarctus, asthme, …), en terme de coûts directs (hospitalisation, médicaments, …) et indirects (arrêt de travail, …), mais aussi de ses conséquences sur l’agriculture (baisse des rendements avec l’ozone), les écosystèmes ou même les bâtiments. Si le coût sanitaire arrive en tête, avec 68 à 97 milliards d’euros (dont 3 milliards pour l’impact sur la Sécurité sociale), il reste très sous-estimé comme l’explique la sénatrice d’ EELV L. Aïchi, instigatrice et rapporteure de la commission. En effet, les chiffres sont basés des « études (qui) reposent sur un nombre très restreint de polluants. Les effets cocktail ne sont nullement pris en compte. Et le coût sanitaire de la pollution de l’air intérieur n’est quasiment jamais intégré. ». Cela représente pourtant déjà 42 000 à 45 000 décès prématurés par an en France pour les seules particules fines et ozone… Les autres aspects sont encore moins documentés et donc d’autant plus sous-estimé, mais l’INRA estime à 10% la baisse de rendement du blé en région parisienne en lien avec la pollution à l’ozone par exemple.

Le rapport « Pollution de l’air, le coût de l’inaction » conclue que « la pollution n’est pas qu’une aberration sanitaire, c’est aussi une aberration économique », avant de proposer une soixantaine de recommandations pour améliorer la qualité de l’air. Parmi ces dernières, on ne peut que saluer la nouvelle mise en cause du diesel, principale source d’émission de particules qui bénéficie pourtant toujours d’une fiscalité avantageuse…grâce à laquelle la France détient le triste record du parc automobile le plus diéselisé au monde.

Plus d’informations sur :  www.senat.fr

70 ans d’études toxicologiques caduques ?

L’équipe du chercheur Séralini, soutenue par le CRIIGEN (comité de recherches et d’informations indépendantes sur le génie génétique), révèle que la nourriture des animaux de laboratoire est contaminée par des dizaines de substances chimiques toxiques, au rang desquels perturbateurs endocriniens, pesticides et OGM se côtoient. Cette faille dans la méthodologie des tests toxicologiques et pharmacologiques menés en amont de la mise sur le marché des substances chimiques minimise les risques sanitaires, rendant les résultats de 70 années d’études réglementaires « lourdement sujet à caution ». La conséquence directe est que d’innombrables molécules chimiques potentiellement dangereuses pour la santé publique ont été autorisées par les agences sanitaires. Pour mémoire, on compte actuellement 250 000 molécules chimiques présentes sur le marché, sans prendre en compte les produits de dégradation.

Une étude toxicologique repose sur la comparaison de la fréquence d’apparition de l’effet toxique recherché entre un groupe d’animaux soumis à une exposition, par rapport au groupe dit « témoin », c’est à dire vierge de cette exposition.

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Or industriels et agences sanitaires partageaient le constat qu’une proportion élevée d’animaux de laboratoire présentait une prédisposition au développement de diverses pathologies. L’étude de l’équipe de Caen propose une piste d’explication à ce phénomène en mettant en évidence l’exposition chronique du groupe témoin à divers polluants via l’alimentation. Après avoir étudié sur 13 échantillons communs de croquettes pour rats les traces de 262 pesticides, 4 métaux lourds, 17 dioxines et furanes, 18 PCB et 22 OGM, le professeur Séralini révèle que « Tous les lots de croquettes contiennent des taux non négligeables de plusieurs de ces produits, à des niveaux susceptibles de causer des pathologies graves et de perturber le système hormonal ou nerveux des animaux. » À titre d’exemple, il indique qu’avec les PCB et les dioxines présents également dans les régimes, “les rats ont 40 % de risque supplémentaire de développer des maladies chroniques avec ces nourritures qu’avec des nourritures saines”.

Ce phénomène va dans le sens d’une minimisation du risque : puisque tous les animaux sont exposés par la nourriture, l’écart entre les différents groupes est en partie masqué. Pour tenter de remédier à la perte de puissance que cela représente (c’est à dire au risque de ne pas avoir un écart statistiquement significatif alors que la substance étudiée provoque réellement un effet sanitaire), les études toxicologiques étudient, et donc sacrifient, un nombre d’animaux étudiés plus important. Plus grave encore en terme de défaut méthodologique, dans certaines études, la nourriture contenait le polluant même qui était étudié, et ce, à l’insu des chercheurs qui estimaient leur groupe témoin exempt du produit. C’est le cas d’une étude du Laboratoire DuPont sur un colza transgénique tolérant au Roundup au sein de laquelle les croquettes des animaux témoins contenaient de manière importante des résidus de Roundup. L’étude a conclu à l’innocuité du colza en question.

La découverte n’a apparemment pas été du goût de tout le monde puisque le travail, accepté par l’éditeur scientifique de la revue internationale PlosOne, n’a pu paraître sur internet comme prévu le 18 juin mais à été retardé jusqu’au 2 juillet. « Une fois de plus, y a-t-il eu pression de la part de groupes ou d’entreprises qui ne voient pas d’un bon œil la publication d’une telle information ? », s’interroge ouvertement Corine Lepage, présidente d’honneur du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le

Plus d’informations sur : Laboratory Rodent Diets Contain Toxic Levels of Environmental Contaminants: Implications for Regulatory Tests

Révision des objectifs de qualité des eaux de surface

Les objectifs de réduction des rejets de substances dangereuses dans les eaux de surface ont été réactualisés. Ils seront incorporés aux futurs SDAGE (schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux) de décembre 2015, qui, rappelons-le, planifient la gestion de l’eau pour atteindre le « bon état » visé par la Directive cadre européenne. 12 nouvelles substances ont été ajoutées à la liste des molécules réglementées au niveau européen.

Les objectifs déclinés dans les Sdages le seront en fonction de l’état des lieux de 2013 en prenant en compte la faisabilité de réductions des émissions. « Ils constitueront une déclinaison des objectifs nationaux en pourcentage si les connaissances sur les sources de données sont complètes et fiables, en flux si l’on ne connaît que des apports ponctuels. Des objectifs de réduction plus ambitieux (…) peuvent être fixés localement, substance par substance.« 

Parmi les substances visées, certaines doivent être supprimées « à terme », soit en 2033, comme : les dioxines (perturbateur endocrinien avéré et cancérogène suspecté), le phtalate DEHP (perturbateur endocrinien), le cadmium et ses composés (métaux lourds néphrotoxiques), le trichloroéthylène et le tétrachloroéthylène (solvant classés cancérigènes possibles par le centre internationale de recherche sur le cancer), les hydrocarbures aromatiques polycycliques dit HAP (molécules issues de combustion incomplète, dont la grande majorité est reconnue mutagène).

D’autres composés font l’objet de mesure de réduction. C’est le cas de pesticides comme le diuron (herbicide), le glyphosate (fameux principe actif du round up) et son produit de dégradation l’AMPA, la cyperméthrine (insecticide de la famille des pyréthrinoïdes) mais aussi de deux hydrocarbures aromatiques (toluène et xylène) qui doivent répondre à un objectif de -10%. Le benzène, et trois métaux lourds (nickel, plomb et arsenic) devront répondre à un objectif de réduction de -30%.

Plus d’informations sur : Note technique du 11 juin 2015 relative aux objectifs nationaux de réduction des émissions, rejets et pertes de substances dangereuses dans les eaux de surface et à leur déclinaison dans les SDAGE 2016-2021