Tous les articles par Jacqueline Collard

La communauté européenne interdit l’amalgame dentaire à compter du 1er janvier 2025

De nombreuses ONG travaillaient depuis de longues années pour espérer cette interdiction compte tenu des risques potentiels auxquels sont exposés les porteurs de ces amalgames. Rappelons qu’un amalgame dentaire est un alliage de mercure (50%) et d’autres métaux (argent, étain, …) autant de “métaux lourds” qui s’accumulent dans l’organisme avec de graves effets sur la santé des personnes (neurotoxique, reprotoxique) et également dans l’environnement avec une contamination de toute la chaîne alimentaire.

C’est le 24 février que  les négociateurs du Conseil et du Parlement européen sont parvenus aujourd’hui à un accord politique provisoire sur une proposition visant à abandonner l’usage des amalgames dentaires.

Depuis 2018, l’amalgame dentaire n’était plus autorisé chez les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes ou allaitantes. Désormais, l’élimination progressive devrait être étendue à l’ensemble de la population de l’UE. L’état actuel de l’environnement est alarmant : 40 % des eaux de surface de l’UE sont contaminées par du mercure, ce qui présente un risque pour les oiseaux et les mammifères marins qui se nourrissent de poissons ou de crustacés contaminés (AEE 2018) et met en danger la consommation humaine de poisson.
De plus, de petites quantités de mercure s’évaporent constamment des obturations, ce qui
présente un risque direct pour la population vulnérable. En particulier, du mercure est libéré lors de la mise en place et du retrait, ce qui expose non seulement les patients, mais
également les dentistes et les assistants dentaires.

Florian Schulze, directeur général du Réseau européen pour la médecine environnementale et principal expert en matière d’amalgame dentaire dans le processus des parties prenantes de l’UE, explique : « Près de la moitié des États membres de l’UE ont déjà progressivement éliminé leur utilisation ou l’ont réduite à moins de 1 %. Il a été prouvé que les alternatives sont efficaces, disponibles et abordables, de sorte que les déchets dangereux ne soient pas inutilement mis dans la bouche des gens”.

Dans un communiqué de presse, le réseau EnvMed (Environmental Network for Environmental Medicine) rappelle que les amalgames dentaires sont composés à 50 % de mercure hautement toxique et souligne qu’il s’agit de la plus importante utilisation de mercure dans l’UE, environ 1 000 tonnes de mercure ayant déjà été retrouvées dans les bouches de la population européenne.

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2024/02/08/mercury-council-and-parliament-strike-a-deal-to-completely-phase-out-mercury-in-the-eu/

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=COM:2023:395:FIN

Plus d’informations sur le site : non-au-mercure-dentaire.org

Nous ne sommes pas prêts !

La Cour des comptes vient de livrer un rapport sur l’état des finances publiques. En 2024, elle a décidé de se pencher sur l’action climatique de l’État.Et là elle s’avère très claire : Nous ne sommes pas prêts pour le chaos climatique.

Car il y a urgence, estime-t-elle : « 2022 et 2023 ont été les années les plus chaudes depuis 1850, peut-on lire en préambule de l’exposé. Ces chiffres confirment, s’il en était besoin, l’intérêt qui s’attache à l’examen des mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique .»

 L’analyse est d’autant plus intéressante que les conseillers de la Cour des comptes et des différentes chambres régionales ont scruté les mesures d’adaptation prises par l’État, les collectivités, mais également par la SNCF, EDF ou RTE.

En cause, selon la Cour des comptes : un manque d’informations et de volonté politique. « Les données disponibles sont souvent lacunaires », observe la juridiction, citant l’exemple de l’érosion du littoral : « La connaissance des activités, constructions, équipements publics et privés menacés par le recul du trait de côte et leur estimation économique demeurent parcellaires »

« Compte tenu de l’urgence de l’adaptation, la puissance publique doit l’accepter et agir », soulignent-ils. Pourtant, force est de constater que « dans certains domaines, l’État ne joue pas correctement son rôle de stratège, qui consiste notamment à fixer des objectifs et à définir une trajectoire pour les atteindre » « il faut un pilote qui arbitre et coordonne », rappelle la juridiction.

Côté financement enfin, la Cour des comptes n’avance pas d’enveloppe, reprenant les chiffres du rapport Pisani-Ferry qui évoquait « des dépenses d’adaptation évaluées à 3 milliards d’euros par an, dont 1 milliard devraient être financées sur les budgets publics »

Le ministre Christophe Béchu a décrété  pourtant 2024 « année de l’adaptation » 

En compléments :

https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-rapport-public-annuel-2024

Le climat en questions, site pédagogique du CNRS sur le climat.

 Rapport du Giec Climate change 2022 : Impacts, Adaptation and Vulnerability, Résumé pour les décideurs (en anglais)

 Data Lab 2022, chiffres clés du climat, ministère de la Transition écologique, pp.32-33.

La crise agricole a permis de changer d’indicateurs de toxicité pour les pesticides

En pleine crise  le 21 février, le 1er ministre  a annoncé la fin de l’indicateur d’usage des pesticides français, le NODU (nombre de doses unités) en  précisant qu’il serait remplacé par un nouvel indice, l’indicateur de risque harmonisé (HRI-1), conformément aux revendications du principal syndicat agricole. Ce changement d’indicateur remet en cause le plan Ecophyto – le plan national de réduction des usages de pesticides, (censé réduire l’usage des produits phytosanitaires de 50 % à l’horizon 2030 par rapport à la période 2015-2017) dont le NODU mesurait  l’évolution depuis 2008, sans inflexion majeure de leur utilisation depuis cette date.

 De nombreux scientifiques et d’organisations de préservation de l’environnement s’élèvent contre cette mesure avec comme paroles ironiques « ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait baisser la fièvre ». et déplorent une révision présentée dans l’urgence et sans étude d’impact.

Le Nodu qui s’appuie  sur les doses de référence, propres à chaque substance active,  a l’avantage de tenir compte de l’efficacité des molécules qui, à tonnage identique, peuvent avoir un impact très différent sur la santé et l’environnement.

L’indicateur de risque harmonisé (HRI-1),  pondère les quantités de pesticides utilisées par un coefficient censé refléter leur dangerosité.

Le remplacement du NODU par le HRI-1,  ne tient pas compte de l’impact des molécules et risque de conduire à des baisses artificielles.

Cette crise agricole souligne les difficultés rencontrées par cette population qui sous couvert de la PAC est soumis à des obligations en contradiction avec les besoins de qualité alimentaire , tout comme des nécessités d’adaptation face au changement climatique.

Les élevages intensifs ne sont-ils pas la porte d’entrée des zoonoses ?

Les grands élevages d’animaux identiques sont  un réservoir idéal pour le développement de virus pathogènes transmissibles aux humains. Ces épidémies posent problème pour la santé humaine et dans l’approche One Health l’élevage industriel est malheureusement peu abordé.L’élevage industriel est devenu une source majeure des pandémies, partout dans le Monde.

On observe des épidémies de façon incessante dans les élevages. Standardisation et promiscuité des bêtes ont transformé les fermes en véritables nids infectieux. Les flambées de maladies se propagent et ne sont pas sans risque pour notre santé. Rappelons qu’en terme de biomasse, les virus pèsent plus lourds que tous les humains réunis.” Autrement dit, la biodiversité joue aujourd’hui les zones tampon entre les humains et ces pathogènes.

N’est il pas urgent alors que toutes les agences sanitaires proposent des réductions d’alimentation carnée, de revoir à la baisse ses élevages industriels qui ont de multiples conséquences tant sur notre santé que sur l’environnement, la qualité de l’air , le climat et l’utilisation des sols.

Si l’on prend l’exemple du poulet « standart »  dit de chair, composant plus de  3/4 de la production française  en poulets( 818 millions de volailles abattues en France en 2022, dont 89 % de poulets de chair.)  il est à savoir qu’ils sont élevés à 22 poulets au m2, soit un poulet sur une feuille A4″, ces volatils sous éclairage artificiel, ne voient jamais le jour et sont abattus au bout de 35 à 38 jours soit à moins de 6 semaines alors que leur poids avoisine les 2Kg. Cette promiscuité on l’imagine aisément favorise les épizooties et nécessite  une surveillance vétérinaire permanente.Il est urgent d’en prendre conscience.

Or le gouvernement s’apprête à déposer un nouveau décret portant sur les installations destinées à l’élevage intensif de volailles ou de porcs *. Ce décret envisage de modifier les seuils d’évaluation environnementale (étude d’impact) pour les élevages intensifs, ce qui réduirait le nombre d’élevages soumis à une évaluation environnementale systématique. Les seuils passeraient de 40 000 à 85 000 volailles, de 2 000 à 3 000 porcs en engraissement, et de 750 à 900 truies. Cette initiative, sous prétexte de simplification, pourrait favoriser le développement d’élevages de plus grande taille, compromettant ainsi à la fois l’environnement et le bien-être des animaux. Une évaluation approfondie en amont est en effet essentielle pour évaluer sérieusement les risques pour l’environnement et la santé, plutôt que de les minimiser .

Comme le dit Héléne Souberet Directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, “S’il n’y plus de biodiversité entre eux et nous, je ne donne pas cher de notre peau.Nous n’avons pas encore cette conscience éthique que nous faisons partie de la biodiversité, et que nous n’avons pas plus de droits que les non-humains à habiter sur cette planète. Même si nous avons plus de moyens de détruire les espèces qui se mettent en travers de notre chemin, ce n’est pas une raison pour le faire. Il est temps de devenir adultes.”

*Les installations destinées à l’élevage intensif de volailles ou de porcs – faisant l’objet d’une autorisation environnementale au titre de l’article article L.181-1 du code de l’environnement – étaient jusqu’à présent toutes soumises à évaluation environnementale systématique – au titre du (a) de la rubrique 1 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Le texte a pour objectif de soumettre à évaluation environnementale systématique les seuls projets relevant de l’annexe 1 de la directive 2011/92/UE.

Copernicus nous livre ses dernières informations

Chaque mois depuis ces dernières années il nous est annoncé avoir vécu le mois de plus chaud et ce même en plein hiver. En effet grâce aux données fournies par les satellites d’observation comme Copernicus à propos des températures de l’air et de l’eau, chaque mois, de nouveaux records sont battus. Février 2024 a été le mois de février le plus chaud jamais enregistré sur la planète et la température de la surface des océans fait grimper le mercure. Le climat réagit aux concentrations actuelles de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau sans précédent. La situation est aggravée par le phénomène météorologique El Nino, synonyme de températures plus chaudes, qui, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a atteint son pic en décembre mais doit encore se traduire par des températures au-dessus de la normale jusqu’en mai sur la terre ferme.

La température moyenne de l’air enregistrée en février était de 13,54 degrés, soit 0,81 degré au-dessus de la moyenne 1991-2000 et 0,12 degré au-dessus de la température du précédent mois de février le plus chaud, en 2016. Il est difficile de se représenter ces records qui s’enchaînent les uns après les autres.

Selon Copernicus, la température moyenne mondiale des douze derniers mois (mars 2023-février 2024) est la plus élevée jamais enregistrée, dépassant de 0,68°C la moyenne 1991-2020 et de 1,56°C la moyenne préindustrielle 1850-1900. C’est la sixième année consécutive que les températures sur les trois mois d’hiver sont plus chaudes que les moyennes des trois dernières décennies. En France, le climat est considéré comme étant déjà au moins 1,7°C plus chaud qu’avant l’impact des émissions massives de gaz à effet de serre par l’humanité.

En février 2024, la température moyenne de la surface de la mer était de 21,06 degrés, soit la plus élevée pour n’importe quel mois dans l’ensemble de données. Le record précédent datait du mois d’août 2023, avec 20,98 degrés enregistrés.Ce réchauffement menace directement la vie marine et peut réduire les capacités d’absorption de nos émissions de gaz à effet de serre dans les mers, puits de carbone qui absorbent 90 % de l’excès d’énergie de l’activité humaine.

Des réductions rapides des émissions de gaz à effet de serre sont le seul moyen d’arrêter l’augmentation des températures mondiales.

https://www.copernicus.eu/fr/acces-aux-donnees